En sortant de chez moi, j'ai entendu ma mère me héler. Je n'ai pas répondu et je me suis dirigé tout droit chez Christian. Je l'ai trouvé en train de faire ses exercices physiques avec son grand frère. Je crois que j'ai ressenti une pointe de jalousie. Moi, mon frère, c'est à peine s'il connait mon nom, il me méprise tel un chien. Christian, quand à lui, son grand frère lui porte un profond respect.
Christian m'a invité à jouer avec lui à la PlayStation. J'ai refusé mais devant son insistance, j'ai accepté a contrecœur. Je ne connais rien aux jeux vidéo. Christian s'est amusé à me mettre une raclée dans son jeu de FIFA, Il a bien ri, surtout lorsque j'ai marqué contre mon propre camp.
Vers les quatre heures de l'après-midi, Althéa est passé rendre visite à Christian. Lorsqu'elle m'a salué, j'ai éprouvé un peu de contentement. Pour la première fois de la journée, je me suis senti bien. Elle semblait pressée mais Christian l'a quand même convaincu de rester pour quelques secondes.
En s'asseyant, j'ai remarqué combien elle était maitre de chacun de ses mouvements. Elle a attrapé la couverture du jeu de FIFA de Christian, l'a regardé puis a fait une moue avec son visage. J'ai rapidement tourné les yeux quand son regard s'est posé vers moi.
Elle m'a longuement regardé, puis m'a demandé comment je me portais. Je ne suis même pas certain qu'Althéa connaisse mon nom... Je lui ai dit que je me portais bien en bégayant presque. Puis, elle a hoché de la tête et le silence est revenu.
Ensuite, Christian est venu vers nous. Il était parti se laver le visage. Je me suis senti mal à l'aise en songeant qu'elle était venu pour le voir lui et non pas moi. Il l'a invité à se lever puis ils sont se sont dirigés vers la galerie. Là, je n'ai pas pu entendre ce qu'ils disaient.
Christian, une quinzaine de minutes plus tard est revenu vers moi. Il paraissait contrarié. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas, il ne m'a rien répondu. Au bout d'un instant, il m'a demandé ou j'en étais avec la poésie que je devais lui faire. Je lui ai dit que je n'avais encore rien écrit, alors il est devenu furieux.
« Quoi? C'est quoi cette blague? »
J'ai sursauté sans le vouloir. Le visage de Christian avait pris une autre allure. Il semblait dangereux. Il a commencé à m'injurier, je n'ai rien dit, je l'ai écouté déblatérer ses offenses envers ma personne sans trop grande réaction, puis il a commencé à me menacer. Il irait raconter à mes parents certaines merdes dans lesquelles il m'avait retiré si je ne lui apportais pas cette poésie demain, très tôt dans la matinée.
Je rentrai chez moi, désorienté et dérouté, j'avais eu l'impression d'entendre parler quelqu'un d'autre cet après-midi. Je me dirigeais vers la chambre de mon père, je pris d'assaut sa bouteille de whisky, une qu'il gardait toujours près de son bureau et dont ma mère ignorait totalement l'existence. Je la scrute bizarrement puis l'ouvris. Je vidais une rasade dans un verre et je la portais à mes lèvres. J'avais bien besoin d'un remontant!***
Jeudi, 7h Pm.
Il m'arrive de me détester. C'est vrai, j'ai 17 ans et je n'ai toujours pas eu de copine. La fille que j'aime, la tendre Althéa se fait manipuler par mon idiot d'ami. Mon père me déteste et adore me rendre mal à l'aise et après ce que m'a dit ma mère aujourd'hui, je suis pratiquement certain qu'elle aussi partage ce même sentiment.
Mais ce soir, après le tout premier verre de whisky de toute ma triste vie, j'ai eu une vision, un ange est venu me souffler ses prodiges conseils. J'ai décidé que les choses dorénavant se feraient autrement. Je n'aiderai plus cet idiot qu'est mon ami Christian à berner Althéa, il ne m'aura plus. Mais, pour ce qui est de mes parents, je ne vais pas pouvoir les contrer, faudrait d'abord que j'arrête d'être le con que je suis...
Je ne vais rien écrire pour Christian. Il s'est comporté comme un idiot et moi je ne compte pas l'aider dans ses mauvaises actions. Je n'ai pas envie d'écrire quoi que ce soit pour satisfaire ses vilains caprices. Mais d'un autre côté, il m'a fait peur aujourd'hui et, étant un homme d'honneur, je me dois d'honorer notre contrat.
J'attrape au passage ma compilation des plus jolis recueils de poésie et je commence à recopier les premiers vers de la poésie « A de beaux yeux » de Théophile Gautier."Tu as un regard singulier et charmant,
Comme la lune au fond du lac qui la reflète
Ta prunelle, ou brille une humide paillette,
Au coin de tes doux yeux roule languissamment."Pendant que je termine de recopier la toute première strophe, une idée me caresse l'esprit. Je tourne les pages de mon recueil de poésie et cette fois je m'arrête sur Pablo Neruda et sa « chanson désespérée ». Je retranscris la première et la troisième strophe.
"Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches
L'attitude du don te rend pareil au monde
Mon corps de laboureur sauvage, de son soc
A fait jaillir le fils du profond de la terre.Mais passe l'heure de la vengeance, et je t'aime.
Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme
Ah! Le vase des seins! Ah! Les yeux de l'absence!
Ah! Roses du pubis! Ah! Ta voix lente et triste!"Je souris sans le vouloir de mon acte, puis, me rendant vers la dernière page de mon recueil, je termine avec Victor Hugo, « Aimons toujours, aimons encore! »
"Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !"
Et je conclue mon très joli simagrée par un très tendre « Joyeux Anniversaire ma douce Althéa! » Satisfait de mes actes, je pars me coucher. Christian a voulu d'une poésie, je lui ai offert une compilation!
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Sanon!
RomanceIl m'arrive de me détester. C'est vrai, j'ai 17 ans et je n'ai toujours pas de copine! La fille que j'aime, la tendre Althéa se fait manipuler par mon idiot d'ami. Mon père me déteste et adore me rendre mal à l'aise et après ce que m'a dit ma mère...