Désappointement

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Jeudi, 9h Am.
J'ai vu un chien mourir ce matin. Je revenais de la boulangerie quand j'ai assisté à la triste scène. La pauvre bête traversait tranquillement la rue quand une camionnette l'a violemment heurté. Le chien s'est bien débattu avec la mort. Il a longuement aboyé tout en se tournoyant sur lui-même, puis il s'est effondré. Des deux côtés de la rue, les gens ont regardé le spectacle sans aucune réaction. Puis, au bout de quelques minutes, deux hommes sont venus avec un carton, ont placé la bête dedans puis l'ont mis sur le trottoir. Dégouté de la scène que je venais de vivre, je me suis déplacé promptement.
J'ai toujours aimé les chiens. L'an dernier, j'ai longuement songé à m'en procurer un. Mais je me suis rétracté au tout dernier moment, parce que ce dont je suis certain, si il y a un chien a la maison, mes parents l'aimeraient beaucoup plus que moi.
En rentrant à la maison, j'ai eu comme une forte migraine. Je me suis rapidement senti asthénique. Depuis la scène du chien luttant avec la mort, j'ai éprouvé un fort sentiment de désappointement. J'ai regagné ma chambre, je me suis allongé et j'ai dormi toute la matinée.
***
Jeudi, 2h Pm.
Ma mère est venue me réveiller et m'a grondé. Bizarrement, ses mots m'ont fait beaucoup de mal aujourd'hui. Elle m'a qualifié de fainéant et d'irresponsable. Je n'ai rien dit, je ne voulais pas lui donner la chance de poursuivre ses sermons. A un certain moment du long processus qu'a été la séance des réprimandes de ma mère, je crois que j'ai eu envie de pleurer. Puis, elle est retournée à ses besognes et moi je me suis plongé dans la lecture d'un livre de Tom Sharpe.
Mon grand frère est passé à la maison et a amené avec lui ma petite nièce, Laura. J'ai souvent l'impression qu'elle est la seule à m'aimer dans cette famille. Je ne vais jamais chez mon frère, sauf quand ma mère m'envoie, et cela arrive très rarement.
Mon grand frère m'a longuement dévisagé, puis m'a tendu avec tout son lot de dédain une clé tout en m'ordonnant d'aller prendre des emplettes dans sa voiture, une vieille Nissan bonne à jeter.
Je suis resté tout seul dans ma chambre. Quelque chose me dérangeait profondément. J'ignore ce que c'est mais j'ai comme l'impression que ça va longtemps durer. Au bout d'un instant, Laura est venu frapper à ma porte. Je lui ai ouvert et rapidement elle a commencé à me sauter dessus. Au bout d'un instant, elle s'est arrêtée. Assise dans la chambre avec un livre de bande dessinée en main, Laura m'a regardé, puis m'a demandé :
« Mon Oncle, pourquoi t'es aussi laid? »
J'ai souri malgré moi, puis je lui ai répondu que je n'étais pas autant laid qu'elle le disait.
« Si, mon papa le dit souvent! »
Dépité, je ne dis rien. Je passe une main dans les cheveux de la petite fille et, me levant, je sors de la pièce. Je n'ai qu'une idée en tête : sortir de cette maison.

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