Soir 5

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Mardi 8 mars

Je suis, comment dire.. amoché ? Le client d'hier n'y est pas allez de mains mortes. J'ai une énorme entaille sur ma joue, j'ai désinfecté du mieux que j'ai pu mais que voulez-vous, une cicatrice est une cicatrice, on ne peut rien y faire. Je prend ma place habituelle dans le bar. Je vois que le boucler a déjà préparer ma consommation mais je l'interpelle.

«Excusez moi, serait-il possible d'avoir cinq autres vodkas s'il vous plaît ? Je lui demande en levant la tête.

- Tout de suite, monsieur. Dit-il en retournant pour préparer mon autre commande.»

Je l'ai vu s'attarder sur la coupure que j'ai à la joue. Merde il ne pouvait pas regarder autre chose ? Le barman pose cinq autres petits verres devant moi et les remplit du liquide transparent pendant que je les regarde attendant impatient de sentir ce liquide dans mon œsophage. Une fois que le bouclé est terminé, je saisis directement les shots en les avalant tous à la suite. J'avale ensuite ma bière cul sec, dispose le prix à payer et pars directement sans un regard derrière moi. Je rentre rapidement chez moi et m'enferme dans ma petite chambre chaleureuse. Je pars dans la salle de bain qui y est relié et je me déshabille. Je me regarde dans le grand miroir accroché à la porte.

"Tu n'es qu'un monstre."

"Tu ne mérite pas de vivre."

"Sal merde."

"Ordure."

"Tu ne mérite pas de porter mon nom de famille."

"Nous ne sommes plus tes parents, sort de chez nous."

"Fils indigne."

"Tu es à présent un inconnu a nos yeux."

Encore ces paroles qui se répètent.

«Tu es laid. Tu es maigre, regardes moi ça ! Que de la peau et des os. Tu n'as aucune défense. Tu es faible. Tu ne vaux rien. Personne ne t'as jamais aimé. Me répète ma conscience, a chaque fois que je me vois dans un reflet.»

Je me surprend moi-même en sentant un goût salé dans ma bouche. Et voilà que je chiale comme une adolescente de douze piges qui se mutile pour celui qu'elle aime. Je suis pathétique. Plus je me regarde et plus je vois l'état désastreux de mon corps. Des bleus, des cicatrices récentes ou vieilles, des brûlures et cette sensation encore présente d'avoir en permanence quelqu'un qui me touche. Je déteste ça, mais c'est aussi mon métier.

-T

Soirée [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant