L'Héritage De L'Ombre: Chapitre Quatre.

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« -Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscure Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie ! » -Charles Baudelaire



« Pour tout ennemi de Senka, sa lame était synonyme de mort. Il n'était pas un homme qui ne le craignait et lorsque ses couleurs apparaissaient sur le champs de bataille, ses ennemis rampaient sur le sol boueux, tentant désespérément de se soustraire à sa colère.Il n'y avait jamais le moindre survivant. Plus le temps passait, plus les combats se succédaient et les corps s'amoncelaient tandis que le kheatakar se rapprochait du roi fou.

Tandis que sonnaient les quarante-cinq ans de la guerre, le roi ordonna une trêve. Les combats cessèrent sur le champs et la population ombrésienne put enfin recommencer à vivre. Les terres avaient été ravagées et les pays se relevaient doucement, portant encore en eux la mort et la tragédie laissés en héritage par la guerre.

Le monde semblait entrer dans une aire nouvelle. La folie du roi avait laissé place à la grandeur et la miséricorde tandis que l'ordre des kheatakar s'assurait que la paix du roi était respectée dans tous les pays. Côme Kabet réapprenait à vivre non plus comme un guerrier à la fureur divine, mais comme un homme parmi les hommes. La nouvelle alliance qui avait naquis entre Sa'Pavitra, la cité sacrée du roi et Senka devait être scellée et c'est ainsi qu'en guise de bonne volonté, chacun des deux pays sacrifia un de ses enfants. Darius offrit son fils et Senka offrit sa fille. L'union sacrée de ces enfant symbolisait la coalisions des deux plus grandes puissances ombrésiennes, l'espoir d'une paix durable et d'un futur heureux. C'est comme ça que Dracon Quint, fils du roi et Roweena Kabet, sœur du plus grand kheatakar de tous les temps, s'unirent, scellant la fin du sanglant conflit qui avait secoué l'Ombrésie. »

Le vent sifflait entre les feuilles et les branches cognaient contre la fenêtre dans un bruit sourd et sinistre. Kit était adossé contre le mur à côté de la fenêtre, les jambes étendues sur sa couche dans une position grotesque, les bras ballants et l'air dramatique. On pouvait entendre le souffle lent et régulier d'Aela résonner entre les murs en papier de riz. Kit se tourna vers elle. La petite fille était paisiblement endormie, enroulée dans la fine couverture qui lui servait de lit. Elle n'avais jamais été fâchée. Ni à cause de sa fuite, ni à cause de l'enlèvement de Kaeth. Elle s'était contentée de regarder Kit sans dire un mot. Elle l'avait fixé et au fond, il savait que c'était ça qui lui faisait le plus mal : ne pas savoir si elle le tenait pour responsable de ce qui leur arrivait ou non. Ne pas savoir si elle était fâchée contre lui à cause de ce qu'il avait déclenché. L'enfant soupira et reporta son attention sur les branches qui faisaient trembler la vitre, il frissonna.

D'aussi loin qu'il se souvienne, aucun événement salvateur n'était jamais arrivé dans sa vie. Il n'y avait jamais eut le moindre moment de paix et de sérénité. Il aurait aimé se complaire dans un bonheur imparfait, dans une des maisons au-delà du kreik, entouré d'amis, d'une famille. Kit n'avait pas de famille, deux amis dont l'un était sans doute déjà mort et il n'aurait sans doute jamais accès au bonheur alors ce soir là il se demanda : Pourquoi ? Pourquoi devrait-il continuer à se battre si sa vie était vouée à être détruite dans le sang, les larmes et la souffrance ? A quoi bon cela pouvait-il bien servir de s'accrocher si désespérément à une vie qui ne voulait pas de lui?

« A rien... Ça ne sert à rien... Murmura-t-il. Ça ne servira jamais à rien. »

Il soupira doucement, le regard perdu dans l'obscurité de la nuit, rompue ça et là par les rayons luminescents de la lune.

Se frottant doucement les paupières, il savoura cet instant de pure tranquillité, se délectant de la douce chaleur des rayons solaires qui caressaient sa peau. Il bâilla, secouant la petite masse informe emmitouflée dans la couverture déchirée, juste à sa gauche. Une tête blonde en émergea et un sourire doux se peint sur le visage de l'enfant. Il ouvrit la bouche, sur le point de parler mais fut interrompu par le craquement sourd du bois de la porte. Une silhouette de géant se découpa dans l'embrasure, s'avançant doucement vers le fond de la pièce. Tous les enfants étaient figés, n'osant plus ne serais-ce que respirer face à l'imposante et effrayante carrure du Maître. Celui-ci s'avança vers l'enfant, faisant grincer les planches de bois sous son poids. Il lança un regard malicieux à Kit et tendis doucement la main vers la tête blonde, encore trop groggy pour comprendre ce qui lui arrivait. La chose la souleva brusquement par le bras, lui arrachant un cris. Un rire guttural résonna dans la pièce tandis que l'enfant le regardait partir, traînant son trophée derrière lui. Kit se leva, glissant sur les couvertures et tombant lamentablement sur le sol. Il se remit debout et courut vers la porte, interpellant la chose. Elle se retourna, abattit sa grosse main calleuse sur la tête blanche de l'enfant et repartit.

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⏰ Last updated: Mar 06, 2016 ⏰

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