Chapitre 1: Allison

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      Et si le monde autour de vous n'existait pas ? Si vous n'existiez pas réellement ? Si le monde dans lequel vous viviez n'était qu'une simple simulation ?


   Tu te réveilles et ce monde que tu connais n'est pas le même. Comment te sentirais tu ? Bouleversé ? Paniqué ? Perdu ? Troublé ? Bouche-bée ? Stoïque ? Sur les nerfs ?


   Je me réveille dans une salle aux quatre murs blancs. Je suis assise sur un lit tout aussi blanc que les murs. Un homme se tient à côté de moi. Sa blouse blanche me laisse penser qu'il est médecin. Est-il vraiment un médecin ? Ou serait-il plutôt un scientifique et moi son rat de laboratoire ? Il m'ausculte et repart sans dire un mot. Je reste donc là, essayant de comprendre ce qu'il vient de m'arriver.

   Je vivais dans une petite ville des États-Unis. Mon petit frère avait 5 ans et j'en avais 17. Mes parents étaient séparés. Nous passions nos week-end chez notre père et le reste de la semaine chez notre mère. J'avais une vie normale, un vie d'adolescente. Mon lycée était juste à côté de l'école de mon frère et je l'emmenais tous les jours. Sa bonne humeur me donnait le sourire chaque matin et chaque soir. Je rejoignait ensuite Jess, ma meilleure amie. Nous nous dirigions vers les casiers. Mon petit ami Maximilien m'attendait devant le mien. Bref une vie comme les autres.

   Qu'était-elle devenu cette ancienne vie ? Après ce moment d'interrogation, je me dirige vers la porte et pose ma main sur la poignée. Fermée. J'observe une dernière fois la pièce mais aucun détail ne m'indique une autre sortie. La porte s'ouvrit brusquement derrière moi et me frappe dans le dos. L'homme de tout à l'heure s'excuse brièvement et me ramène vers le lit. Je remarque une plaquette indiquant mon nom, mon prénom et mon âge. Allison Grander. 16 ans. Je fut surprise en voyant 16 ans. J'étais pourtant sûr d'avoir soufflé ma 17ème bougie. Je suis complètement perdue.

- Allisson ? Comment vous sentez-vous ? me réveilla le docteur.

   Je tente de parler mais aucun mot ne sort de ma bouche. J'étais sous le choc. La porte s'ouvrit à nouveau et je vis le visage de Maximilien apparaître dans l'entrebâillement de la porte. Je lui cours dans les bras. Il me repoussa d'un geste tendre.

- Maximilien ? Que se passe t-il ici ? Où suis-je ? Que me veulent ils ?

- Je ne connais pas ce Maximilien et je ne sais pas qui vous êtes. On m'a juste demandé de venir ici pour récupérer un AS.

- Mais c'est moi Allison.

     Des larmes coulent de mes yeux. Comment ne pouvait-il pas se souvenir de moi?

   L'homme en blouse blanche me ramène encore une fois vers le lit et fait signe à Maximilien de s'approcher.

- Écoute Allison. Ce jeune homme n'est pas celui que tu crois. Tu pense le connaître mais ce n'est qu'une illusion. Ta vie passée est une illusion. Tu comprends?

   Non à vrai dire je ne comprenais rien mais ne pouvant prononcer un mot, je resta muette à écouter ce fou.

- Ce jeune homme s'appelle Sol. Tu va habiter chez lui maintenant. Il sera ton maître et tu devras lui obéir. Tu comprends? Tu va devoir t'habituer à cette nouvelle vie. Je sais que cela peut paraître étrange et vide de sens mais tout ce que tu as connu a disparu et n'est plus qu'un lointain souvenir. Alors oublie ce que tu connais de ce garçon et agit avec respect avec lui.

  Pourquoi oublierai-je l'être le plus cher à mes yeux ? Celui qui m'a embrassée tant de fois, celui qui m'a enlacée, celui qui m'a réconfortée, fait rire, fait pleurer, fait sourire, celui que j'aime et celui qui m'aime ?

   Je reste là sans bouger. Un lointain souvenir? Que pouvait bien signifier ces deux mots?

- Je vais te garder quelques jours en observation. Sol reviendra tout les jours pour apprendre à te connaître et quand tu seras prête il t'emmènera chez lui.

   Sur ces dernières paroles ils sortirent me laissant à nouveau seule. Je ne peux plus rester en place. La seule idée d'être enfermée dans cette pièce me révolte. Je tente une dernière fois d'ouvrir la porte et par miracle elle s'ouvre dans un grincement aigu. Je glisse ma tête dans la fente pour vérifier que la voie est libre et ne voyant personne je m'aventure dans le couloir blanc. Des portes avec des numéros recouvre le couloir. Je fais quelques pas. soudain une voix se fait entendre. C'est celle du scientifique. J'appuie sur la première poignée à ma gauche. La porte s'ouvre et je me réfugie dans la pièce.

   Tout comme la pièce dans laquelle je me trouvais, seul un lit est posé au centre de murs blancs. Un garçon m'observe. Il a de magnifique yeux bleus comme l'océan qui vous font chavirer dès le premier regard. Ses cheveux couleur poussière ne font qu'intensifier son regard. Je suis comme hypnotisée.

- T'es qui toi? me dit il sèchement. Encore une de ces déglingués du cerveau qui m'ont enfermé ici?

- Euh non. Je ne suis pas l'une d'entre eux. Je...Je suis comme toi.

- Non! Tu ne peux pas être comme moi. Ils m'ont tout pris, ma famille, mes amis, tout ce que j'ai vécu durant 16 ans n'existe plus, ils ont tout inventé pour leur petit plaisir.

- Je suis comme toi. A vrai dire,  je viens de me réveiller et je ne sais plus vraiment qui je suis. Je viens de croiser la personne qui était, je le croyait, mon petit ami, mais apparemment il ne me connaît pas. Et maintenant il vient me chercher pour m'amener chez lui et faire de moi son esclave.

   Il resta un instant sans rien dire comprenant qu'il n'était pas le seul dans cette situation.

- Ne reste pas ici  ! Tu vas m'apporter des problèmes. S'ils te trouve, ils vont nous le faire payer, à tous les deux.

   Je ne peux pas partir. Si je sors je vais tomber sur le médecin. Je change de sujet.

- Alors tu dit qu'ils ont effacé ton passé.

- Oui en quelque sorte. Mais tu viens à peine d'arriver, je ne peux pas t'en dire plus ou tu vas vraiment prendre peur.

- Je suis prête à connaître la vérité.

- Non crois moi tu n'es pas prête. Tu viens de pleurer rien qu'en voyant un visage familier, alors crois moi tu ne l'es pas.

   Il a visé dans le mille. J'ai encore la trace des larmes sur mes joues. Je m'approche de son lit et m'assoie sur le bord.

- Ça passera, reprend-t-il.

- Comment tu veux que ça passe ? Je viens de perdre tout ce qui m'était cher.

- Et bien tu n'est pas la seule dans ce cas là, nous sommes des centaines.

  Je hoche la tête n'étant pas tout à fait convaincue.

   Soudain un grincement me fit sursauter. Je sentis la main du garçon me tirer sous la couette.

Les AsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant