Chapitre3: Loïc

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  Un bruit de moteur se fait entendre. Je sursaute. Éden me prend la main pour me rassurer. Un frisson parcoure mon bras. On ne voit rien car il fait noir mais je sens ses jolis yeux bleus posés sur moi. La voiture accélère et je suis propulsée contre le coffre. Ma tête tourne et mon audition devient trouble. J'entends un bruit sourd. Une lumière m'aveugle. Éden me tire à l'extérieur m'obligeant à courir. Mes jambes sont flageolantes et je peine à suivre le jeune homme. Je ne sais combien de temps nous avons dû courir comme ça mais cela me parait interminable. Soudain Éden s'arrête net ce qui me propulse en avant. Je tombe la tête la première sur ce qui, à première vue semble être de l'herbe. Je me relève, difficilement. Le garçon me repousse me faisant signe de rester couchée. Il se couche à mes côtés et me chuchote à l'oreille :

- Reste cachée ici et ne bouge en aucun cas. Je reviens, attends moi.

  Je n'ai pas le temps de protester qu'il repart en courant. Mais comment ose-t-il me laisser seule dans ce monde inconnu ? Je ne peux rester ici deux secondes de plus ou je vais exploser. Cependant je ne sais pas où aller. Il m'a ordonné de ne pas bouger. Je ne réfléchi pas plus longtemps qu'il me tire déjà pour m'aider à me relever.

- La voie est libre, nous allons essayer de trouver un abri.

  Encore une fois il me tire comme une véritable poupée de chiffon m'emmenant dans une direction, puis une autre jusqu'à ce que ma colère remonte.

- Stop ! Je n'en peux plus ! Je n'ai plus de souffle, mes jambes tremblent, ma vue se trouble et ma tête tourne dans tous les sens. Faisons une pause ou je vais finir par m'évanouir.

  Son regard sombre me transperce.

- On a pas le temps Allisson ! Il se sont sûrement déjà aperçus de notre absence et auront envoyé les chiens de chasse à nos trousses. Moi aussi je suis fatigué mais prends sur toi et avance.

  Sans plus attendre il continue sa course me traînant derrière lui. Je sens mes jambes me lâcher. Je tins bon et quelques temps après nous nous cachons derrière un mur. Je m'effondre au sol tandis qu'Éden surveille les alentours. Ma vue est floue et ma tête me fait affreusement mal. La dernière chose dont j'ai conscience est le regard inquiet d'Éden. Puis plus rien.

Lorsque je me réveille, je me trouve sur un lit dans une petite pièce aux murs fleuris. Je tente de me relever mais ma tête tourne, m'obligeant à me recoucher. Il n'y a personne dans la pièce. Où est-il passé ou plutôt où m'a-t-il amené ? Je voulus m'aventurer dans cette maison mais je ne peux pas bouger. Mes jambes sont accrochées aux barreaux du lit. Je pousse un hurlement de douleur en sentant des liens à mes pieds se resserrer. La porte s'ouvre brutalement. Une voix familière que je reconnais me fait sursauter:

- Miss Grander nous ne voulons que votre bien alors n'essayez pas de nous fuir. lance Mr.Chark.

  Mon souffle se fait plus fort. Comment me suis-je retrouvée là ? Comment m'ont-ils retrouvée ? Et pourquoi ont-ils mis cet affreux papiers peint aux murs ? Éden est-il dans la pièce d'à côté ? Ils l'ont peut-être emmené dans une nouvelle famille. La panique m'envahit. Je sentis une piqûre au bras. Je perds connaissance.

- Ally! Ally! Réveille toi!

  Je me réveille en sursaut. Encore ce papier peint à fleurs. Toujours ce papier peint. Je panique.

- Ally, calme toi c'est moi, Éden. Ce n'était qu'un cauchemar. Calme toi.

  Il me serre dans ses bras. Je sens des perles d'eau couler sur ma joue. Je ne sais pas encore où je suis mais je savais d'ores et déjà que je suis en sécurité, loin de Mr.Chark. Je l'aime bien ce papier peint finalement. Il me rappelle ma chambre d'enfant à Muncy. J'y avais vécu toute mon enfance. Ou du moins c'est ce que je pensais. C'est la ville la plus calme que je connaisse. Tout le monde se connaissait. Le soleil était presque toujours au rendez-vous. Je m'y plaisais. bien. L'école était à deux pas de la maison, si bien qu'à partir de mes 7 ans - âge de la raison - j'allais à l'école toute seule. J'avais toujours été une enfant sage et mes parents m'accordaient une grande confiance. Souvent j'allais chez Cathy ma meilleure amie pour faire mes devoirs. Nous jouions ensemble dans son grand jardin et mes parents venaient me chercher à 19h. J'aimais cette vie calme et paisible. Comment avaient-ils pu m'enlever la seule chose que j'aimais ?

  Je me souviens qu'un jour alors que je jouais avec Cathy dans le jardin, nous avions entendu un bruit au fond du jardin. Nous nous étions rapprochées discrètement du buisson qui émettait ce drôle de son. Quand je vis cette petit boule de poil miauler, je craquais. Il était tellement mignon. Mon amie était allergique aux chats. Alors je ramenais Mousse chez moi. C'est ainsi que j'appelais le chat en référence à l'endroit où nous l'avions trouvé.

- Éden ? Tu crois que je reverrais mes parents un jour ?

- Tu reverras peut-être les personnes de ton rêve mais ce ne sont pas tes vrais parents. Ce que j'essaye de te dire c'est qu'ils ont tout inventé. Tous tes souvenirs ne sont pas réels. Mais je peux t'assurer que nous allons tout faire pour retrouver nos ancienne vie, celle que nous avons réellement vécu dans le "vrai" monde.

  Je le contemple sans vraiment comprendre ce qu'il vient de me révéler. Alors si je comprends bien, tout ce que je connais n'existe pas. J'aurais tout inventé. Cathy, Mousse, Maximilien, Gaël... Je ne peux pas le croire. Je ne veux pas le croire. Je me remets à pleurer. Éden me caresse le dos avec sa main et essaye tant bien que mal de me consoler. Après un bon quart d'heure je me calme enfin. Éden m'emmène dans le salon où un homme d'une trentaine d'années est assis.

- Enfin réveillée belle au bois dormant ?

- Euh... Oui. dis-je timidement. Vous êtes ?

- Loïc, je m'appelle Loïc.

- Enchantée, moi c'est Allisson.

  Loïc m'est très sympathique. Il m'explique qu'il travaillait depuis quelque mois dans le centre où je me trouvais encore ce matin. Il a rencontré Éden là-bas. Malheureusement il a été éjecté du projet car il sympathisait trop avec les As. Il avait révélé tout ce qu'il savait à Éden.

- Les As ?

- Oui. Les As sont des êtres parfaits. Ils ont vécu dans un monde imaginaire où ils étaient inoffensifs et sans défense. Dans un état second, ils ne connaissent pas la bêtise humaine et ainsi ne se rebellent pas. Tu en es une Allisson et Éden aussi.

  Je reste impassible devant la découverte qu'il vient de me faire. Bien sûr Éden m'avait déjà un peu expliqué mais ce n'est que maintenant que je réalise enfin dans quel monde je me trouve. Sous le choc je reste là à regarde l'un puis l'autre.


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