Muse

Cinq

   On lui avait toujours dit qu'il n'était qu'un bon à rien, qu'il n'y arriverait jamais, qu'il n'en était pas capable. Il avait écouté. Il y avait cru. Il avait abandonné. Il avait sombré.

   Et il s'était mis à chanter. Des reprises de chanson qu'il adorait pour commencer. Puis très vite, il s'était mis à écrire ses propres paroles, ses propres mélodies, ses propres pensées. Une forme de bonheur qu'il n'avait jamais connue avant avait commencé à pointer le bout de son nez dans sa vie. Il avait trouvé un piano peu coûteux, un endroit où se produire, des gens pour l'écouter. Les instants où il montait sur scène marquaient les moments de libération de sa vie. Les moments où il était vraiment lui, sans masque, sans peur, sans gêne. Les battements de son cœur s'harmonisaient au tempo du piano, comme s'il ne vivait que pour ces instants.

   Puis un jour, il l'avait vue. À partir de ce moment-là, il avait eu une nouvelle source d'inspiration. L'intérêt muet que lui inspirait cette inconnue insufflait en lui des émotions qui alimentaient ses chansons.

   Mais jamais elle ne se rendait compte de l'attention que lui portait ce garçon.