Don't worry, Be happy

Chapitre 1

Voler au-dessus de l'océan et même au-dessus des nuages. N'est-ce pas une des choses les plus magiques à faire ?

Nous parcourons depuis plusieurs heures l'Atlantique, les cinq-cents autres passagers et moi présents dans cet Airbus.

Je vous résume ma situation : je m'appelle Kiera, vingt-deux ans, parents divorcés auxquels que je ne parle plus, fille unique, dernier petit copain en date m'ayant trompé, cursus universitaire catastrophique et très peu d'amis. 

Vous vous dites sûrement que je ne suis qu'une pauvre fille faisant presque pitié. Quel est mon problème ? Je ne le sais pas mais croyez-moi, j'attire les situations conflictuelles.

J'en suis donc à un stade de ma vie où -déjà- je ne peux en supporter d'avantage. J'habitais à Paris depuis ma plus tendre enfance, mais depuis quelques mois j'y étouffais. Tout se passait mal.

Alors quand j'ai vu ce reportage sur les jeunes filles "au pair" vivant dans des familles à l'étranger, ayant l'air heureuses et comblées par ce mélange de travail et de vacances, je me suis dis que c'était ma chance. C'est vrai après tout, rien ne me retient à Paris. A part mon petit  loulou, Tobby, mon jeune chien de trois ans qui doit être entrain d'angoisser dans la soute. Parce que jamais je ne me séparerai de lui. Il a été mon seul soutien pendant ces durs moments. Il n'avait pas le choix de m'écouter me plaindre, me direz-vous. Mais quand même, j'ai l'impression d'apercevoir une once de compassion dans ses beaux yeux noirs parfois. D'accord, je suis un peu folle.

Il y a deux mois, j'avais contacté une famille américaine vivant en Californie, dans la ville la plus étincelante du monde : LOS ANGELES ! Et ils ont accepté ma candidature. Quelle chance ! Bon, j'ai dû un peu gonfler mon curriculum vitae, n'ayant que très peu d'expériences avec la garde d'enfant...mais par contre j'ai un très bon niveau d'anglais, ma mère étant irlandaise.

Je me suis engagée pour une année entière, me donnant tout le loisir de réfléchir à ma vie et mon avenir. Au moins, je pourrai vivre plus décemment que dans mon douze mètres carrés parisien, au cinquième étage sans ascenseur, payé grâce à mes petits boulots.

Dans cinq heures, j'allais enfin rencontrer ma nouvelle famille. Je savais déjà qu'ils avaient deux enfants : Emma, 9 ans et Mike, 6 ans. D'avance, je suis attendrie par leur petite bouille d'ange. Et leurs parents, Mary et John ont l'air tout autant adorables, ayant l'habitude d'accueillir des au pair. En plus de garder leurs enfants, ces derniers comptaient sur moi pour enseigner à leurs progénitures quelques bases de français. Avec plaisir ! A Los Angeles !

- Hey Kiera !

Je repére tout de suite cette voix cristalline, répondant au nom de Mary que j'avais déjà rencontré virtuellement sur Skype. C'est une petite femme mince, blonde aux yeux noisettes, le teint halé comme toute bonne californienne. Perchée sur ses talons, celle-ci me fait mon premier american hug.

- Bonjour Madame Tulling. Je suis enchantée de faire votre connaissance, - dis-je solennellement.

- Oh, my darling, appelle-moi Mary immédiatement et sois à l'aise avec moi !

- D'accord Mary.

- Bonjour Kiera, je suis vraiment contente de te rencontrer, enfin !

John est un homme un peu enrobé, les cheveux poivre et sel et les yeux bleus cristallins. Il sent la joie de vivre à des kilomètres.

Les enfants, intimidés, se cachent derrière les jambes de leur mère.

- Les enfants, venez dire bonjour à votre nouvelle Nanny !