Psychothérapie

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01/02/2013, 18 h 30.

- Bonjour, entrez, installez-vous, je vous en prie.

Le bureau, décoré de manière austère, était éclairé par une lumière tamisée. Les murs étaient ornés de diplômes encadrés, et une étagère remplie de livres sur la psychologie se tenait dans un coin.

C'est donc notre première consultation ensemble. Vous avez été envoyée par votre employeur, le Commandant Brown. Voulez-vous m'expliquer pourquoi ?

- Vous connaissez déjà le motif non ?

Assise sur le divan, elle s'assit droitement, ses lunettes rouges éclatantes tranchant avec le ton neutre de la pièce. Ses yeux perçants semblaient scruter chaque mouvement, chaque hésitation de ma part.

- Oui, mais je veux votre version. Avec vos mots, vos ressentis, qu'est-ce qui vous a amenée à ce moment présent ?

- Vous avez du temps, j'espère ?! Parce que là il y en a pour un moment, dis-je sur un ton, je dois l'admettre, pas très agréable.

Mon irritation transparaissait clairement dans ma voix, chaque mot chargé d'un mélange d'exaspération et de défi.

- Il n'y a pas de nombres de séances limites. Commencez, je vous prie.

Elle remonta ses lunettes avec un geste précis, son calepin en main comme un outil essentiel de l'analyse. Chaque « hum » semblait une invitation à déterrer les couches les plus profondes de mon esprit.

- Le Commandant m'a suspendue, car il a jugé que j'étais obsédée par les disparitions d'enfants. Donc me voilà chez vous à devoir trouver un moyen de réparer cela, dis-je en soufflant...

Je n'ai jamais été une grande fan de la psychothérapie classique. Ma mère m'y avait emmenée, quelques jours après que Lyndson ait disparu. Elle me retrouvait souvent endormie dans le jardin, recroquevillée près de la balançoire, cherchant refuge dans un sommeil troublé.

Je me souviens de cet homme d'une soixantaine d'années, aux cheveux grisonnants, insistant sur mes cauchemars. Je ne voulais pas lui parler de mes « secrets », ils m'appartenaient. Chacune de mes nuits était cauchemardesque, mais chaque nuit, le visage de Lyndson revenait comme une litanie obsédante. Chaque détail était gravé dans ma mémoire, me hantant sans relâche.

Me voici, années plus tard, étendue sur un divan inconfortable au dix-huitième étage d'un cabinet impersonnel. Cette femme, malgré ses intentions, ne faisait qu'alimenter mon agacement croissant.

Quand mon chef m'avait parlé d'une thérapie obligatoire afin de conserver mon poste, je m'étais mise en tête d'analyser les choses avec un professionnel, mais avec une profonde résistance intérieure, persuadée que cela ne ferait qu'approfondir mon désespoir.

Je ne pensais pas devoir parler dans le vide pour entendre en retour le tic-tac de l'horloge et les « hum » d'une psychologue peu convaincante. Les secondes s'égrenaient avec le tic-tac incessant de l'horloge, et les réponses nonchalantes de la psychologue semblaient creuser un vide encore plus profond. Pendant ce temps, le dictaphone captait mes paroles vagues, évitant soigneusement le sujet de Lyndson.

J'évoquai tour à tour mon adolescence solitaire, ma passion pour les enfants, et ce que j'avais pu ressentir quand nous recherchions le petit Tyler. Pour distraire la psychologue, je brodai des histoires sur un prétendu surmenage, espérant qu'elle se contenterait de cette façade.

Ainsi, elle me remettrait l'attestation me permettant de reprendre mon poste. Malheureusement, et à mon grand désespoir, elle ne semblait pas disposée à céder aussi facilement.

La fille de la cave. Tome 1: Celle qui a disparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant