Le secret de Katherine

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11/02/2013, 13 h 15 :

J'ai passé mon week-end sans croiser Benjamin une seule fois et je dois avouer que cela m'a créé un sentiment étrange. J'ai vécu un petit moment avec lui, et cela a été comme retrouver une part de moi. Une part de joie.

Quand il a vidé ma cave, j'y ai retrouvé un vieux livre de cuisine, un livre sur la pâtisserie française que ma mère m'avait acheté. Je l'ai dépoussiéré, je me suis fait une promesse : à partir de cette semaine, je m'y remets. Il est important que je fasse des choses pour moi, je ne dois pas basculer de nouveau dans l'obsession.

Chercher Lyndson, penser à elle, fait partie de moi. Pourtant, je sais qu’il est temps de reprendre ma vie en main. Ses parents se sont fait une raison, et je devrais moi aussi vivre un peu plus pour moi. Je ne sais pas si j’y arriverai, mais je dois essayer.

Pendant le cours de yoga, je m’efforce de m’appliquer à cette idée, et pour une fois, je change de sujet. “Kate, tu devrais féliciter Tom pour son Pulled Pork, c’était délicieux !” Elle constate que j'ai repris du poids depuis que Benjamin s'est installé et je lui lance avec un grand sourire :

«– Tu n'es pas la seule à avoir constaté un changement physique chez l'autre, ma petite maman !

— De quoi parles-tu ?

— Non, mais tu me prends pour une nouille ! Je te rappelle que je travaille à la maternité. Tu as refusé mes invitations à manger des sushis, tu ne bois plus de vin. Tes cheveux et tes ongles sont plus brillants, tu as meilleure mine. Tu souris beaucoup plus souvent et si je peux me permettre ta poitrine est légèrement bombée. Alors est-ce que je me trompe ?

— Je ne pensais pas que... que ça se verrait si rapidement, dit-elle dans un souffle léger.

— Kate, quelque chose ne va pas ? Tu sais, si tu as besoin d'en parler, je ne jugerai pas. Je n'ai jamais eu d'enfant, mais je peux comprendre.

— C'est gentil, Emi, mais non, tout va bien. C'est juste que j'appréhende un peu de redevenir maman, c'est particulier après Max. J'ai peur de surprotéger ce bébé. Je voudrais redevenir la mère que j'étais pour lui. Avec Max, on était...

— Tu étais une très bonne maman et cela ne changera pas. Quand tu parles de Max au groupe, tu me fais penser au genre de mère que j'aimerais être plus tard. Ton appréhension est tout à fait compréhensible, Kate, et les hormones jouent beaucoup ! Il faut que tu décompresses, ce n'est pas bon tout ça et puis c'est un grand bonheur qui t'arrive. Tom doit être ravi ! Ma porte te sera toujours ouverte pour parler autour d'un thé. Tu es comme une mère pour moi ! Tu as beaucoup fait pour moi, alors je sais que ce bébé ne pourra pas avoir une meilleure maman.

— Tu as raison, j'ai encore huit mois après tout, et je pense justement à demander une thérapie personnelle avec Amanda.

— C'est une très bonne idée !

— Oui, je pense que Tom en a aussi besoin. Contrairement à ce que tu penses, Tom est tout aussi paniqué que moi. On voulait vraiment ce bébé, bien avant Max, on rêvait d’une grande famille. Lorsque l'on s'est mariés, on s'était dit qu'on arrêterait à cinq ou six enfants au maximum. Mais lorsque Max a disparu si petit... Ça a été un tel choc. On en avait reparlé l'année dernière, mais c'était sur le coup de l'émotion. Et puis, il y a un peu plus de deux mois, on est allés voir ma belle-sœur. Elle venait d'avoir une petite fille. Elle l'a appelée Maxime en hommage à notre fils. C'était sa marraine.

— Oh, que c'est touchant, j'imagine que tu as versé ta petite larme !

— Oui, tiens, regarde, dit-elle en souriant. »

La fille de la cave. Tome 1: Celle qui a disparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant