Doux aveux.

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26/12/2012, 9h : Déjà ! Je n'avais jamais dormi aussi bien et aussi longtemps sans cauchemar. Cette nuit est la première depuis longtemps à me faire autant de bien. Benjamin dormait encore à poing fermer. L'ouverture des cadeaux n'était prévue que dans une heure trente. Je pris mes affaires et me prépara. Je quittai la maison sans un bruit et me faufila par mon jardin. Ce matin, je pense beaucoup à Lyndson, revenir ici fait remonter tellement de souvenirs. Je n'ai pas emporté mon journal alors que je me décidai à cueillir quelques fleurs en direction du cimetière. Après tant d'années de recherche sans résultats, les parents de Lynd' avaient pris la décision de faire ériger une tombe à son nom. Je ne peux que le comprendre. Arrivée, je reste un temps à regarder sa photo sur la pierre tombale. Je m'assieds sur le dos contre sa stèle pour être d'une certaine façon un peu plus proche d'elle.
Inconsciemment, je me mis à lui parlait. Je ne m'aperçus pas du temps qui lui ne s'était point arrêté. Quand j'étais plus jeune, il m'arrivait de m'endormir ici. Je fus sorti de mes pensées par Benjamin.

« — Hey, je t'ai entendu te lever, mais je ne t'ai pas trouvé au salon. Je me doutais que tu serais ici.

— Benjamin, je suis désolé, j'espère que ma présence ne te dérange pas...

— Pourquoi me dérangerais-tu ?

— Ben' ça fait des années que l'on ne s'est pas parlé et depuis Lyndson j'ai toujours eu la sensation que tu m'en voulais...

— Emi qu'est-ce que tu racontes ? Je ne t'en ai jamais voulu. J'étais en colère contre le monde entier, contre moi-même, mais pas contre toi.

— Oh... pourtant quand on s'est retrouvés au lycée tu me regardais toujours avec froideur... Alors je me suis dit que... je n'osais même pas le toiser et baissa la tête.

— Ce n'est pas ce que tu crois, je te l'assure, on en reparlera plus tard d'accord ? Nous sommes en retard, il faut y aller Emi. Joyeux Noël, Lyndson, où que tu sois petite sœur. «

Noël fut agréable, mes cadeaux de dernières minutes étaient plaisants et utiles.
Pour ma part, je ne repartirais pas charger. Ma présence n'était pas prévue, mais maman avait tout de même préparé un cadeau qu'elle comptait poster dès le lendemain de Noël, au cas où, je n'aurais pas trouvé la force de venir.

Assise sur le tapis du salon, devant notre sapin, je déballe soigneusement ce grand carton. Les larmes me montent instantanément aux yeux. Benny, assis à mes côtés, attrape ma main et la serre. Je souffle un grand coup pour ne pas m'effondrer.
Depuis que nous avons quitté la France, ma grand-mère nous envoyer un colis identique à celui-ci la semaine qui précédait Noël. Elle remplissait le paquet-poste de chocolats, des sucreries de mon enfance, de vin rouge pour papa, de saucisson, d'un peu de fromage sec, de la confiture d'abricots ainsi que du pâté qu'elle fabriquait avec mon grand-père. Elle ajoutait toujours sur le dessus du colis des gants en laine qu'elle tricotait pour moi.
Elle a continué cette tradition jusqu'à son décès. Chaque colis était source de joie pour toute notre famille. Elle nous envoyait un bout de France, mais surtout un bout de son amour. Mamie était la personne qui m'avait manqué le plus en quittant la France et je sais que ma peine était partagée par ma mère.

Maman s'approcha de moi :

«— Je sais que tu n'avais pas le courage de venir lui dire adieu et de vider sa maison, je sais à quel point tu l'aimais. Je sais aussi qu'elle t'aimait profondément. Quand je suis allé aider Papi pour le déménagement, j'ai retrouvé ceci dans la buanderie. Elle avait commencé à tout préparer. Il ne manquait que quelques mailles aux gants et papi tenait à ce que je rajoute cette couverture. Je ne sais pas si tu la reconnais. C'est celle que mamie a confectionnée pour ta naissance.»

La fille de la cave. Tome 1: Celle qui a disparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant