9 Mai 1789 - Pt1

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Je m'étais bien sûr habillé pour l'occasion mais la tenue ne suffisait pas pour que le garde me laisse rentrer sans invitation. Heureusement pour moi, je pouvais faire le tour du manoir. De nombreuses fenêtres étaient ouvertes. J'enfilais des gants et escaladais à l'arrière en cherchant une pièce vide où je pourrai entrer sans être vu; j'en trouvais une au deuxième étage et me glissais à l'intérieur sans bruit. J'étais dans un mini salon et de chaque côté de la pièce se trouvait une porte. J'essayais d'abord celle de gauche et tombais sur une chambre, la deuxième était quant à elle fermée. D'où l'absence de personnes dans cette pièce. Une clé tourna dans la serrure, je me réfugiais derrière le plus grand sofa et la porte s'ouvrit en laissant entrer un couple visiblement trop occupé pour me remarquer. Il y a des bazars pour ça! Beurk! L'homme ferma la porte derrière lui mais pas à clé. Une fois enfermés dans la chambre je sors de ma cachette et me dirige vers la porte. Je la referme délicatement et me retrouve presque au bout d'un couloir.

Je me baladais de façon aléatoire et tombais sur une salle où le Duc semblait faire un discours. Je restais dans le fond jusqu'à la fin en le comparant à celui de mes souvenirs: ses cheveux étaient à présent gris, et des rides se creusaient sur son visage.
Lorsqu'il sortit par une porte, je me pressait afin de le retrouver en prenant un détour afin d'éviter un maximum de croiser des personnes qui risqueraient de me reconnaître. Même après 12 ans, mon visage n'avait que très peu changé. De grands yeux bruns et des cheveux de la même couleur coupés tout juste au dessus des épaules.

Je retrouvais rapidement la trace du Duc. Il était accompagné de deux gardes. Je les suivais dans ces couloirs que j'avais si souvent parcourus.
Je me rappelais mes soeurs et moi jouant à chat dans les couloirs. Jusqu'au jour où nous avions cessé de venir. Plus tard j'avais appris que mon père était un assassin et le Duc un templier. Soit des ennemis de nature. Et lorsque le soi disant ami de mon père l'avait apprit, il n'avait plus jamais voulu revoir quiconque appartenant à ma famille - de près ou de loin- dans son manoir.

Après l'avoir perdu de vue quelques instants, je retrouvais sa trace mais cette fois, il était seul.
Parfait, pensais-je.
Il regarda de chaque côté mais pas derrière - quelle naïveté! - et rentra dans son bureau.
J'attends quelques instants avant de m'avancer vers la porte de ce dernier et toque surveillé par un garde.

-Entrez! Cria t-il.

Je retire mon chapeau et m'incline légèrement tout en jetant un coup d'œil dans la pièce pour vérifier la solitude du Duc.

-Bonjour Messire.
-Je peux vous aider? Demande t-il en fronçant les sourcils.
-Je souhaitais juste vous féliciter pour votre superbe discours.

Je lui offrait mon plus beau sourire et il me demanda sans me répondre si on s'était déjà vus.

-Cela se pourrait, je suis venu de nombreuses fois étant enfant mais quelques temps plus tard vous avez banni notre famille, répondis - je avec une moue faussement triste.

Il ouvrit de grands yeux surpris et murmura:

-Er... Erwan?
-Oui. Et je compte bien vous faire payer ce que vous avez fait à mon père, dis-je d'un ton rempli de menaces.
-Je ne vois pas de quoi tu veux parler fiston.
-Fiston? Fiston?? hurlait je. Comment osez vous appeler comme ça celui dont vous avez tué le père?
-Tout va bien? Demanda le garde de l'autre côté de la porte?
-Oui! Répond-il au garde avant de s'adresser à moi plus calmement. Je n'ai tué personne.
-Cessez de faire l'innocent. C'est vous même, Monsieur, qui lui avez planté ce couteau entre les côtes.
-Sortez immédiatement de ce bureau ou j'appelle le garde!
-N'êtes vous pas ce genre de personne polie qui raccompagne ses invités à la porte lorsqu'il les congédie ? Susurrais-je.

Il me lança un regard noir mais se leva et se dirigea vers la porte. Mais avant qu'il l'ai atteinte, j'avais sorti un bandeau de ma poche et le bâillonnai afin de l'empêcher d'appeler les gardes. Je le réinstallait sur sa chaise et lui accrochait les mains afin qu'il ne bouge pas trop.
Il se tordait dans tous les sens et criait dans le bandeau, des insultes sûrement. Je ne pu empêcher un sourire à l'idée que mon père allait enfin être vengé.

-À présent tu vas subir le même sort que mon père.

Je sortis ma dague et lentement, très lentement, je titillais sa poitrine de ma lame. Les cris, même étouffés, ont dû alerter le garde car on toqua à la porte.

-Maitre? Vous êtes sûr que tout va bien?

Je jetait un coup d'oeil à la porte puis à la fenêtre et terminait ce pour quoi j'avais été - en partie pour l'instant - payé. Je retournais près du Duc, tranchait sa gorgé d'un coup sec et reculait pour éviter que trop de sang ne salisse mes habits. On frappe à nouveau à la porte.

- Maitre ?

Je jetais mon manteau sur mes épaules et sortit pas la fenêtre comme un voleur en laissant le Duc se vider de son sang tandis que la porte s'ouvre avec fracas.

*
* *

Je frappait de nouveau à cette porte à laquelle j'avais déjà frappé quelques jours plus tôt et on m'ouvrit aussitôt.

-Bonjour, lança le serviteur d'un air enjoué.

Je lui rendit son salut et il me conduisit à son maître.

-Vous revoilà! S'exclama l'homme quand j'entrais dans son bureau. Tout s'est bien passé?
-Très bien, répondis je avec un air satisfait.
-Bien. Souhaitez vous une autre tenue? Demanda t-il en désignant ma tenue ensanglantée.
-Non je vous remercie.
-Dans ce cas, dit-il en me tendant une enveloppe, je vous remercie et vous souhaite une bonne journée.

L'assassin de Paris {Ne Sera Probablement Jamais Fini}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant