10/18 Mai 1789

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   Lorsque je rentre chez moi, je trouve mes sœurs dans leurs chambres au premier étage déjà en train de faire leurs bagages. Ma mère n'est pas dans sa chambre je décide d'aller voir au bureau au deuxième étage, même si elle refuse catégoriquement d'y aller depuis la mort de père. Je la trouve bien à l'étage supérieur mais pas à l'intérieur comme je l'imaginais : devant la porte à la fixer.

-Depuis combien de temps es-tu là ?

   Elle sursaute et se retourne vers moi. Ses yeux sont tristes mais sa voix comme à son habitude est sûre.

-Je viens juste de monter.

-Je suis rentré depuis dix minutes et personne à part moi n'a emprunté ces escaliers depuis.

- Le temps passe vite, pas vrai ? dit-elle la voix imperceptiblement tremblante.

   Ne me laissant pas le temps de répondre elle me contourne et redescend sans avoir pris la peine d'entrer dans le bureau.

-Tu veux que je m'occupe du bureau ?

-Oui s'il te plaît ! Les clés sont dans la cuisine !

   Je regarde un instant la porte imaginant ce qu'il pourrait se cacher derrière ; je n'ai jamais eu l'autorisation d'y aller. La raison ? La pièce contient d'après ma mère trop de documents en rapport avec le « travail » de père. Mais s'ils risquent autant de nous nuire comme elle le dit, je me demande pourquoi elle les a gardés... Après quelques secondes je me décide à aller chercher les clés.
    Lorsque j'ouvre la porte du bureau, le spectacle qui se présente n'est pas du tout celui auquel je m'attendais : des parchemins sont toujours étalés sur le bureau, les livres qui ne sont pas posés sur les étagères traînent ici et là. Et sur le bureau, une photo de nous cinq. La même que celle posée sur la table de chevet de mère. La pièce est grande, un bureau noir trône en son centre et la chaise est légèrement de travers. Tout est comme s'il venait juste de partir. Comme s'il était descendu regarder ma mère cuisiner comme il en avait l'habitude quand il était encore là. Seule l'épaisse couche de poussière contre dis cette hypothèse.
    Je me ressaisis, et décide à trier aujourd'hui et si j'ai le temps je rangerais sinon je le ferais demain. Je m'assois sur la chaise et commence par ranger les livres pour ensuite m'occuper des papiers éparpillés sur le bureau. Une fois cette tâche finie je regarde l'heure à ma montre et m'aperçois que c'est bientôt l'heure du dîner. Je ressors de la pièce, beaucoup mieux rangée à présent. Lorsque, à l'aide des clés, je referme la porte je m'aperçois que d'autres clés sont accrochées sur le trousseau. Je me rappelle alors avoir aperçu des serrures sur certains tiroirs, elles servent sûrement à les ouvrir.
Dans l'un d'entre eux, des photos. Des photos dont je n'aurais jamais imaginé l'existence. Je les glisse dans ma poche et quitte la pièce.

*************18/05**************

Nous avons finis d'amener tous les meubles voulus hier, finalement on a pu en garder la plupart les autres étant vendus aux enchères dans les jours suivants . Dans les pièces vides, mère a aménagé un bureau, une bibliothèque pour laisser de la place dans ce dernier, et un boudoir. Ces appartements ressemblent beaucoup à notre ancienne maison mais en plus petit, ce qui en soit n'est pas dérangeant car il y avait certaines pièces où nous n'étions pas allés depuis des années et qui étaient donc inutiles. J'ai également pu conserver notre cave, ce qui me ravit puisque c'était l'un des péchés mignons de père.
    Je rangeais les livres sur les étagères lorsqu'on frappa à la porte. Etant le seul présent j'allais ouvrir et tombais nez à nez avec Blanche. Je ne l'avais pas revu depuis sa proposition, soit il y a plus d'une semaine.

­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­-Bonjour, dis-je doucement de peur que mes paroles ne résonnent trop fort dans les couloirs. Elle inclina la tête pour me saluer.

- Monsieur Lafaines t'attends dans son bureau, il a quelques choses à te dire.

-Lafaines ?

-Mon parrain, soupira-t-elle.

-Oh oui, bien sûr. Je te suis.

    La porte étant déjà ouverte, j'entrais directement suivis de Blanche.

***

   Je ressortis moins d'une heure plus tard, il m'a fait connaître les règles principales et m'a entretenu, pendant une bonne partie du temps, des conséquences de mon entrée dans leur confrérie, le travail que j'y mènerai, etc...
   Je retournais aux appartements enfiler ma plus belle tenue puisque j'avais décidé de rendre visite à une amie de la haute noblesse afin de lui annoncer mon retrait de ses affaires. Elle est bien sûre au courant de mes activités. Mon père m'avait toujours dis de ne pas toucher à la politique, mais quand j'ai rencontré Elena par accident tout a changé. Ce soir là je ne pensais pas tuer un homme de haute noblesse voulant violer sa femme à la sortie d'une taverne, juste un homme ivre et une jeune noble.  Suite à cet incident j'étais devenu son homme de main, je l'accompagnais à toutes sortes de réceptions. Et, à vrai dire, je ne pensais pas qu'une noble pouvait autant payer un voyou pour faire le sale boulot. Mon père était encore vivant à cette époque, et au moment même où il a appris qui je fréquentais il ne m'avais plus adressé une seule parole ni même un seul regard. Juste "J'espère que tu t'amuse là haut. Évite de mourir trop vite." Il est mort dans le courant du mois, sans que nous ayons pu nous parler une dernière fois.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 05, 2018 ⏰

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L'assassin de Paris {Ne Sera Probablement Jamais Fini}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant