PROLOGUE

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          Une traînée de larme comme une poudre éteinte. Un encrier blême comme une page qui ne veut pas s'écrire. Une mèche brune, un rayon de soleil balaye mon front. Je referme les yeux et me laisse porter par le vent frais et libertin. La lune et les étoiles badinent et les cieux m'inspire une fugue. L'Ouest souffle sur l'herbe, une hymne de liberté. Mes pieds tambourinant la terre mère au rythme des battements de mon cœur; je cours comme si ma vie en dépend. Nul part ailleurs, je suis libre comme ici ...

          Le chant des blés s'accorde à ma voix, à mon cri de liberté. Une brise légère et simple m'appelle à l'évasion. Fuir.

          Atteignant la falaise, je me repose; les pieds perdus dans le vide et la tête en l'air. Mes pensées données aux Lumières Des Cieux, à ma mère. "Aux Lumières, guidez-la", dis-je avant d'entreprendre une mélodie. "Je te l'offre, maman".

FLASH BACK

          Mes larmes coulent toutes seules, pourtant je ne doit pas pleurer, je lui en ai fais la promesse. Debout, dans un coin de sa chambre, en retrait, je reste silencieuse la tête baissée. Ma mère se redresse mais encore faible:

- Pearl, approches.

          Elle demande aux infirmières de nous laisser toutes les deux. Ma mère, dans son corps mourant, me fait signe de venir près d'elle et de m'allonger. Au départ, je ne voulais pas parce que c'est ceux que nous faisions quand elle allait bien mais je me suis dis que, peut-être, plus jamais au monde, je n'en aurais l'occasion.

- Je me maudis d'avoir mis une robe blanche, dis-je sans trop de sanglots.

- Non, tu es parfaite, je veux que la dernière image de toi soit celle d'une petite fille dans une belle robe blanche. (Je tourne la tête vers elle. Elle sourit même dans ses derniers moments.) Tu portes la couleurs des Lumières.

          Mes yeux parcourent le plafond, le lustre. Nous sommes restées silencieuses plusieurs secondes, sans trouver quoi si dire avant de se quitter.

          Je n'en veux pas à Amanda, ma petite sœur. Maman n'allait pas bien, bien avant qu'elle ne vienne au monde. Mais l'accouchement s'est mal passée et la voilà dans cet état.

- Pearl, ma chérie, chantes, s'il te plaît.

          Maman me répétait souvent que ma voix l'aidait à aller mieux. A présent, elle voulait que son esprit s'envole avec mon chant. Mais dès les premiers murmures, elle s'apaise; elle s'est envolée. Mais je n'avais pas fini de lui chanter mon Au revoir. Alors, je suis descendue du lit, l'ai embrassé et je suis passée par la fenêtre pour courir jusqu'à la falaise, pour courir jusqu'aux Lumières.

FLASH BACK FIN


Les Lumières Des CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant