L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)

36 - Force brute

Masque affreux, odeur fétide, mouvement étrange, Amanda prenait le temps de jauger son adversaire. L'homme se crispa et s'élança. En se baissant la jeune femme évita un coup de hache qui termina sa course contre le mur. Amanda fut surprise par ce geste précis ! Par où voyait-il ? Son masque ne semblait pas le gêner.

Elle riposta du poing en frappant le mec au flanc droit, mais il encaissa sans broncher. Et aussitôt, il abattit son arme pour fendre Amanda comme une bûche de bois. Elle esquiva le danger en plongeant en arrière. Heurté de plein fouet, le carrelage éclata dans un vacarme assourdissant.

La jeune boxeuse commençait à douter de l'issue du combat. Ce type avait une force incroyable. Un vrai bourrin ! La moindre erreur serait fatale. Il fallait trouver une idée ! Amanda se déplaça rapidement sur le côté pour atteindre une table basse et attraper son téléphone puis elle envoya valdinguer le reste des objets qui traînaient dessus.

D'une voix autoritaire elle déclara :

— Marianne reste pas plantée là ! Prends ça et appel les flics !

Lancer millimétré et réception réussie, sa copine avait le téléphone entre les mains.

— Va dehors sur la terrasse, j'vais essayer de le retenir ! s'écria-t-elle.

Obéissante, Marianne ouvrit la baie vitrée pour filer sur le balcon. En voyant sa proie fuir, le tueur sombra dans une colère noire et il cria :

— Laisse-moi passer salope !

En interposition et concentrée, Amanda toisa l'individu qui allait attaquer. Mouvements saccadés, prise d'élan, l'homme décolla à toute vitesse. À proximité d'Amanda, il fit tournoyer sa hache. En un éclair, la jeune femme souleva la table basse en chêne massif pour l'utiliser comme un bouclier. Prise robuste, choc terrible, la table ne céda pas et l'arme resta figée dans le bois. Sans attendre, Amanda utilisa son bouclier comme bélier pour essayer de déstabiliser l'assaillant. Échec cuisant ! L'homme était trop fort et l'entraînait inexorablement en arrière. Malgré ses pieds qui glissaient sur les carreaux, Amanda essaya de résister, sans succès. Son talon droit toucha le bas de la baie vitrée, une chance inespérée, sa prise d'appui sera meilleure.

Pour se dégager de cette situation, elle feinta en poussant la table aussi fort que possible avant de bondir sur le côté. Entraîné par sa force l'homme s'entrava sur la glissière et plongea en avant avec la table pour se fracasser contre le sol. Sur le balcon, secoué, il se releva avec difficulté en ricanant. Amanda ne le laissa pas respirer et décocha un formidable coup de pied direct.

Touché au torse, l'homme bascula et passa par-dessus la balustrade. Du troisième étage, il chuta comme un fétu de paille pour s'écraser sur une voiture en stationnement. Tintement de l'alarme antivol, signal lumineux, le tueur n'était plus en état de nuire. Victoire inespérée, soulagement, au téléphone, les deux amies expliquèrent la situation à la police, puis elles s'enlacèrent longuement.

Au loin, les sirènes des voitures de police retentissaient. Les jeunes femmes se penchèrent au balcon pour assister à leur arrivée. Marianne risqua un regard sur le meurtrier. Désarticulé, il gisait sur le toit du véhicule. Pourquoi ce type vêtu d'une salopette de travail voulait la tuer ? D'un coup, elle écarquilla les yeux, l'homme semblait bouger. Elle fit la remarque à Amanda et horrifiées, elles constatèrent qu'il n'était pas mort. Péniblement, il se redressa et les fixa du regard, puis il s'extirpa de la carcasse métallique. Après avoir reluqué longuement la patrouille en approche, il fila en boitant pour s'éclipser dans l'obscurité d'une ruelle. Impuissantes, elles assistèrent à sa fuite.