68 - Un beau geste

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Avec une toile sous le bras, Aldo poussa la grande porte de l'église et il s'engouffra à l'intérieur. Son regard s'attarda sur les voûtes et les détails architecturaux puis en cherchant Jean, il avança dans la nef. Près du chœur, il repéra son ami avec les mains jointes et les genoux au sol, il priait. Aldo ne le dérangea et doucement, il s'installa sur un banc afin de l'attendre patiemment. Après de longues minutes Jean se leva et en apercevant le colosse, il éclata de joie. D'une voix calme et enthousiaste, il lâcha :

— Mon ami ! Qu'est-ce qui t'amènes dans la maison du seigneur ?

— Tu m'héberges depuis plus d'un mois, je viens t'apporter un présent pour te montrer ma gratitude.

Aldo, posa le cadre au sol, puis il ôta le drap qu'il avait enroulé autour. Avec ses grandes paluches, il l'empoigna et timidement, il présenta son œuvre. En découvrant une représentation éblouissante de l'enfant Jésus et de la vierge Marie, Jean fut ému jusqu'aux larmes. Aldo avait un don de Dieu, c'était indéniable ! Le prêtre s'exclama :

— Ton tableau est magnifique et je sais où l'accrocher ! Suis-moi !

Même si Jean était pointilleux et qu'il souhaitait un alignement parfait, les deux amis ne mirent que quelques minutes pour fixer l'énorme tableau contre le mur. Satisfaits, ils contemplèrent la toile en silence, mais cet instant de paix se brisa quand la grande porte de l'église s'ouvrit brusquement. Un jeune homme désorienté entra dans l'édifice. Son visage était marqué par la fatigue et les soucis. Sur ses frêles épaules, il semblait porter un fardeau trop important. Hagard, il avançait en chancelant, et sans hésiter Jean s'approcha de lui pour le soutenir. Puis, il l'invita à s'asseoir sur un banc avant de demander :

— Que puis-je faire pour toi ?

Le regard plongé dans vide, le jeune articula lentement :

— Je ne sais pas ! Le mal coule dans mes veines et il me dévore chaque jour un peu plus.

— Explique-toi !

— C'est une histoire longue et je ne sais pas si vous êtes prêt à l'entendre...

— N'hésite pas, j'ai tout mon temps et dans le cadre d'une confession, je suis tenu au secret.

— Je ne sais pas, ça craint. Et puis vous risqueriez de sombrer avec moi...

Jean resta silencieux puis avec un large sourire, il rétorqua :

— En es-tu sûr Edward ?

— On se connaît !?

— Oui, un soir, je t'avais pris en stop !

— Ça me revient...

— Écoute, je pense que Dieu t'a conduit ici pour une bonne raison. C'est l'occasion de te libérer !

Ed regarda le prêtre droit dans les yeux et en balbutiant, il commença à raconter le rêve qui avait tout déclenché puis il enchaîna avec son déménagement et la découverte de la pierre.

Mis en confiance par cette oreille attentive, il continua en expliquant sa première dématérialisation puis il révéla :

— J'ai donné de nombreux spectacles sous le nom de Sadjo Bel ! C'était excitant, mais très vite, j'ai été confronté aux limites de la pierre. Enfin, c'était ce que je pensais, mais en fait, j'avais perdu le contrôle. Je ne l'ai peut-être jamais eu d'ailleurs !

Songeur, Ed baissa la tête avant de la relever brusquement et de vociférer :

— Cette putain de pierre, s'est joué de moi, et grâce à Marianne, je me suis rendu compte que la téléportation, n'était pas instantanée ! Ça pouvait varier de deux secondes à plusieurs minutes. Quelle importance, vous allez me dire ? Ce pouvoir restait une bénédiction !

L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant