Aujourd'hui, à cause d'un mal de crâne carabiné, Ed était à bout de nerfs, et parfois les propos de ses collègues le faisait bondir.
Michael qui prônait la restauration rapide et l'achat de vêtements de marque, soutenait haut et fort :
—Le plus important dans la vie, c'est d'être bien habillé et de bien manger.
Un autre s'égosillait en disant :
— Je n'arrive plus à me gaver comme avant ! Maintenant ça me fait mal au ventre. Je comprends pas pourquoi ?
Le plus drôle, c'est qu'il attendait une réponse. Sinon, le petit chef racontait :
— Le mec de ma sœur ne touche pas plus de deux mille euros net par mois, c'est un raté.
Ayant un petit salaire, Ed ne pouvait que se sentir insulté. Mais à force, il avait appris à relativiser et à ne pas réagir à ce genre de réplique. Pourquoi parler avec un âne affublé d'œillères ?
À quelques mètres de lui Xavier confiait à Younes :
— J'ai tout fait pour arrêter de fumer ! J'ai réussi à stopper ma consommation plusieurs mois, mais j'ai craqué en acceptant une clope qu'on m'a proposé... Maintenant je sais plus quoi faire !
— Écoute, ma tante m'a parlé d'un mec qui t'enlève l'envie de fumer en te massant les oreilles, il paraît que ça marche vraiment.
Amusé, Xavier rétorqua :
— Il fait comment ? Il caresse ton lobe et il te tire l'oreille comme un tordu en hurlant : « tu vas arrêter de fumer ! Hein ! Tu vas arrêter de fumer ! ». Et plié de douleur, tu finis par dire : « Oui monsieur , promis, j'arrête ».
Leur regard se croisèrent et ils éclatèrent d'un rire contagieux, Edward craqua et bascula dans une hilarité déconcertante.
Une fois calmé, il se concentra pour se replonger dans son travail, mais avec sa migraine, il n'y parvenait pas. Ses mains tremblaient légèrement et ses jambes étaient lourdes. Durant le dernier spectacle, il avait eu les mêmes sensations et ça ne présageait rien de bon. Au plus profond de son être, Ed sentait une envie germer, et elle s'intensifiait jusqu'à l'obséder, c'était un désir viscéral de téléportation ! Son corps exigeait un voyage, il ne pouvait pas l'ignorer. Ne voulant pas subir une autre crise devant ses collègues, il devait agir. Que faire ? Sa décision était prise, en regardant autour de lui, il constata que tout le monde était concentré sur son affaire. Ed en profita pour s'éclipser à l'extérieur, puis il se cacha derrière un tas de palettes. Accroupi, il ferma les yeux et s'abandonna. Flottement exquis, impression de légèreté, son corps était en émoi. Il bascula dans le néant. Lourdeur des membres, sens en éveil, Ed était arrivé. En ouvrant ses paupières, il fut happé par la splendeur du paysage, les dunes de sables étaient magnifiques. On ne lui avait pas menti, le Sahara c'était grandiose. Il n'avait jamais osé un tel voyage et sa témérité fut récompensée, ses symptômes s'étaient envolés. Dans le désert, libéré de ses souffrances, Edward leva les bras au ciel en criant de joie, puis il cligna des yeux pour se retrouver à proximité de son lieu de travail. Il entra discrètement dans le bâtiment pour retourner à son poste de travail.
Sans tarder, le petit chef arriva pour lui demander des comptes :
— Ça fait vingt minutes que je te cherche, tu étais passé où ?
En mentant, il rétorqua :
— Je passais un coup de fil à mon assurance. Avec la tempête de la semaine passée, j'ai eu un dégât des eaux...
Son supérieur fronça les sourcils, puis il lâcha une réponse autoritaire :
— Pour cette fois je tolère, mais tu rattrapes le temps perdu ce soir.
— Ok !
Avant de recommencer à travailler, Edward remarqua qu'il pouvait s'identifier aux fumeurs réguliers. Comme eux, il avait besoin d'une dose quotidienne pour rester serein et détendu. Son corps était devenu dépendant à la téléportation et seul les grands voyages permettaient de combler un manque grandissant.
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L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)
Mystère / ThrillerExtrait : Brusquement le tueur lui arracha le mobile des mains et le broya contre le sol avec son poing, il craqua tel une chips. Prise de panique Marianne hurla. Savourant cet horrible instant, l'homme recula et empoigna fermement la hache pour la...