48 - Lumière au cœur des ténèbres

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Le soir, à la lumière des réverbères, Victor remontait une rue pour rejoindre un ami. Le froid se faisait de plus en plus mordant, la nuit s'annonçait glaciale, il fallait se dépêcher et trouver un refuge. En plissant les yeux, au loin, il distingua une silhouette imposante. Impatient, Victor avançait, pas de doute, c'était bien Aldo. Poignée de main virile, large sourire, ils furent heureux de se retrouver et Victor s'empressa de raconter au colosse les événements de la veille :

— Hier une dame m'a offert le repas et j'ai pu dormir au chaud dans un immeuble. Ce matin j'avais même le droit à un sac rempli de provisions.

— Tu as une bonne étoile mon gars !

— Oh non ! Je pense que c'est grâce à Sadjo Bel ! Il a créé un nouvel élan de solidarité.

— Tu n'as peut-être pas tort. À midi, je dessinais devant une sandwicherie et sans rien demander, j'ai eu le droit à un menu gratuit.

— Ah, ben tu vois !

— Hey, sinon, j'ai un bon plan pour ce soir.

— Pour ça, j'te fait confiance !

Les deux hommes se mirent en route, en marchant, ils ne croisèrent personne. Depuis la vague de meurtres les citadins ne sortaient plus ! La psychose faisait son œuvre, ils passèrent devant des fast-foods et des restaurants franchisés désertiques. Boudant ce genre d'enseigne, Aldo continua son chemin pour entraîner Victor dans des ruelles toujours plus sombres. Devant un bâtiment à la façade décrépit le colosse s'exclama :

— On est arrivé !

Puis le géant poussa la porte lugubre avant de s'engouffrer à l'intérieur. Malgré son appréhension, Victor entra. Il déboucha dans une salle spacieuse au décor rustique, en balayant du regard la pièce, il distingua des tables dressées et un bar bien fourni. Les vieux meubles et le parquet en bois donnaient une ambiance d'antan. Avec un sourire jusqu'aux oreilles, Aldo murmura :

— Au fait ce soir, c'est moi qui t'invite !

Des bruits de pas lourds et réguliers brisèrent le silence. En claudiquant, un homme trapu à la moustache imposante approcha. Il avait les cheveux dégarnis et le visage marqué, Victor lui donnait un bon demi siècle.

En regardant Victor, d'une voix tonitruante, le type déclara :

— Je suis Gregor, bienvenue dans ma taverne associative. Asseyez-vous à une table, je vous apporte la carte !

Sans attendre, les deux amis s'installèrent au plus proche d'un radiateur et Gregor revint avec deux petits dépliants et une bouteille de vin.

L'homme avoua :

— À cause du tueur en série qui rôde toujours, j'ai moins de client. Donc pour les plus téméraires j'offre le vin et le dessert ! Pour le plat de résistance, j'vous conseille la tartiflette de la maison, ça tient au ventre et ça vous réchauffe.

Victor et Aldo échangèrent un regard avant d'accepter la proposition. Le tavernier hocha la tête et demanda :

— Vous désirez une entrée ?

Les deux hommes regardèrent la carte, ils optèrent pour l'assiette de mâche accompagnée de betterave rouge et de fromage de chèvre.

Victor regarda Gregor partir en boitant puis il chuchota :

— T'as vu Aldo, il a une jambe de bois comme les pirates.

— Je sais que c'est un ancien militaire. Je n'ai jamais osé lui demander pour sa jambe, mais je pense que c'est une blessure de guerre.

L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant