Chapitre 12 : Le sel

30 6 1
                                    


« On réprime toujours un accès passager de colère, quand il traduit une haine permanente et profonde »

- Robert Pirsig




- Point de vue d'Anna -

Je n'ai pas trop pointé mon nez hors de cette chambre dernièrement, mais je n'en ai pas l'envie non plus. Les filles disent qu'il faut vraiment que je prenne l'air, et que j'arrête de brouiller du noir. Cette histoire avec Louis m'a tout simplement mise hors de moi, et en plus de ça, je n'ai plus envie de rien.

J'ai toujours été très méfiante des garçons. Depuis que je suis entrée au lycée, j'ai toujours été entourée de garçons, mais les quelques-uns avec qui je suis « sortie » ne m'ont jamais été très fidèles, ou alors ont joué aux cons. Je suis un amusement pour la gente masculine. Je ne pensais pas que Louis serait une exception, mais j'avais malgré mes méfiances, une certaine confiance en lui. Il faut croire qu'au final, il est bien comme les autres. Je me déteste. Sérieusement qu'est ce qui ne va pas chez moi ?

Il est presque 10h, quand je sors du lit. J'enfile un vieux jean troué, et une chemise qui se trouvait roulé en boule au fond de mon armoire. Rien à faire de mon apparence. Vu l'heure, ils sont déjà tous en cours, j'ai donc la maison pour moi toute seule. Je décide d'aller dans le salon, manger un petit truc devant une émission pourrie qui passe à la télé. J'ouvre la porte de ma chambre et trébuche dans un truc étendu sur le sol. Je le ramasse, il s'agit du polo rouge que portait Louis samedi soir, putain.

En colère, je le roule en boule dans mes mains et le jette à travers la porte, le laissant retomber dans l'escalier.

« QUEL CONNARD !!!!! » hurlais-je seule dans le salon.

Je décide de retourner dans ma chambre, encore plus déprimée qu'avant. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qu'il peut bien faire en ce moment. Il doit surement rigoler avec ses amis, ou alors rouler des pelles à une des pompons girl du club de foot.

La journée me parait interminable. Je regarde l'horloge au-dessus de mon bureau,qui affiche 13h31. J'en ai marre de tourner en rond, dehors il ne pleut pas, mais le temps semble menaçant. J'ai déjà lu et relu mes cours de demain plusieurs fois, tellement que je pourrais les réciter sans aucune hésitation. Je m'allonge, un livre dans les mains, et essaie de me concentrer sur l'histoire. A peine 15 minutes après, je referme le livre et m'allonge sur le dos, en fixant le plafond.

« Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de toi, Anna ? » me dis-je.

J'entends du bruit dehors, sous le porche d'entrée. Surement les filles, qui ont terminées les cours plus tôt. Allongée sur un de mes grands tapis de sol, j'allume un joint bien chargé, histoire de m'évader un peu. Musique en fond, qui sort de ma chaine wifi, je n'entends pas frapper.

- « Anna, tu es là ? » demande Lola en passant la tête par la porte.

Je me redresse, lève une main en l'air pour leur faire signe de ma présence. Elles entrent l'une après l'autre, puis referment la porte derrière elles, s'assoient à côté de moi, et déposent leur sac de cours sur le lit.

- « Tu as passé la journée ici ? » demande Em'.

- « Hum ! » dis-je toujours les yeux fermés.

- « Anna tu sais que tu peux nous parler, on est là pour ça » ajoute Em' en me prenant par la main. « Tu peux pas rester là, enfermée dans cette chambre. »

Demain la mer nous aura bus. (1D)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant