Chapitre 1er : Formidable Trouvaille.

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C'était un matin d'été que notre histoire commençait. Alors que le soleil débutait sa lente ascension au-dessus des vertes prairies Alpines, un jeune pâtre de huit ans faisait paître ses bêtes dans un pré verdoyant. Il contemplait le ciel bleu avec un émerveillement enfantin. Ses yeux brillaient devant la splendeur et la magnificence des montagnes escarpées dont les ombres engloutissaient les forêts.
Le jeune pâtre s'appelait Antoine et habitait une maisonnette isolée d'un village Alpin avec sa mère, Sophie et son chien Ursus. Toute la journée en compagnie de son chien, Antoine guidait ses bêtes à travers les étendues boisées des montagnes. Lorsqu'un pré avantageux s'offrait à eux, ils y faisaient une halte de plusieurs heures pour permettre aux bêtes de prendre du bon temps. Après le zénith, ils cessaient leur escalade et commençaient à redescendre en direction de la maison.

Pour l'heure, Antoine s'était assis sur un rocher, surplombant la prairie et jouant de la flûte pour louer les beautés des paysages. Pour la plupart, les bêtes étaient allongées dans l'herbe, se prélassant paisiblement au soleil encore agréable de l'aube. Les plus jeunes jouaient et bondissant, courraient et batifolaient joyeusement. Ursus quant à lui s'était dégotté un bout de bois sur lequel il faisait ses dents. Antoine se leva et se dirigea vers la rivière pour boire et se mouiller le visage. Il se baissa, trempa ses mains dans l'eau fraîche et pure et la porta à son visage à plusieurs reprises. La fraîcheur de l'eau était on ne peut plus agréable, elle lui parut pure, légère et parfaitement limpide.

C'est alors qu'Antoine remarqua un reflet entre deux pierres. Il y mit la main et se saisit d'une étrange sphère de verre aussi grosse qu'un poing. Il la contempla, stupéfait qu'une telle perfection puisse se trouver à un tel endroit. Elle ne souffrait d'aucune déformation, d'aucune brisure, ne présentant aucune fissure, pas même une rayure. Trouver un tel objet au milieu de nul part semblait curieux, si bien qu'il rangea l'objet dans son sac, avec le déjeuner et la flûte.

Toute la journée, Antoine avait été intrigué par la sphère, et ce à tel point qu'il avait manqué de vigilance concernant ses bêtes, dont l'une avait failli finir au fond d'un ravin sans l'intervention D'Ursus. Le soir venu, Antoine posa la sphère sur son lit et la contempla longuement sans ne dire mot. Tout un tas de questions le taraudaient au sujet de cet artefact. Au delà de la perfection de l'objet, quelque chose retenait fermement son intention. Il avait un pressentiment étrange. Lui porterait-elle bonheur ? Présageait-elle quelque chose d'horrible ? Il ne savait quoi penser de ce que la sphère pouvait lui cacher. Il la prit en main et la fit rouler entre ses doigts, la fixant d'un air serein et rêveur, presque désintéressé.
Lorsque sa mère l'appela à table, il posa la sphère sur une étagère au-dessus de son lit, aux côtés des figures de bois que taillait son père autrefois.
A table, sa mère lui fit part de son intention de le scolariser. Elle avait toujours voulu qu'il devienne un avocat reconnu. A ces mots, Antoine se leva de table et monta à sa chambre sans même finir de manger. Il s'enferma à clef et pleura pendant un moment. Il refusait l'idée de devoir laisser ses bêtes, l'idée d'abandonner les montagnes, de devoir se séparer des aubes et des crépuscule majestueux, de ces images de l'astre solaire s'encastrant entre deux montagnes, il voulait vivre en pâtre pour toujours.

Dans un élan de naïveté enfantine, Antoine se saisit de la sphère, l'implorant de lui venir en aide : «S'il te plaît... S'il te plaît petite boule, aide-moi, je veux pas aller à l'école mais maman veut pas comprendre... Je veux pas rester enfermé là-bas !»
Antoine séchage ses larmes avec sa main et reprit la sphère en main. Au contact des quelques larmes, celle-ci s'échauffa un peu. S'en rendant compte, Antoine courut à la salle de bain pour tremper la sphère dans l'eau, en vain. Plutôt que de se chauffer davantage, la sphère retrouva une température normale. Déçu, Antoine reposa la sphère sur l'étagère. Il s'installa confortablement dans son lit et regardait en direction de la fenêtre, les yeux brillants.
Le firmament étoile chapeautait la splendeur des prairies nocturnes. La lueur émise par les étoiles conférait un aspect tout à fait féerique et fabuleux à ce paysage de rêve. La clarté de la lune se reflétait dans les eaux limpides et claires du lac qui se trouvait en aval des collines sur lesquelles était posée la maison. C'est dans une torpeur propre à celle des enfants Qu'Antoine s'endormit, avec un sommeil d'une lourdeur assommante.

Le lendemain matin, Sophie était descendue au village avant l'aube avec les bêtes et les produits de la ferme pour effectuer quelques ventes au marché. Les jours de marché, Antoine se reposait à la maison ou sortait se promener dans la forêt. Il passa sa journée à jouer avec ses figurines de bois. Certaines d'entre elles représentaient des militaires, d'autres des cavaliers du siècle passé, d'autres encore étaient de petits chars d'assaut, des généraux ou encore des loups, des aigles, des buses et des faucons en tous genres, des renards, des hiboux ou des vaches et des marmottes. Le père D'Antoine était un charpentier et sculpteur incroyable, il taillait et vendait les objets qu'il créait et offrait à son fils ses invendus. Son activité représentait l'essentiel des revenus perçus par la famille, mais il avait disparu deux ans plus tôt dans les montagnes alors qu'il cherchait du bois.

Antoine jouait à la guerre comme il disait. Les figurines s'affrontaient dans de vaines batailles marquées par des cris contrefaits et des tirs imaginaires. Il inventait des histoires. Il aimait aussi s'asseoir dans ce qui avait été l'atelier de son père, une petite pièce très haute annexée à la chambre de sa mère. Dans l'atelier dormaient des statues de pierre depuis son départ comme les reliques d'une époque révolue. C'était ses dernières productions. Lorsqu'il se rappela son père, les larmes lui vinrent de manière spontanée. C'est alors qu'il accourut vers sa chambre pour attraper la sphère. Il s'essuya rapidement les larmes avec, ce qui eut pour effet de l'ébouillanter subitement. Antoine la fit tomber pour ne pas se brûler et celle-ci se brisa en trois parties sous le coup de la chute.

Entre Le Noir Et Le BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant