Chapitre 4 : Nouveau Départ.

22 4 0
                                    

Les années passèrent et passèrent. Antoine devint un jeune homme. Il avait 11 ans quand Anaëlle lui apprit ce qu'il était advenu de sa pauvre mère, qui avait périt seule dans les flammes. Antoine mit des semaines entières à accepter cela. Il avait pleuré, plus que jamais, et avait manqué de mourir alors qu'il refusait tout contact avec l'ange puisqu'il avait été réticent à être alimenté.
Toutefois, il finit par accepter ce qui était avec beaucoup de maturité : sa décision avait conduit à la mort de sa mère, et à son expatriation forcée.

Désormais, il s'était remis de tout cela et les troubles de la guerre s'étaient éteints. Aujourd'hui, il entrait dans sa dix-septième année, en paix avec son passé et décidé à mener son avenir avec brio. Il avait finalement accepté l'idée d'étudier, il achevait le cursus scolaire secondaire et se destinait à entrer à l'Université en Droit. Anaëlle avait décidé de prendre chair, et de paraître aux yeux des autres en tant que grande sœur d'Antoine. Elle agirait ainsi jusqu'à sa majorité, c'est-à-dire jusqu'à 21 ans.

A mesure que le temps passait, Antoine approchait l'âge de 21 ans. Anaëlle lui expliquait qu'à cet âge-là la malédiction de l'ange prendrait une nouvelle dimension. Jusque-là, Anaëlle ne pouvait s'éloigner de lui, elle pouvait agir pour son bien sans lui en faire payer le prix et ne pouvait apparaître aux yeux de personne sous sa forme angélique. Mais à partir de ses 21 ans, Anaëlle  pourrait rester loin d'Antoine mais sera contrainte d'exécuter au moins deux actions par jour, une bonne et une mauvaise action. Elle pourrait même lui déférer une partie de ses capacités. Si ces clauses n'étaient pas respectées, l'ange serait arraché à Antoine, qui perdrait la vie par la même occasion. 
À partir de l'âge de 21 ans, Antoine devrait formuler deux vœux auprès d'Anaëlle. Un bon et un mauvais. Un mauvais étant un souhait causant la destruction, la mort, ou une malédiction sur un objet ou une personne. Anaëlle appelait un bon vœu tout vœux qui portait à la réussite, qui témoignait d'un engagement altruiste.
Antoine découvrirait le poids des responsabilités lié au pouvoir. Ce pouvoir qui allait se trouver entre ses mains lui faisait atrocement peur. Il se demandait ce qu'il accomplirait comme méfait par le biais de l'ange. Il ne voulait pas devenir un meurtrier, il n'avait pas envie de devenir une mauvaise personne. Un matin, Anaëlle réveilla Antoine aux aurores et le conduisit dans un pré, en aval du village. 

Anaëlle conduisit son protégé dans un pré. Le blé y poussait à foison, il dorait sous le soleil et serait bientôt prêt pour la moisson. Le soleil commençait à se lever derrière les montagnes et Anaëlle prit la parole. 

-Antoine, tu vas devoir faire quelque chose de mauvais aujourd'hui. 

-Quoi ? Mais que veux-tu que je fasse ? 

-C'est simple, ce pré abrite les moyens de subsistance des villageois, à savoir un blé doré prêt pour la moisson, et des vaches bien fertiles qui donnent du lait et de la viande. Je veux que tu me fasses anéantir le champs de blé ou les vaches. Tu n'as qu'à m'en donner l'ordre. 

-Et si je ne le fais pas ? 

-Si tu ne le fais pas je prends la liberté de détruire le village et ses habitants en provoquant l'éboulement de la montagne sur laquelle le village est assis. 

-Anaëlle ! 

-Antoine, il serait temps d'être conscient du pouvoir que tu tiens en mais, et il conviendrait peut*être enfin d'apprendre à vivre avec. Je fais partie de toi, cela implique des contraintes que tu devras respecter tôt ou tard ! Laisse ta pitié et tes scrupules de côté. 

-Je ne peux pas... Le village va être ruiné par ma faute... 

-Ou détruit par ta faute, c'est selon. 

Un moment s'écoula avant qu'Anaëlle se mit à parler d'un ton menaçant. 

-Antoine ! Décide-toi maintenant. 

-Non Anaëlle ! 

-Tu l'auras voulu ! 

Anaëlle leva le bras et dirigea sa main vers le village. Elle jeta un dernier regard à Antoine et tourna la tête pour regarder le village. Ses yeux se mirent à briller d'une lumière jaune intense, et Antoine s'écria:

-Anaëlle je t'ordonne de tuer les vaches du villages, extermine-les toutes ! 

Anaëlle redirigea son bras pour le pointer en direction du troupeau. Elle leva l'index, et les vaches s'élevèrent et se mirent à graviter en beuglant. Les veaux, les taureaux, les vaches, tout le troupeau semblait en souffrance. Antoine tourna la tête. 

-Regarde, Antoine, regarde ton oeuvre, regarde ton pouvoir. 

Anaëlle ferma brutalement la main et serra le poing, les vaches éclatèrent et un immense fracas de chair et de sang arrosa le blé. Les morceaux de carcasses s'écrasèrent et il ne restait plus rien, ni des vaches, ni des veaux. Anaëlle affichait une expression dure et sévère, presque froide. Ses yeux s'étaient arrêté de briller, puis elle laissa tomber son bras et souffla. Elle jeta un regard sur son protégé, qui s'était effondré, le visage caché derrière les mains. Elle s'approcha de lui, posa sa main sur ses cheveux et lui dit : 

-Un jour c'est de ta main que tu feras ça. 

-Je n'ai fait ça que pour protéger le village, espèce de monstre. 

Elle se posa à terre à côté de lui et se mit à lui chanter les comptines qu'elle lui chantait quand il était petit, tandis qu'Antoine, effaré, songeait à un moyen de neutraliser l'ange et ses pouvoirs.

Entre Le Noir Et Le BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant