-Chapitre 1-

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Je me réveille par les quelques rayons de soleil qui ont réussis à passer à travers les vieux volets en bois. Je jette un œil à la fenêtre et me lève en sursaut remarquant que ce n'est pas celle de ma chambre. J'ai encore dormi dans la Tour. Victoire me regarde d'un air désolé et je m'empresse d'enfiler mes chaussures. J'attrape les quelques livres que j'ai lu la veille et je sors de la petite pièce. Je dévale les escaliers, m'accroupis et rampe dans le long Tunnel qui mène à ma chambre. Arrivée au bout, je soulève le loquet de la petite Trappe et me glisse en dehors. Je me retrouve alors dans mon dressing. Je me redresse avec un mal de dos atroce. J'ajuste ma robe devenue poussiéreuse et détache mon chignon pour laisser tomber mes cheveux. Je regarde ma chambre par la serrure pour m'assurer que personne n'y est. Droite, Gauche, c'est bon, la voie est libre. J'ouvre la porte et me précipite dans ma salle de bain. Je vérifie que mon visage soit présentable puis je retourne déposer la pile de livres sur ma table de chevet. Je baille par manque de sommeil. On toque soudainement à ma porte. Mon cœur fait un bon.

- Entrez!, criai-je.

Je vois ma sœur apparaître dans l'encadrement de la porte.

- Bonjour Perle, me dit-elle un grand sourire aux lèvres.
- Bonjour Jade, répliquai-je.
- Le repas n'aura pas lieu aujourd'hui, m'annonça t-elle, ils reçoivent du monde.
- D'accord, merci, dis-je déçue.

Jade me sourit timidement puis s'éclipse. Nous savons toutes très bien ce que veut dire "Ils reçoivent du monde". Mes parents ont décidés d'inviter des connaissances et nous ne sommes évidemment pas invitées. Il me reste environ une demi heure pour me préparer. Lors des banquets de nos parents, nous devons mettre des robes créées pour l'occasion. Je me dirige vers ma coiffeuse et me démaquille. J'enfile la robe que l'on appelle "robe de prison". Elle est grise, triste, sans coutures, sans formes. Elle descend jusqu'aux chevilles et monte jusqu'au coup. Elle est faite de sorte que les seuls morceaux de peau apparents soient le visage et les mains. Je coiffe rapidement mes cheveux et sort de ma chambre. Je parcours les nombreux couloirs du Palais et arrive devant "le Cachot". Ma mère, Constance, m'y attend déjà. J'enlève alors mes chaussures et les lui tends. J'ouvre, sans un mot, la porte du Cachot. Cette pièce est très grande et n'a pas de fenêtres. Il y a très peu de mobilier, seulement sept lits superposés, un lit double et un grand miroir. La luminosité est tout de même suffisante et le confort également. Je rentre alors dans cette pièce et ma mère ferme automatiquement la porte derrière moi. Je suis la première arrivée. Au bout de quelques minutes, la porte s'ouvre à nouveau, laissant entrer une de mes sœurs.

- Bonjour Célestine, marmonnai-je.
- Bonjour Perle, me répondit-elle.

Sa sœur jumelle ne tarda pas à passer elle aussi la porte. Dix minutes plus tard, nous voici presque au complet.

- Où est Cristal?, cria ma mère.
- Pas la moindre idée, répondis-je confuse.

Ma mère sortit alors furieuse. Je regardai autour de moi toutes mes sœurs vêtues de la robe de prison et leurs pieds dénudés. Leurs visages faisaient peine à voir. Aucune de nous souriait. Cristal arriva enfin, tirée par ma mère qui s'empressa de fermer la porte à clef cette fois-ci. À ce moment là, nous ne savons jamais combien de temps nous allions rester enfermées.

PerleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant