-Chapitre 3-

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Je m'étais endormie quand ma mère entra pour enfin nous délivrer du Cachot. En sortant, je récupérai mes chaussures et filai en direction de ma chambre. J'entre dans celle-ci et me précipite vers mon dressing. Je pousse les robes qui cachent la Trappe et je me glisse dans le Tunnel. Je grimpe les escaliers quatre par quatre et arrive enfin, essouflée.
Cette Tour était abandonnée lorsque je l'ai découverte, par hasard, en fouillant dans mes affaires. La Trappe était cachée derrière une fausse porte de placard. J'ai hésité très longtemps avant de m'aventurer dans le Tunnel. Lorsque j'ai découvert cette petite pièce chaleureuse, j'en suis tombée amoureuse. C'est ma Cachette. Je l'ai aménagée difficilement. Il a d'abord fallu faire du ménage, puis j'y ai installé des coussins et un fin matelas. J'aurais préféré un vrai lit pour plus de confort mais je n'aurais jamais pu le passer dans le Tunnel.
Je me dirige vers la petite fenêtre pour ouvrir les volets. Il fait déjà nuit. J'aime tant cette fenêtre. J'ai une vue privilégiée sur le parc du Palais. Je peux même voir les grilles qui nous séparent de l'extérieur. Je cherche Victoire du regard. Elle est sûrement sortie. C'est une chouette. C'est la seule, excepté moi, qui connait cette Cachette. Je dépose les morceaux de viande, qui étaient dans ma poche, dans son assiette et redescends dans ma chambre.
Je ne reste jamais bien longtemps dans ma Tour pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je n'ai sûrement pas le droit d'être là. Ensuite il fait très chaud ou très froid, tout dépend de la saison. Il y a un trou dans la toiture, le vent y passe sans problème. Lorsqu'il pleut, je mets simplement un seau sous la fuite. Je pourrais reboucher le trou, mais je ne le ferai pas, pour Victoire.
J'arrive dans mon dressing et enlève ma robe de prison pour revêtir une robe de soir. Les robes de soir sont des robes droites, sans formes. Celle que je porte est bleu nuit avec un haut bustier. Elles sont beaucoup plus confortables que les robes de jour. J'enfile des chaussures et entre dans ma chambre.
Nous avons toutes des chambres  avec salle de bain et dressing sauf les jumelles qui n'ont pas de dressing. Elles sont réparties sur les deux étages. Il y a huit chambres par étage. Un grand lit trône au milieu de la mienne. Des moulures font le tour du plafond. Ma chambre est entièrement blanche avec des ornements argentés sur les meubles. C'est un choix personnel. Nos parents nous laissent toujours le choix. Je détestais ma chambre autrefois. J'enviais mes soeurs qui avaient un balcon. De plus, la mienne est la plus petite et a une vue à l'est. Je ne vois que des arbres tandis que mes soeurs surplombent les grands jardins. J'ai essayé sans relâche de pouvoir échanger ma chambre jusqu'au jour où j'ai découvert ma Cachette. Je vois désormais ma chambre comme une chance. Elle est unique. Les autres se ressemblent trop. Je me sens d'ailleurs parfois trop mise à l'écart. Ma chambre est tout au bout du couloir et la porte se cache derrière un grand escalier en colimaçon en marbre qui mène au deuxième et dernier étage. La chambre la plus proche est celle d'Opale. Malheureusement, elle ne sort pratiquement pas car elle est constamment en train d'étudier.
L'école au Palais se fait à domicile. C'est ma mère qui nous a, à toutes, enseignée les matières principales telles que le Français, les Mathématiques et l'Histoire-Géographie. Pour toutes les autres matières, c'est Angélique qui s'en charge. Cette femme est très gentille. Elle est arrivée ici à la naissance de Cristal car elle a été sa nourrice pendant que ma mère partait en congrès. Depuis elle a fait une formation d'éducatrice royale pour assister ma mère. Elle réalise son travail à merveille. Le problème d'avoir quatorze filles à éduquer c'est que l'on a pas le même âge. Il faut donc accorder du temps à chacune d'entre nous. Les cours avec notre mère sont en commun. Elle adapte les leçons ainsi que les exercices en fonction de notre niveau. Les cours avec Angélique se réalisent dans nos chambres. Nous passons toutes 3 heures par semaine avec elle. À 18 ans, nous passons notre Bac, comme les étudiants de l'extérieur. Nous pouvons choisir notre fillière, mais peu importe notre choix puisque nous ne pratiquerons jamais de métier. J'ai choisis la S car l'économie et le français ne m'interressent pas beaucoup. Après le Bac, nous décidons si nous voulons continuer ou pas nos études. Moi, j'arrêterai. Je ne vois pas l'intérêt d'apprendre des choses qui ne nous servirons pas. Actuellement, les études me servent à comprendre le monde extérieur. La lecture aussi m'aide beaucoup. Je souhaite tellement pouvoir passer ne serait-ce qu'une journée dehors.
Je tourne en rond, ne sachant pas quoi faire. Soudain on frappe à la porte...

PerleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant