Épisode 3

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III- Comment Erian recroisa le chemin de Reyes, et comment ils devinrent partenaires du crime.



Cela s'était produit le 14 février, qui comme chacun le sait, était le jour de la St-Valentin.

A ce moment-là, Erian vivait toujours dans un petit appartement qu'elle louait depuis 2 ans, situé dans une ville de Bourgogne, c'est à dire, là où elle avait toujours vécu. Elle avait 21 ans et presque un mois, et elle se sentait affreusement déprimée depuis le départ de Aaron pour Bordeaux, début Septembre.

Il était entré dans une grande école, histoire de se lancer dans le Droit. Rien que ça. De son côté, Erian avait fait deux ans de prépa scientifique dans une école d'ingénieur réputée, et juste avant que son vrai cursus ne commence, elle avait pris peur, et avait abandonné. A présent, elle s'occupait de traductions, bossait quelques jours par semaine dans une librairie, et arrondissait les fins de mois en vendant ses talents de dessinatrice. Son rêve était d'un jour réussir à pondre un roman potable, de le publier, qu'il devienne un best-seller, et qu'elle puisse enfin s'acheter une Playstation, pour jouer à Assassin's Creed. Le problème principal était que l'idée géniale qui serait la base de son roman ne voulait pas daigner tomber du ciel, et qu'en attendant que cela vienne, Erian ne faisait... et bien, rien.

C'était pour cela, que ce soir-là, Erian avait prévu la même chose que les 14 février (1) des 21 années précédentes, c'est à dire, préparer un tête à tête romantique entre elle et la solitude, à l'image de son existence.

Si au moins il y avait eut Aaron, ils auraient pu être déprimer ensemble, en gueulant sur la société de consommation, le capitalisme, ou quoi que soit qui méritait qu'on lui crache son amertume au visage. Mais Aaron lui avait répété au téléphone que non, il ne pouvait pas venir, que le train coûtait cher, et qu'en plus, il se pouvait bien qu'il dînât avec quelqu'un ce soir là. Erian avait lâché un « Traîtresse » venimeux, avant de retourner s'affaler sur son vieux canapé. Un short en jogging, un vieux T-shirt, l'intégrale de Iron Sky, une main dans un pot de Nutella, et l'autre dans un paquet de chips (2), était la formule de sa soirée de célibataire. Erian songea que, même si elle la passerait sans aucun membre de la gent masculine, sa soirée allait être géniale. A peu de chose près, elle n'avait pas tort.


Une seconde plus tard, la sonnerie de la porte retentit.

Après avoir lâché un grognement qui ressemblait plus au cri de grâce d'un warg tuberculeux qu'à un soupir de désespoir, Erian se leva (3).

En passant devant la baie vitrée, elle vérifia, comme toute bonne demoiselle, que son visage n'était pas recouvert d'un masque de patates grillées au four, de pâte à tartiner chocolat noisette, et de ses larmes salées pour lier le tout. Comme cela n'était pas le cas, et qu'elle était à peu près sûre de porter un soutient-gorge, elle se dirigea vers la porte de son appartement.

Son côté romantique (4) lui soufflait que l'inconnu derrière la porte était peut être un grand et beau blond aux yeux bleus. Le genre prince charmant, en costume-nœud-pap' , qui se tenait là car il l'avait croisée à la librairie, quand elle rangeait avec amour et respect les bouquins de science-fiction sur les étagères (5) , et qui était tombé follement amoureux d'elle au premier regard. Il l'aurait ensuite suivie jusque chez elle, à cela de différent d'un psychotique stalker (6) qu'il était gentil, intelligent, attentionné et drôle (7).

Mais quand Erian ouvrit la porte, elle ne vit pas de beau blond. Juste un grand méditerranéen à la peau mate, aux yeux bruns et cheveux châtains, qui affichait un sourire aguicheur. Finalement, elle voulait bien accepter l'échange.

Opération CupidonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant