Les autres Filmor

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       La nuit tombe. Je vais bientôt pouvoir sortir. Enfin. Je ne sors pas pendant la journée, les humains sont bien plus observateur le jour.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir. Derrière ma capuche j'aperçois quelques unes de mes mèches blanches qui cherchent à s'échapper. Je me demande bien pourquoi père m'a donné des cheveux blanc. Peut être que je les avaient teint avant de mourir. Ca ne m'étonnerais pas au vu des piercing à l'arcade et et à l'oreille qu'il à bien gentiment remis en place.

Cette fois ça suffis. Je tourne le dos à ce fichu miroir et escalade le balcon. Je passe les habituels obstacle que mon père ne changera jamais et me retrouve enfin dans la rue sombre. Je me sens bien plus chez moi dans la nuit, au coeur de cette ville de pierre grise que dans ma propre maison. Je me sens moi même ici. Personne pour me juger ou pour me regarder de travers. Tant que la lumière ne souligne pas mon corps mécanique, je me sens bien. Je me sens vivante.

Je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je vais peut être chercher un autre tournois de combat clandestin, mais le temps de récolter toutes les rumeurs et démêler le vrai du faux me prend trop de temps.

J'arpente alors la rue en traînant les pieds. J'esquive les halo des lampadaires. Slalome entre les poteau au bord des trottoirs. J'écartes les bras et me met sur la pointe des pieds. Je souris. Je me sens petite fille. Je ris, piétine le sol au rythme d'une danse que je ne connais pas, suivit par mon souffle tout nouveau. Je découvre une nouvelle façon de me voir, et j'aime ça ! Je tourbillonne au milieu de la route, passe d'un pied à l'autre. Je me sens légère, gracieuse, mon souffle s'accélère en même temps que ma danse, j'aime ça ! J'aimerais avoir une robe, une robe blanche, la voir tourbillonner autour de mes cuisses, mes cuisses faites de chairs, de muscle et d'os. Je ressens un sentiment que je ne pensais jamais ressentir. Cette joie enfantine, cette simplicité est si humaine ! J'aime ça !

- Hahaha !!

Je sursaute. Ce rire gras et rauque surprend ma danse. Je me sens honteuse. Pourquoi ? Pour avoir danser au milieu de la route ? Ou pour m'être prise pour ce que je ne suis pas ? Je me tourne vers l'ombre qui, planté  à quelque pas de moi, continue de rire :

- T'es une drôle de machine toi ! Je savais bien que tu sortirais ce soir aussi, Filmor.

- Qu'est ce que tu me veux, la Montagne ?

- Oh, tu vois dans le noir petite ?

- Non, je reconnais l'odeur.

Il se remet à rire. Puis il s'avance vers moi, s'arrêtant juste devant moi. Il m'examine de haut en bas puis pose une main sur ma taille. Je ne bouge pas :

- Tu es plutôt bien foutu, Filmor, du moins de ce que je sens. Je me demande comment c'est fait la dessous.

Il s'agrippe à mon sweat et commence à tirer dessus. Je vois ses grandes dents jaunes se découvrir derrière son sourire carnassier. De son autre main il fait glisser ma capuche. Je ne bouge toujours pas, je me contente de le regarder et le laisser faire. Mes cheveux son ramassé en un chignon grossier qu'il défait lentement. Je le vois contempler la chute de mes boucles blanche qui viennent encadré mon visage à la peau pâle :

- Tu sembles bien moins agressif qu'hier, la Montagne.

- Je n'allais jouer avec toi devant les autres. Je préfère te garder pour moi. Et puis, je ne m'attendais pas à me faire battre par une Filmor.

- Je ne m'appel pas comme ça.

- A oui ? Tu as un nom ?

- Eliane.

Il lève ses gros sourcils broussailleux et se remet à rire, bien plus fort cette fois :

- La fille Filmor ?! Hahaha, elle est bien bonne celle-là.

- Pourquoi tu ris ?

- Allons, mignonne, tu penses réellement être sa fille ?

Je recule. Quoi ? Que veut-il dire dire ?

- La petite Eliane est morte il y a 3 ans.

- Oui, ça fait 3 ans que je suis activée.

- Allons, on ne ramène pas les mort ! Ewood voulait remplacer sa fille chérie, il t'a sans doute créé à son image.

- C'est faux! 

Je le dévisage, incrédule, je ne comprends pas. Pourquoi me dit-il ça ? Je suis la preuve même que mon père peux faire revivre quelqu'un !

- C'est lui qui t'a dit que tu étais sa fille ? Et tu le crois ?

- Bien sûr ! J'ai un cerveau, le mien !

Il se remet à rire :

- Tu es vraiment un drôle de machine. Parce que tu crois qu'il ne peut pas se fournir en cerveau ? Tu crois être sa seule créature ? Hahaha, elle est bien bonne celle-là ! Non, mademoiselle. Tu n'es pas la seule Filmor qui existe ! Elwood à ramassé beaucoup de fille de joie et de clodo dans la rue pour les transformer en monstre tel que toi. Sauf qu'eux étaient réellement monstrueux. Faut dire qu'à l'époque, le vieux Elwood n'avait pas encore de savoir faire. Tu es son plus beau spécimen.

Quoi...quoi...mon père...à fait des expérience sur des humains ? Pourquoi il ne me l'a pas dit ? Je suis qui ? Je suis quoi ?!

La Montagne me ramène à lui, enserrant ma taille entre ses bras :

- D'ailleurs le merveilleux baiser que tu m'a offert à une trop bonne expérience pour la gamine de 17 ans qu'était Eliane. Tu n'étais qu'une catin des rues, et tu reste une catin ! Mécanique.

Je respire fort. Qu'est ce qu'il m'arrive. J'ai envie de...de...

- Tu veux pleurer chérie ? On dirait que tu ne peux pas. Tu dois bien être la première. Tous les Filmor que j'ai vu ne faisaient que ça, chialé sur leur sort !

Je tend mon bras pour le gifler, mais il me saisit le poignet et enfonce sa langue dans ma bouche. Ca suffis !

Je lui saisit la gorge, la presse avec force et écrase son corps contre le bitume. Mes dents grincent entre elles et les traits artificielles de mon visages se tendent à l'extrême :

- La ferme gros porc ! Ne me touche pas ! Je pourrais très bien te tuer si je le voulais !

Je pause ma paume gauche sur son front. À son regard affolé je comprends qu'il a remarqué le cercle glacé du canon de l'arme à feu dissimulé dans mon bras. Ça gorge bouge sous ma main alors qu'il déglutit :

- Si je te revois, je t'offre le baiser de la mort !

Je me lève, donne un grand coup de pied dans son crâne mou et me met à courir. Quelque chose de bizarre s'agite en moi. Je veux hurler, pleurer, sentir mon coeur absent m'écraser la poitrine. Je ressens et en même temps, je ne ressens pas. Je cours aussi vite que je peux, les cheveux virevoltant dans tout les sens, s'insinuant dans ma bouche. Je dois savoir, oui savoir ! Qui je suis, qu'est ce que je suis. A quoi rime ma vie ? Ou plutôt ma mort ! Pourquoi suis-je ici, pourquoi suis-morte ?! Qui je suis...cours, cours plus vite Eliane, la maison n'est plus très loin...Et si je ne m'appelais pas Eliane ?!

      Qui je suis ? QUI !!

MécaniqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant