Elwood

102 20 7
                                    


         J'escalade le muret de pierre qui entoure notre maison. Mon père est très méfiant et à posé une ligne de barbelé de l'autre côté. Peu importe, de toute façon je ne sens rien. Mais je n'ai pas envie de déchirer mes vêtements. Du coin de l'oeil je repère le noisetier qui pousse au milieu du jardin et qui étend ses branches au delà du muret. Je me dirige lentement vers lui et saute pour en saisir sa plus basse branche. Sans un bruit, je longue ses bras boisé et atteint le balcon de ma chambre. Je me glisse entre les battants de ma fenêtre et me faufile dans la pièce.

J'aurais aimé qu'il ne se passe rien d'autre.

A peine je pose le pied sur la moquette, que la lumière s'allume. Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir que mon père est adossé au montant de ma porte, sa pipe entre les dents et son regard réprobateur sous les lunettes :

- Eliane...soupire-t-il

- Bonsoir père.

- Tu es encore sortit sans mon autorisation ! Qu'est ce que tu es partie faire cette fois ? Ne me dit pas que tu es retourné dans cet ignoble bar !

- Non, pas cette fois.

Je remonte mon pantalon et me dirige vers ma commode en bois. Mon père à beau être un scientifique en robotique, il adore les vieux meuble en bois. Je sens sa présence dans mon dos :

- Montre moi tes bras.

Je m'exécute. Mais ils n'ont rien, n'ayant pas reçu de coup durant le combat. En revanche je ne dirais pas la même chose de mes épaules et de mes jambes :

- Enlève ton sweat.

Je ne fais rien :

- Pourquoi ?

- Tu sais très bien pourquoi ! Dépêches toi ! Et montre moi tes jambes aussi.

Je m'exécute, non sans pousser un soupire agacé. Je retire mon sweat et mon pantalon, me retrouvant en culotte débardeur devant mon propre père :

-Ne fait pas cette tête, c'est moi qui est modelé ton corps, je le connais mieux que toi.

Il observe mes épaules, mon dos et mes jambes. La couches de peau synthétique qui recouvres chaque plaques de mon corps est éraflé et parfois même arraché à certains endroit. Père grimace et retire sa pipe d'entre ses lèvres :

- Tu n'es pas croyable ! Tu sais que ta peau est très difficile à concevoir. J'ai passé tant de temps à reproduire une véritable peau, jusqu'à tes capteur sensoriel et voilà ce que tu en fais ! Tu ne t'auto répare pas comme nous.

- Tu veux dire comme les humains ?

Le sujet sensible est lancé ! Je lance à mon père un regard plein de reproche. Mais il ne baisse pas les yeux, il ne le fait jamais. D'un léger mouvement de tête il m'intime d'aller dans le laboratoire au fond de la maison. J'obéi, c'est tout ce que je peux faire. Cette homme à fait de moi ce que je suis, il m'a sortit de la mort et n'a cessé de perfectionner son art robotique sur moi. Toujours de plus en plus sophistiqué, j'ai vu mon corps évolué et grandir au fils des années.

Je ne suis peut être pas si éloigné des humains.

Mon père n'avait qu'un seul et unique but. Faire de moi la fille qu'il a perdue. Je ne suis plus celle que j'étais avant ma mort. Et ce n'est pas en tentant de rendre mon corps plus humain, que je le redeviendrais.

Mais ça il s'en fichait. Elwood Filmor était un homme obstiné, un scientifique passionné et un père inconsidéré.

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