L'immeuble en ruine

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       Le ciel est noir, emplit de nuage menaçant, sans lune ni étoile. Le vent sifflant s'engouffre entre les bâtiments entraînant avec lui des relents de poussière et de moisissure. Je ne peux m'empêcher de fixer l'immeuble devant moi. Il est délabré, les briques rouge écaillés de toute peinture plantent leur dents rougeoyantes dans les trou béant des décombres des murs. Quelques draps sales claquant au vent s'efforcent de masquer les crevasses du bâtiment.

Il est là. Je perçois le grésillement de ses interférences.

Un coup d'œil sur la gauche dévoile un silencieux lycée, dormant au creux de la nuit. Ai-je été dans cet établissement ? En tout cas ce paysage ne m'est pas inconnu. Il me semble d'ailleurs bien étonnant qu'un tel bâtiment, délabré depuis plusieurs année, soit resté ainsi près d'une école. Cette ville n'a donc aucune considération pour elle même ? De toute façon, cette ville n'est plus la mienne depuis ma mort. Alors à quoi bon lui chercher des excuses.

Je m'avance et m'engouffre dans la gueule poussiéreuse du bâtiment. Le grésillement de l'interférence bourdonne dans les oreilles. Je suis calme. Pourquoi suis-je aussi calme ? Je ne connais pas cet situation, je n'y ai jamais été confronté. Mon cerveau ne sait pas comment réagir. Du moins, il ne sait plus. Alors il reste calme. Je ne ressent rien. si ce n'est une étrange vibration au niveau de plexus solaire. C'est agréable. Je n'en comprend pas encore la signification, mais elle réchauffe mes articulations. Je me sens légère.

Gravissant les marche quatre à quatre, le pas léger comme celui d'un chat, j'ai la sensation de divaguer. Je ne me rend pas dans la tanière du loup, non, il n'y a aucun danger dans mes pas. Je me promène. Je monte les escaliers, à l'affût de la moindre variation de l'interférence. Brusquement, la tonalité se fait plus forte. Je m'arrête au pallié et tend l'oreille :

"Encore...encore un peu..."

La voix de l'étranger claque dans mon crâne, comme un écho. Il ne parle pas...je n'entend pas un bruit en dehors de ma tête. Il pense...je capte ses pensés :

"Juste quelques instant...avant d'en finir"

Un mouvement ! Derrière la porte de gauche. Elle est entrouverte. Je me plaque contre le mur et glisse un œil au travers de la fente. La pièce est sombre. Les lumière de la ville ne parviennent pas à percer le drap sale qui couvre une crevasse dans le mur. Il me semble apercevoir un vieux matelas. Il est dessus. J'en suis sûr. Une large masse noir, immobile, posé sur les mieux ressort grinçant :

- Tu es bien plus silencieuse que la dernière fois où tu venu.

Sa voix mécanique coupe court à ma réflexion. Mes phalanges se crispe sur la poignée de la porte et j'entre. Inutile de se caché à présent :

- Ta nouvelle respiration te trahis. C'est dommage.

Il est bien là, assit sur son matelas ronger d'humidité. Il me tourne le dos. Que suis-je censé faire ? J'examine la pièce, aucune trace de mon père. Il ne reste que peu d'option. Je tourne mon visage vers la masse encapuchonné. Soit il l'a tué, soit il le tient devant lui :

- Tu n'as pas retrouvé cet endroit seule, je me trompe ?

Je n'ai pas envie de lui répondre. Sa voix, bien que dérangeante par son cliquètement, ne m'effraye pas. Il se lève. Mon corps se positionne, près à frapper. Je me méfie :

- Tu n'as pas non plus apporté les lunettes que je t'ai laissé ?

- Où est mon père !

Il se retourne. Il est seul. Ses deux bras armé de mains tranchantes pendant le long de son corps voûté. Je ne vois toujours rien de lui, si ce n'est ses mains et son œil rouge, qui semble pivoter sur lui même comme un objectif d'appareil photo. Il m'inspecte ? Me jauge ? Si il croit pouvoir m'impressionner. Dans cet espace restreint, j'ai l'avantage, sa vitesse ne l'aidera pas ! Je sens l'articulation de ma lame de démanger, j'ai envie de la sortir. Sans elle, j'ai moins de chance d'avoir le dessus. Mais engager les hostilité n'est peut être pas une bonne idée. Je suis une machine, je suis censé réfléchir avant d'agir non ?

Mais il ne bouge pas, il ne m'attaque pas. Il ne semble même pas hostile. Il se décale légèrement sur le côté :

- Tu ne veux pas t'asseoir ?

- Non merci. Je veux que tu me rend mon père !

- Je ne l'ai pas. Je ne sais pas où il est.

Surprise, j'abaisse ma garde et me redresse. Qu'est-ce que ça voulait dire. S'il n'avait pas enlevé mon père, où était-il ? Et pourquoi...

- Tu ne va pas me faire croire que tu as pénétré chez moi juste pour laisser ta stupide paire de lunette ?!

- Crois ce que tu veux. Je ne cherche pas à enlever ton père.

- Mais bien sûr, et la dernière fois, tu es passé pour le vendre des chocolats ? Tu as essayé de le tuer !

- Oui.

Un long soupir s'extirpe de mes lèvres. Il me mène en bateau c'est pas possible. Un coup il me ment et le coup d'après il est sincère. C'est pas vraiment comme ça qu'on joue aux échec. Même si sa stratégie est déstabilisante, ce n'est pas en me dévoilant sont jeu par moment qu'il va gagner. A moins qu'il ne soit idiot, ce dont je doute :

- Qu'est ce que tu veux ?

- Me venger. Du moins c'est ce que mon corps veux. Mais moi je désir que retrouver ce que j'ai perdu.

"Avant de disparaître..."

Ce n'est pas sortit de sa bouche. Sait-il que je captait ses pensées ? Et lui...capte-t-il les miennes ?! Je plonge mon regard dans sa lueur rouge. Dis moi. M'entends-tu ? Arrives-tu à briser ma protection ? Captes-tu le moindre de mes mots ? Répond moi, et je répondrais à tes attentes !

Silence. Rien, il ne dit rien. Alors il ne peut pas. Seul moi y parvient. C'est une connexion à sens unique :

- Que cherche-tu à retrouver ? Dit moi.

- Toi.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 30, 2017 ⏰

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