La visite

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       Ça doit bien faire 3 heures que je suis là, allongée sur mon lit à contempler le plafond. Je n'arrête pas de penser que quelque chose ne va pas. Pourquoi moi et pas ma mère ? Visiblement, mon père tenait plus à elle qu'à moi. Pour lui je ne suis qu'une expérience, il aura beau dire, à ses yeux je ne suis plus sa fille. A moins que rien n'est changé. Peut être qu'il s'est toujours comporter avec moi de la sorte. Tu parles d'un père modèle.

Je me relève, fatiguée de toutes ses questions. Si seulement je pouvais me rappeler de ma vie avant la mort. Évidement, le bout de cerveau qu'il me manque est la partie qui gère la mémoire. A croire que c'est fait exprès.

Je ne sais pas quoi faire, des fois je me dis que je devrais me trouvé un passe temps, un hobby comme les humains. Je commence à faire les cents pas autour du petit tapis rond au centre de la pièce. Je marche. Tout simplement. Un pas après l'autre en posant le talon d'abord. Pieds droit, pieds gauche. Puis je change, pieds gauche, droit. Pointe en avant. Cheville tendu. Je pose mes orteils sur le sol et soulève mon corps, l'autre jambe tendu en l'air, à l'horizontal. Mon bras s'élève au dessus de ma tête, en arc de cercle. Je pose le pieds, me remet sur la pointe, tourne, tourbillonne, danse.

Je danse.

Quand mon corps s'ennuis, il danse. Et j'aime ça. Je souris, je l'ai peut être déjà mon passe temps. Je me sens si légère quand je fais ça. Mes pieds et mes mains se positionne automatiquement suivant les quelques souvenirs qui s'était gravé dans mon cerveau.

Brusquement, un bruit. Un grésillement dans mes oreilles. Comme une radio captant un signal. C'est ce qu'il se passe, je capte un signal. Mais quel signal ? De quoi ? Je connais chaque onde radio du quartier, et celle ci, je ne la connais pas. Je m'agenouille sur le tapis et écoute. Je ne perçois pas de mots, juste un bruit sourd et rauque...comme une respiration, cliquetante comme des rouages mal équilibrés. Et un rire. Un rire calme, assuré. Il va se passer quelque chose. Je ne sais pas où, et je ne sais pas qui ; mais je ressens quelque chose d'étrange. Pourquoi est-ce qu j'entends ça ? Pourquoi mon cerveau s'alerte ?

J'essaye de me lever mais mes jambes restent clouées au sol. Et elles tremblent. Bordel pourquoi ? Je tremble encore à mon insu ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ?!

"Enfin..."

Je lève brusquement la tête, le signal parle. La voix rauque susurre des mots, je les entends, ils me font l'effet d'un poignard dans la poitrine, je n'ai pas de coeur et pourtant j'ai l'impression qu'il se serre dans ma poitrine. Mon souffle se fait saccadé, pourquoi ? Pourquoi je réagis comme ça ? En trois ans de vie mécanique jamais je ne me suis sentis comme ça...Je me sens si...si affolée, pourquoi ? Si triste, pourquoi ? Si...si...humaine...pourquoi ?!

J'ai envie de...pleurer...pourquoi ?!

"Enfin ! reprend la voix, je vais enfin pouvoir nous venger. Tant d'année...tant de douleur...je peux enfin me lever et te revoir !"

A qui parle-t-il ? Moi ? Ce signal m'est-il destiné ? Je dois me lever, me reprendre, je ne suis ni humaine ni sentimental ! Bordel ! Je suis Mécanique, un monstre, une machine, sans coeur et sans vie. Je me lève d'un bond. Où est-il ?

- Où es-tu ?!

Pas de réponse. Je suis peut-être juste parano...ça peut être parano un robot ?

Brusquement, se sens le sol trembler. Un bruit sourd résonne dans le couloir. Quelque chose de lourd est tomber en bas. C'est bizarre. J'entends une série de bruit suivit de tremblement, comme si on déplaçait ou jetait les meubles. Le signal dans mes oreilles se fait plus fort, mais il n'y a plus de phrase, seulement la respiration rauque et le rire qui se font plus rapide. Je me déplace dans le couloir pour mieux entendre. Il y a des bruit de pas précipiter et d'autre son, plus sourd...Une bagarre ? Quelqu'un se bat dans le salon en bas ? Qui pouvait bien être chez nous à cette heure, et avec qui ? Père ? Je le croyais dans sa chambre. Il est peut être descendu. Une hésitation me parcours le corps. Pourquoi j'irais voir ? Si il a des ennuis c'est son problème ! Pourquoi l'aidrais-je ?

"Tu es là !"

Je me retourne. Personne. Ce n'est donc pas moi qu'il cherche. Brusquement un hurlement retentis dans tout le couloir. C'est mon père, je le reconnais. Mes pieds hésitent encore à courir. J'y vais ? J'y vais pas ? C'est peut être qu'un cambrioleur, et si j'appelais la police ?

"Bonsoir professeur !"

Cette phrase se dédouble dans mes oreilles elle provient du signal...et d'en bas. Je n'hésite plus. Je m'élance dans l'escalier, dévale les marche, manque de glisser sur le tapis et me plaque contre le mur mitoyen au salon. Je passe discrètement ma tête par l'encadrement de la porte. Une énorme masse couvert d'une cape noir se tient là, de toute son immense carrure, devant le canapé. Devant le corps de mon père. Il respire, je vois sa poitrine se soulever, mais son crâne est tâché de sang et il semble évanouit. Je sors la lame de mon avant bras et arme l'arme à feu de l'autre. Silencieusement, je me glisse dans son dos :

"Elwood, après tant d'année, je peux enfin vous revoir. Je vais enfin pouvoir nous venger ! Je vais vous prendre ce que vous m'avez prit !"

Il lève la main au dessus du corps inconscient de mon père. Mais ce n'est pas une main humaine, elle est mécanique. Je me fige, ses doigts sont comme de longue aiguille métallique s'articulant grâce à des rouages. Il est...comme moi ?

Soudain, il se retourne, comme s'il m'avait entendu :

- Qui es-tu ?! s'écrit-il

Ma capuche est enfoncé sur ma tête, il ne voit pas mon visage. Mais je ne vois pas non plus le sien, tout son corps est enroulé dans un grand manteau noir à capuche. On a au moins ce point en commun.

- Toi qui es-tu ?! Que fais-tu ici ?

- Ça te regarde pas !

Il fait un pas vers moi. Je ne lui laisserais pas le temps de me toucher. Je me jette sur lui, lame en avant. Mais son bras me percute en m'envoie volé contre le mur. Il est rapide pour sa taille. Je me suis juste laisser surprendre. Je me relève de derrière le fauteuil sur lequel il m'a envoyé. Je sens ma capuche retomber et mes cheveux se déverser sur mes épaules. Zut, ça va me gêner.

"Non..."

Son signal imprègne encore ma tête, mais ce coup ci, il ne le dit pas. C'était comme si...j'entendais ses pensées. Du moins quelques unes.

"Ce n'est pas possible...pas elle"

- Eliane...souffla-t-il

Sa voix rauque s'étrangla presque à ce mot. Il me connait ?! Je fixe ce qui devait être son visage mais ne vit qu'un point rouge clignotant à un rythme régulier :

- Ça ne peut pas...tu ne peux pas...Je t'ai vu ! Hurle-t-il

Il se jette subitement sur moi et m'attrape le visage. Ses deux mains sons composé de longues baguettes de métal articulé et ses paumes sont composé d'une étrange matière qui se veux souple mais qui reste soumis à un mécanisme rigide de mouvement à l'intérieur. Une version primitive de ma peau ?! Il tourne mon visage en tout sens et me soulève du sol. Je lève ma lame mais il me lâche et recule :

- Non...NON !

Il se saisit le crâne en hurlant. Son cri se répercute dans ma tête, perce mon système auditif et je m'écroule au sol. Ma vision se trouble, elle tremble comme sous l'effet du hurlement.

Un assourdissant fracas retentit et soudain, plus rien. Le calme. Plus de cri, plus de bruit. Le silence. Je relève la tête, l'étranger à disparut en enfonçant la porte d'entrée. Charmante attention.

Je me tourne vers mon père, toujours inconscient sur le canapé, une légère blessure au front. Je ne sais pas trop ce que signifiais tout ça, mais une chose est sûr, il va me devoir encore plus d'explication !

MécaniqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant