La réponse

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       Plus vite ! Plus vite ! Pourquoi n'apparaît-elle pas ? Où est cette foutu maison ?! Elle n'est plus très loin pourtant. Alors pourquoi je ne la vois toujours pas ? A croire que plus je cours et plus elle s'éloigne. Maintenant, ça suffis.

J'active les deux moteurs de mes pieds, sans m'arrêter de courir. L'air comprimé à l'intérieur de mes chevilles s'échappe de leur prison et me propulse dans les airs. Elle est là ! Je la vois, éclairé par la lumière de la lucarne centrale de l'immense toit. La chambre de père ! 

Mon corps se met soudain à redescendre, la gravité entraînant vers le bas mes membres mécaniques. Foutu gravité ! Je suis juste au dessus du muret en pierre. J'attrape de justesse la branche de l'arbre qui grince péniblement, mécontente du mauvais traitement que je lui porte. Tant pis pour elle. Plus rien ne m'importe, et encore moins une branche d'arbre ! Je ne désire qu'une chose : Savoir !

Je saute et atterris sur le chemin de galets blanc qui trace l'entrée du manoir. Mes moteur aillant de nouveau comprimé de l'air dans mes chevilles, je me propulse de nouveau vers le ciel, tout droit sur la lucarne. J'attrape La poignée de a fenêtre entrouverte, la tire violemment et entre.

Mon père est là, assit à son bureau, tapant à son ordinateur. Il ne me regarde pas, il n'a même pas eu ne serait-ce qu'un mouvement lors de mon intrusion. Je suis calme alors que l'intérieur de mon cerveau bouillonne de question et de sensations. Je suis droite, devant lui, le souffle légèrement haletant de ma course folle. Et pourtant, il continue de taper :

- Tu t'es trompé de fenêtre. Me dit-il calmement

C'est tout ce qu'il a me dire ? Je débarque comme une folle dans sa chambre et c'est tout ce qu'il me dit ?! Cette fois je craque. Je le saisit par l'arrière du col de son impeccable chemise blanche et le jette sur son lit. Il étouffe un cris, s'étranglant presque sous la pression du col sur sa gorge. Je plonge sur lui, comprime son torse entre mes cuisses et arc mon corps vers son visage surpris. Je respire fort, la mâchoire crispée et les yeux emplit de rage. Je le tiens par le col et le soulève légèrement. Mais je ne dis rien. Mon souffle est trop rapide et je dois mettre de l'ordre dans mes pensées. Je ne sais pas par quoi commencer, quoi lui demander. Tout ce que je sais c'est que mon cerveau est entré dans une rage folle :

- Qu'est ce qu'il y a ? demande-t-il calmement

- Ce qu'il y a ?! Tu oses me le demander ainsi ?

- Je vois que tu es énervée. C'est une bonne choses, tu va apprendre à maîtriser cette nouvelle émotion. Maintenant, laisse moi, j'ai du travail.

Je reste sans voix. Figée dans ma rage et mon incompréhension alors qu'il me regarde d'un air las. Je lève le poing, prête à le frapper. Dieux que j'ai envie de le frapper ! Brusquement je sens mon bras bouger tout seul. Je tourne la tête. Je tremble. Je tremble ?! Comment est-ce que je peux trembler sans le vouloir ?

- C'est bon ? Tu as fini tes enfantillage ? 

Je me tourne vers lui, je n'arrive à rien comme ça. Cette rage ne fait qu'embrouiller mes pensées. Je dois reprendre le dessus, me calmer, lui demander !

- Pourquoi tu ne m'a jamais rien dis ? Sur les autres Filmor ?

- Tu te décides enfin à parler. Que veux tu savoir ?

- Est-ce que je suis réellement ta fille ? Où une putain des rue que tu as ramassé ?!

Son visage s'assombrit. Il pose sa main sur mon torse et me repousse pour s'asseoir sur le lit :

- Ne me redis plus jamais ça !

Il se lève et se dirige vers son bureau. Je lui saisit l'épaule et le force à se tourner vers moi :

- Oui ou non ?!

- Tu as été ma fille, et même si a présent tu n'es plus humaine, tu le reste à mes yeux. Tu as été et tu resteras Eliane Filmor, ma fille !

Il retourne s'asseoir et se replonge dans son écran, le visage sombre. Je reste là, au milieu de la pièce. Je ne me sens pas mieux, il y a toujours quelque chose qui ne va pas :

- Je ne suis pas la première que tu ressuscite n'est-ce pas ?

- En effet, il m'a fallut plusieurs essaye avant de réussir complètement. Il est vrai que je ramassais les cadavres dans la rue. Mais tu es mon seul succès.

- Pourquoi pas maman alors ?

Il s'arrête de taper, mais ne bouge pas. Il reste là, la tête baisser et la lumière de l'écran se reflétant dans ses petites lunettes rondes :

- Pour ta mère...c'était trop tard.

- Comment trop tard ?! Tu m'as bien ramené sans coeur, sans organe et avec seulement les trois quart de mon cerveau !

- A cette époque je ne maîtrisais pas bien la chose. Et je ne voulais pas faire de ta mère une de mes créatures.

Je sens mes mains se serrer à cette réponse. Ce n'est pas celle que je voulais. Je ne sais pas ce que je voulais réellement, mais ce n'était pas ça. Tout sauf ça même. Je calme ma respiration qui commence à s'accélérer :

- Alors que moi, ça ne t'a pas gêner de me transformer en monstre !

Il ne dit rien. Le silence plane entre nous. Comme il l'a toujours fait :

- J'ai bien ma réponse, je suis bien ta fille. Il n'y a que toi pour faire de ta fille une expérience scientifique. Tes autres créatures on eut la chance de ne pas survivre à tes expériences !

Il lève subitement la tête et s'apprête à se retourner pour me répondre. Mais je ne veux plus l'entendre. J'ouvre brutalement la porte et m'enfuis en courant.

MécaniqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant