CHAPITRE 2

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Les semaines passèrent, calmes et insouciantes. Le projet du père de Julie avait été approuvé par les actionnaires et il gérait son magasin de prêt-à-porter tout en étant dépendant de l'entreprise où travaillait sa mère. Son frère faisait maintenant partie de l'équipe de football et avait finalement abandonné son attirance pour Émilie, mais elle continuait de le séduire, à jouer avec lui alors qu'elle avait déjà un homme dans sa vie. Cela inquiétait quelques peu la jeune fille qui voulait, elle aussi, protéger son frère. Pourtant, elle ne s'en préoccupait pas plus que ça car elle était trop occupée par son propre bonheur. Pas qu'il se passe des choses magnifiques dans sa vie, mais tout allait bien pour sa famille. Elle, ses amis étaient fantastiques, lui avaient permis de bien s'intégrer et lui semblaient moins hypocrites que ses anciens camarades desquels elle n'avait d'ailleurs aucune nouvelle. Et ce n'était pas faute d'en avoir demandé ! Elle avait aussi réussi à construire une amitié avec Mary qui n'était, au passage, pas une mijaurée, mais plutôt une fille à l'écoute et ouverte. Bref, la vie était belle dans la mesure où «belle» désignait l'absence de malheur dans son quotidien. Il persistait tout de même une ombre au tableau, et pas des moindres : l'homme blond qui la suivait. Il n'avait pas arrêté depuis la dernière fois. En ce moment même, elle savait qu'il se tenait debout de l'autre côté de la rue, droit comme un piquet, les mains dans les poches en la fixant, ou du moins sa fenêtre, avec une telle intensité qu'il semblait vouloir la faire exploser. Pourtant, Julie restait sereine et cela lui paraissait étrange, vraiment très étrange. Elle n'avait pas porté plainte et elle ne savait pas pourquoi. Ou plutôt, elle n'avait pas de raison cartésienne pour expliquer le sentiment de confiance qu'elle avait envers lui. Ce n'était pas qu'elle avait peur parce que sentir une présence permanente ne favorisait pas le bien-être, mais elle sentait qu'il ne lui ferait rien. Elle se trouvait stupide de pensée une chose pareil et c'est pour cette raison qu'elle n'en avait parlé à personne. Pas même à son frère, son confident à temps plein. Ce n'était d'ailleurs pas cet inconnu flippant qui allait l'empêcher d'aller à l'anniversaire de Jonathan, deux semaines plus tard.

- Julie ! Max est arrivé ! Lui cria soudain sa mère.

Elle descendit. Max avait décidé de venir la chercher tous les matins en attendant qu'elle et son frère passent leur permis. Elle avait d'abord refusé, mais il s'est avéré que le rouquin n'habitait qu'à deux pâtés de maison et qu'il ne faisait pas de détour. Elle avait donc acquiescé, ne voyant pas de raison valable pour décliner son offre. Comment dire non à un trajet plus rapide qu'avec le bus et dont la compagnie était plus agréable ?

En arrivant au lycée, elle sentit une étrange ambiance planer dans l'air. Elle se dit que ce n'était que son esprit qui lui jouait des tours et tourna inconsciemment la tête pour apercevoir l'inconnu. Elle s'arrêta net. Il était là, immobile, comme à son habitude, et elle prit une grande décision. Peut-être la plus dangereuse de sa vie : elle allait lui parler. Elle pensait pouvoir mieux supporter sa présence ainsi.

- Qu'est-ce que tu attends ? Lui demanda Max qui avait fait quelques pas avant de s'apercevoir qu'elle s'était stoppée.

La jeune fille fronça les sourcils :

- Hum... J'arrive, j'ai... j'arrive !

Le jeune homme ne posa pas de question et haussa les épaules avant de reprendre la direction du bâtiment pour rejoindre le reste du groupe. Julie quant à elle, se dirigea d'un pas décidé vers le jeune homme. Cette bonne volonté diminuait au fur et à mesure qu'elle avançait vers lui. Il la regardait se rapprocher, mais ne bougeait pas. Il lui semblait même qu'il souriait !

A l'autre bout du parking, Marie, Jonathan et Max les observaient l'air suspicieux.

- C'est qui ? Vous savez ? Demanda la première.

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