Introduction | M.K

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Dans la vie, il y a des hauts, des bas, et des paliers. Ces moments où on a à la fois peur de tomber, à la fois hâte de remonter. Ces étapes de ta vie, où tu ne ressens rien, et où rien ne t'arrête, parce que tu sais que tu vas soit retomber ou remonter un jour, alors tu vis, tu fonces, et un jour, tu tombes. Tu pénètres le gouffre de la souffrance, celui qui compte bien t'amener des mois de misère, de tristesse et de pensées, plus sombres que ton âme. Tu chutes, tu descends plus profond, et quand tu touches le fond, on ne peut plus rien pour toi: c'est soit tu gravis les échelons, soit tu restes au fond, et tu y restes jusqu'à la fin.

Ça a commencé à la mort de ma soeur jumelle, Harriet, il y a un peu moins d'un an. Son coeur s'est arrêté alors qu'elle dormait pourtant si paisiblement, et il ne s'est jamais rallumé. J'ai eu, l'espace de quelques mois, l'espoir que d'une façon soudaine et miraculeuse, il se remette à battre doucement comme il l'avait toujours fait, pendant 17 ans. Mais je savais bien que tout ça, c'était encore plus impossible que même l'idée d'une "moi" heureuse. Je vivais avec ma grand-mère, qu'on surnommait affectueusement Tulipe, moi et ma soeur, dû à la quantité astronomique de tulipes qui poussaient au printemps dans son jardin. On vivait dans la misère, dans un vieil appartement miteux, dans un quartier reculé, dont le nom m'échappait trop souvent. Pourtant, j'y vivais avant même de venir au monde. Mais demandez-moi où j'habitais, j'en avais la moitié d'une idée.

Ma mère était partie "voir le monde", quelques jours après nos naissances respectives. Elle avait promis à Tulipe de revenir, au moins saluer ses propres filles. Mais jamais elle n'a remis les pieds ici. Elle était partie pour de bon et ne comptais jamais revenir.

Quant à mon père vous demandez-vous sûrement. C'est un de ces hommes, morts au combat. Mon père était un peu mon idole. Je me voyais en lui, et je voyais en lui tout ce dont j'avais toujours rêvé: du courage, de la force, de la générosité, un coeur d'or. J'avais toujours secrètement espérer en avoir hérité. Mais je suis née avec les mauvais gênes. C'était Harriet qui était devenu comme mon père, une femme forte, qui n'aurait même pas montré une seule pointe de frayeur si on lui avait annoncé qu'elle allait mourir ce jour-là. Alors que moi, je serais probablement restée à me morfondre, et fuir comme une lâche, comme l'aurait fait ma mère. À chacun son héritière, j'imagine.

Tulipe et moi étions restée forte grâce à l'une et l'autre. Sans quoi, aujourd'hui, je serais bien plus profond que je ne le suis. On s'était lentement mais sûrement sorties de la misère. Chaque soir, on avait ce rituel, qui consistait à boire une tasse de thé et discuter de nos lamentables journées. J'aimais ce principe. J'aimais beaucoup parler à Tulipe. Elle me comprenait, elle.

Puis un jour, j'ai rencontré Michael. Et là, mon gouffre s'est approfondi et ma chute s'est empirée. Michael était le genre de personne qui avait une mauvaise influence sur tous ceux qu'il côtoyait. Il contrôlait ma vie. Pour lui, j'ai été forcée de mettre tous mes proches de côté, même Tulipe. Je n'étais plus moi, j'étais seulement mon ombre. Pourtant, j'étais on-ne-peut-plus amoureuse de Michael. C'était ça, l'effet Clifford.

Nous étions en couple depuis 5 mois, lorsqu'il a déménagé de l'autre côté de l'océan. J'avais beaucoup pleuré le jour où son avion s'était envolée. Et au lieu de me rassurer, il était seulement parti, m'envoyant un vague signe de la main. Et il n'est jamais revenu.

Nous continuions de discuter par message, mais ce n'était pas pareil. Il ne voulait jamais faire de Skype, sous prétexte d'être "trop occupé". Et, naïve comme je suis, je n'y voyais que du feu, à ses mensonges. J'étais encore folle amoureuse de lui, sans vraiment savoir pourquoi.

Puis un jour, je me suis fait contacter par une fille sur Facebook. Une bimbo, grande, blonde, le genre de personne à qui je ne décroche jamais un mot. J'ai faillis refuser sa demande, mais j'ai sur-le-champ je l'ai acceptée lorsque j'ai vu ce qu'elle avait écrit dans son message.

Je me souviens juste de la haine qui s'est mise à bouillir dans mes veines lorsque j'ai lu que Michael m'avait trompée avec deux des amies de la bimbo en question, seulement en une soirée. Si il m'avait trompée deux fois en une soirée, combien de fois l'avait-il fait durant les 2 mois que nous avions vécus séparés?

Voyant rouge, je me suis empressée de lui envoyer un message expliquant que je savais tout. Message auquel il a répondu "De toute façon, t'étais qu'un stupide pari, King." Et c'est la dernière fois que j'ai parlé à cet idiot.

Juste de m'en souvenir, mon coeur se serre. J'étais débile, complètement débile. L'amour m'avait aveuglée. J'avais déjà vécu quelques ruptures, mais jamais comme celle que j'ai vécu avec Michael. Je suis toujours triste, mais Tulipe m'aide à reconstruire mon coeur brisé, et je lui en suis reconnaissante.

Je me suis inscrite à l'Hôtel de Coeurs Brisés, parce que j'ai besoin d'en parler avec quelqu'un d'autre, qui verra peut-être les choses autrement et qui saura peut-être m'aimer de la façon dont je le mérite.

THE HEARTBREAK HOTEL » c.hWhere stories live. Discover now