Introduction | C.H

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Sans mentir plus que je ne le devrais, je vivais heureux. Du moins, plus heureux que bien des gens, c'était inévitable. Certes, j'avais bien beau être triste, je ne l'étais pas plus que qui que ce soit, et j'en étais à demi-conscient.

J'étais comme tous les autres. Je ne pensais qu'à mon nombril. Qu'à mon immense désespoir, ma pauvre tristesse. C'était triste, parce que le trou béant dans ma poitrine s'est encore agrandit quand mon meilleur ami s'est suicidé. Quel ami horrible je faisais! Trop égoïste pour me rendre compte du mal-être évident de mon propre meilleur ami.

Je n'aime pas trop en discuter. Disons que la plaie ne s'est toujours pas refermée, et je crois bien qu'elle ne le fera jamais. Petit à petit, j'oublierai, mais je ne pourrai jamais vivre heureux comme un prince sans Ashton.

Il me voyait souffrir jour après jour. Et il ne m'avait jamais effleuré l'esprit qu'il puisse, lui aussi, être affligé.

C'est lui, la cause de toute cette merde. Il m'a détruit sans même s'en rendre compte. Luke.

J'entretenais avec Luke, une relation assez floue. Nous n'étions pas en couple, mais étions plus que des amis. Un peu comme des amants si vous voulez. Il avait sa copine, et couchait à gauche et à droite, avant de me rencontrer, dans un bar miteux. Un peu bourré, il m'avait fait des avances, et on avait finit ensemble aux toilettes une petite demie-heure plus tard. On ne s'était jamais quitté. Pour moi, il avait cessé de baiser avec tout ce qui bougeait et avait rompu avec sa copine. Enfin, c'est ce que je croyais. J'avais trop vite sauté aux conclusions. Je croyais qu'il était prêt au moins à ça. De plus, sa copine était aussi fidèle qu'il l'était et ils se détruisaient mutuellement, en ayant tous les deux conscience. Mais non. Il n'avait pas rompu avec sa copine. Pour moi, c'était plus que juste du sexe. Je voulais me réveiller à ses côtés chaque matins et l'embrasser quand bon me semblait. Mais pour lui, je n'étais qu'un pauvre plan-cul, facile à avoir. Quand je lui ai avoué mes sentiments, j'ai été anéanti en apprenant qu'il était toujours avec sa pute. J'ai pleuré dans ses bras. Je ne sais pas pourquoi, ses bras avaient tendance à me réchauffer. Mais cette fois, ils me frigorifiaient. Il était parti de chez moi, me laissant me morfondre toute la nuit.

J'ai laissé l'eau sous couler les ponts, ne lui parlant plus pendant au moins une semaine. Mais je savais bien que je n'arriverais pas à l'ignorer bien longtemps.

Un jour, après les cours, il est venu à ma fenêtre. Il était absent cette journée là. J'avais passé la matinée à me demander ce qu'il faisait, où il était. Parce qu'après tout, j'étais amoureux. Alors quand je l'ai vu à ma fenêtre, les yeux rouges, une bouteille de Jack Daniel's à la main, titubant, j'ai eu envie de pleurer. Je me souviens de tout ce qu'il m'a dit cet après-midi là.

« Cal. Callyyy. Je-je suis désolé. Je t'aaaaime Calum. », avait-il fait d'une voix rauque qui m'avait donné des frissons.

« Luke, dégage. T'es bourré. », avais-je répondu en me retenant davantage pour ne pas pleurer.

« Pourquoi t'es méchant Callyyyy? », avait-il fait en boudant. « Je suis bouurré, parce que j'aurais pas puuu venir te parler sans l'être. », a-t-il continué en rigolant niaisement. « Tu me maaanques Callyyyy. Mais-mais pas juste au-au plan s-sexuel Callyyy. » avait-il fait en commençait à pleurnicher.

Ce mec était complètement bipolaire une fois bourré.

« Je-je voulais pas te faire de mal Callyyyy. T-t'es comme mon meilleur ami, on a pas le droit de faire mal à son meilleur ami. Enfin, je ne pense pas. »

J'avais soupiré et lui avait redemandé de me laisser seul. Mais il est resté planté là, et têtu comme il était, je savais qu'il ne bougerait pas d'un pouce avant que j'aie accepté ces excuses. Je suis sorti de ma chambre et suis allé le retrouver dehors. Il pleurait à chaudes larmes et mon coeur me faisait mal. Il m'a serré dans ses bras en me murmurant des dizaines de fois à quel point il était désolé. J'ai simplement répondu que j'étais désolé aussi.

Je l'ai fait rentré chez moi et l'ai amené dans ma chambre. Il s'est écrasé sur mon lit et s'est endormi en moins de deux.

Deux ou trois heures plus tard, il s'est réveillé, et lorsqu'il m'a vu, il a esquissé un faible sourire, en murmurant. "J'avais peur de pas y être arrivé."

Et je me suis mis à pleurer. Je pleurais tout ce que j'avais d'accumulé. La chaleur de ses bras m'était revenue. Il m'a doucement chuchoté: "Je ne veux pas te perdre Cally. Restons amis?"

J'avais hoché la tête en faisant un faux sourire, alors qu'au fond, mon coeur était en miettes.

Je me suis longtemps plaint à Ashton de tout ça. Je ne parlais que de mes problèmes, il n'avait jamais l'occasion d'en placer une. Mais lorsqu'il s'est suicidé, je n'ai pas pu m'empêcher de le regretter. C'est toujours trop tard qu'on prend compte de ses stupides erreurs.

Je me suis reposé sur la seule épaule qui restait à mes côtés: Luke. Et c'est comme ça que je suis devenu meilleur ami avec le gars dont j'étais ( et suis toujours d'ailleurs ) amoureux.

L'Hôtel des Coeurs Brisés, ça représente pour moi  la chance de trouver un "remonte-pente" comme aurait dit Ashton. Quelqu'un qui, non seulement souffre, mais saura souffrir avec moi. Quelqu'un avec qui pleurer, sourire, danser. Quelqu'un pour soulager ma peine. Quelqu'un qui ne mènera pas à ma perte. Une nouvelle épaule sur laquelle me reposer. Quelqu'un qui remplacera Luke. Quelqu'un qui saura m'aimer.

THE HEARTBREAK HOTEL » c.hWhere stories live. Discover now