Vous vous dites certainement que vous n'avez rien à cacher, et que vous vous moquez qu'on puisse tout savoir sur vous via internet. Beaucoup de personnes pensent comme vous. Pourtant, que ce soit des agences étatiques ou des grandes compagnies de marketing, ainsi que les réseaux sociaux, les moindres petites miettes que vous semez sur la toile sont collectées et analysées. Pour la première catégorie, c'est la surveillance totale des citoyens. Pour les seconds, mieux vous manipuler et vous gaver de publicités. Bien sûr, il existe d'autres personnes, encore moins scrupuleuses, qui pourraient utiliser ces données personnelles contre vous, et les cas de piratage de comptes sur Internet sont fréquents. Il existe donc des tas de raisons de se protéger, et ce même si nous n'avons rien à se reprocher.
La mise à mal de la vie privée a éclaté au grand jour en juin 2013, lorsque Glenn Greenwald a voyagé vers Hong-Kong pour rencontrer un ancien agent de la NSA, Edward Snowden. Celui-ci a quitté l'agence avec des milliers de documents démontrant l'absence totale d'éthique de la NSA, collectant appels téléphoniques, e-mails et activités sur les réseaux sociaux de millions d'individus sur la planète. Le simple fait d'être en relation avec une personne critiquant, par exemple, le gouvernement américain, vous met sur la liste des personnes suspectes et êtes, de facto, mis sous surveillance.
Nous avons découvert PRISM et XKEYSCORE, deux programmes permettant à un agent de pénétrer dans diverses infrastructure informatiques tels que Google, Facebook, Apple... afin de collecter toutes vos informations. Personne n'est à l'abri, même si vous n'êtes pas citoyen américain. Pourtant, la situation en Europe est sensiblement pareille. Les pays de l'Union Européenne prennent le même chemin. Suite à la série d'attentats de Paris, la France a opté pour une surveillance globale de toute personne vivant sous son territoire. La Belgique n'est guère mieux lotie : elle a instauré une loi demandant aux fournisseurs d'accès Internet d'enregistrer toute l'activité des internautes belges. Bien que cette loi ait été cassée par la CEDH, le projet de loi est en train de revenir, avec seulement quelques termes légaux qui ont été modifiés. Mais globalement, le texte reste le même.
La surveillance étatique n'est pas le seul problème posé pour notre vie privée. Les grandes compagnies informatiques, que l'on appelle généralement GAFAM (Google Apple Facebook Amazon et Microsoft) nous offrent une myriade de produits gratuitement. En fait, ce n'est pas tout à fait exact. Nous payons le service avec nos données personnelles, qui seront par exemple revendues à des annonceurs publicitaires. Microsoft, avec son nouveau système Windows 10, enregistre tout ce que vous faites avec votre ordinateur. Ce que vous recherchez sur internet, ce que vous tapez dans les barres de recherche, les sites que vous visitez sont précieusement collectés par Microsoft. Google, en plus de pratiquer des méthodes similaires, enregistre tous vos déplacements via votre smartphone. Facebook enregistre vos likes, les statuts et articles sur lesquels vous vous arrêtez. Avec son algorithme, il peut mieux vous cibler en publicité, mais surtout va censurer une grande partie du contenu posté sur le réseau social, en ne vous affichant que des statuts ou articles qu'il suppose que vous aimeriez.
Existe-t-il une solution ultime pour se protéger ? Je dirais non, à moins d'être totalement déconnecté et que toutes vos données soient enfermées dans une chambre forte. Pour moi, une des meilleures solutions à la protection de sa vie privée est de s'auto-héberger pour tous les services à l'aide de logiciels libres. Malheureusement, ce système comporte beaucoup de contraintes : il faut non seulement de très grandes connaissances en informatique, mais également un ordinateur que l'on transformera en serveur et qui ne sera dédié qu'à cela*. Le tout, bien sûr, dans le meilleur des mondes, où le matériel ne tombe jamais en panne. Des communautés d'informaticiens ont cependant créé des équivalents libres à nos Gmail,Outlook,Dropbox,... Certains proposent mêmes des solutions hébergées et que vous pouvez utiliser sans devoir passer par un apprentissage conséquent. Il est donc totalement possible d'abandonner des sociétés comme Twitter, Facebook ou Google pour garder le contrôle sur ses données.
Cependant, couper tous les services et réseaux sociaux propriétaires risquent, en cas de vie sociale numérique intense, de vous couper d'un grand nombre de vos amis. C'est pourquoi une partie de ce document s'axera sur comment limiter la casse. Je vous proposerai dans ce document des bons réflexes à prendre pour mieux se protéger. Néanmoins, le sujet est extrêmement vaste, et la technologie évolue tous les jours. Il se peut donc qu'à l'heure où vous lirez ces lignes, certaines informations soient obsolètes. Dans cet ouvrage, je ne me lancerai pas dans des explications trop techniques comme, par exemple, la cryptographie et les méthodes de chiffrement. Le but de ce document est donc de vous donner des bases, mais aussi de vous donner des moyens de creuser le sujet de manière bien plus approfondie.
*À l'heure actuelle, un collectif d'hébergeurs alternatifs a créé la brique internet, qui permet de palier ce problème. Vous trouverez plus d'informations par ici : https://labriqueinter.net
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Protéger sa vie privée sur Internet
AcakVous vous dites certainement que vous n'avez rien à cacher. Peut-être. Cependant, notre vie privée est mise à mal sur internet. Que ce soit par des grandes sociétés, des personnes peu scrupuleuses, il y a des tas de raisons de bien se protéger. Ce p...