16 juillet 1942

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Des coups sur la porte, de plus en plus fort, des hurlements, le silence est brisé.
-Ouvrez ! Police française ! Ouvrez !
Ce n'est que la police française, je ne risque rien, j'ai toujours eu confiance en ce pays. Je vais ouvrir afin de faire cesser ce bruit sourd.
Dès que la porte fut ouverte, un homme se rua sur moi:
-Police française ! Où sont tes parents? où est ton père?
Que voulaient-ils à mon père ? Les français n'attendaient rien de lui. Je répondis calmement :
-Vous êtes allemands ?
-Police française ! Me répondit-il froidement.
Il valait mieux être prudente, personne ne devait savoir que papa se cachait à la cave.
-Mon papa n'est pas là.
-Où est-il ?
-Je ne sais pas.
-Menteuse ! Hurla-il.
Je me mis à pleurer.
-Je ne sais pas où il est, ça fait 3 mois qu'il est partit !
Évidement, je mentais, mais il le fallait.
Le policier en regarda un autre puis son regard retrouva le mien.
-Et ta mère ?
On vit alors apparaître dans la lueur de la petite lampe posée sur notre meuble, ma mère, comme si elle attendait et que dès qu'elle avait entendu parler d'elle, c'était avancée.
-Police française ! Hurla le policier !
-Que nous voulez-vous ? Demanda ma mère. Mon mari n'est pas là.
-Vous allez nous suivre, toutes les deux.
Il jeta un regard bref a un autre policier.
-Fouille l'appartement voir s'il reste quelqu'un.
Il obéit et se mit à tout retourner dans l'appartement. Ma mère ne dit rien.
Pourquoi la police française agissait-elle ainsi ? J'eus à peine le temps de me poser la question que ma mère me prit par le bras.
-Va prendre tes affaires. Me dit-elle.
J'obéis. Je rejoignis ma chambre et réunis l'essentiel de mes affaires dans un sac. Dès que j'eus regagné l'entrée, tout le monde m'attendais, on était prêt à partir. Mais où ?
Nous sortons de l'appartement entourées des policiers et arrivons dans l'entrée de l'immeuble. Un des policier, qui avait récupéré la clef de l'appartement la tendit à la concierge.
-Un de plus ! Lui dit-il.
-Merci ! Répondit la concierge.
-Vous n'avez pas honte ! Hurlai-je à la concierge !
Tout les regards se tournèrent vers moi.
-Vous le remerciez mais savez-vous seulement pourquoi il nous emmène ? Savez-vous où l'on va ? Ce que l'on va nous faire ? Vous n'avez aucun coeur ! On est terrifiées, on ne sait pas où on va ni ce qui va nous arriver et je ne verrais peut-être plus jamais mon père mais pour vous c'est normal, vous êtes de leurs côté, je me demande même si vous êtes pas Allemande !
Le policier n'interrompt :
-Asser Mademoiselle ! Je ne vous permet pas de parler comme ça à une personne ! Vous n'êtes plus à ça hauteur, vous n'êtes plus rien, vous êtes juive !
-Et alors ! Criais-je.
-Et alors les juifs n'ont pas leurs mot à dire !
-Pourquoi, nous ne sommes pas différents, nous avons tous les deux deux bras, deux jambes, un père et une mère, nous n'avons simplement pas fait les mêmes choix !
-Vous avez raisons... Et votre choix était le mauvais !
-On ne peut pas juger les choix des autres, il n'y en a aucun qui est bon ou mauvais, ça reflète simplement ce qu'on est.
-Et ce que vous êtes ce n'est pas ce que vous devriez-être. Vos choix vous coûteront la vie Mademoiselle. Assez parler, le bus nous attend.
-Le bus? Quel bus ? Je ne partirais pas !
Il m'attrapa le bras et le serra fort.
-Je ne comptais pas vous demander votre avis !
Il faisait encore nuit quant le bus apparut devant mes yeux. Les rues étaient envahies de personnes de tout âge, sûrement des juifs.
Un homme fit l'appel. Puis vint le nom de mon père :
-Martin Salinas
Un silence pesant s'installa dans la foule puis le policier qui était venu le chercher cria:
-Pas chez lui.
-Caché ! Cria l'autre !
-On a cherché chef...
-Alors cherchez encore !
Une boule s'installa dans mon ventre. Et s'ils trouvaient papa ...
Pas le temps d'y penser, on nous dit entrer dans le bus, sûrement un bus de bestiaux... Un sentiment de méprit s'empara de moi, on n'est pas des animaux, on est comme eux ! Pourquoi personne ne dit rien ?
Je ne dormis pas cette nuit...

Journal D'une Déportée JuiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant