Le dernier continent

Le fluide

La porte claqua et Iris surprit le tour de clef que mit le soldat dans la serrure. Elle balaya alors les alentours du regard. La foule massée dans les gradins, qui s'était mise à applaudir dés son apparition dans l'arène, s'était tue et attendait impatiemment sa distraction. Iris, décidément de mauvaise humeur, pestait contre tout ce qui lui venait à l'esprit. Elle se releva, s'épousseta et décida que la meilleure façon de rapidement en finir était encore de faire ce qu'on lui demandait. Alors, à pas lents, elle se dirigea vers le centre de l'arène où elle avait vu ce que lui avait décrit l'homme. Néanmoins, plus elle s'approchait plus le public s'agitait. La jeune fille, trop de mauvaise humeur pour se rendre compte que quelque chose clochait peut- être, n'eut aucune réaction et fini par arriver devant une toute petite table ronde où il y était posé le calice contenant le liquide bleu clair. Elle prit le verre qui était posé à côté du récipient. Celui-ci était à peine plus gros qu'un dés à coudre. Finalement, elle se rendit compte qu'elle avait vraiment soif et reposa le petit verre pour prendre le calice à pleine mains et  versa son contenu complet dans la bouche. Trop occupée à se désaltérer, Iris ne remarqua pas l'agitation des spectateurs qui grandissait dans les gradins. Finalement, elle fit demi-tour, bien décidée à trouver quelque chose à se mettre sous la dent, et se retrouva nez à nez avec... un animal... un monstre... une chose... Ce truc avait une tête de chat, un corps et une queue de lézard, des pattes se terminant par des serres d'aigle et mesurant au moins deux mètres. La bête approcha son museau de la jeune fille qui ne broncha pas. Iris plongea alors ses yeux turquoises dans les immenses pupilles en fente.

- Dégage, tu me gènes là.

Le monstre, qui aurait pu la déchiqueter en un coup de dent, s'écarta, la suivi du regard quand elle passa devant lui et lui emboita le pas comme il l'avait fait, au grand étonnement des spectateurs, dès qu'elle était apparue dans l'arène.

Iris, loin d'être effrayée par cette chose qui la suivait à la trace, se dirigeait d'un pas ferme vers la porte en bois. Elle frappa trois coups et attendit que l'on veuille bien lui ouvrir. Personne ne venant, la jeune fille martela de nouveau la porte.

- Putain mais ouvrez bande d'abruti ! Cria-t-elle. Je l'ai bu votre bordel alors maintenant c'est à moi d'avoir ce que...Waah !

La porte s'était ouverte seulement une demi-seconde mais cela avait été suffisant pour happer Iris dans son entrebâillement. Une fois la porte refermée sur la jeune fille, le monstre se métamorphosa en une chose effrayante : à la place lde son regard remplis d'innocence et de curiosité se trouvait maintenant une cruauté fulgurante et un désir irrésistible de tuer. La chose se jeta sur la porte et s'acharna dessus de toutes les dents et les griffes dont il était doté. La porte, bien que très épaisse, ne résista pas très longtemps, néanmoins le monstre ne pu engouffrer que sa gueule dans l'ouverture.

Le soldat, qui avait attiré Iris hors de l'arène, tenait sa lance de fer fermement devant lui essayant de repousser le monstre. Derrière lui, la jeune fille tentait de s'extirper de la pression que son corps exerçait sur elle, la plaquant contre le mur. Finalement, elle parvins à se glisser entre l'homme et le monstre, ce qui eut pour effet stopper net le coup de croc que s'apprêtait à donner ce dernier. Le soldat en profita pour repousser la chose dans l'arène où l'y attendait une dizaine d'hommes armés de lances, haches, épées et autres objets tranchants. Après avoir reprit son souffle, le soldat se tourna vers Iris et lui hurla littéralement dessus :

- MAIS BORDEL DE MERDE T'ES SUICIDAIRE OU QUOI ?!

- Bah j'ai fais ce que l'on m'a dit de faire, non. Répondit Iris un peu interloquée de la réaction de l'homme, qu'elle jugeait d'ailleurs un peu disproportionnée. Sinon, il est où le buffet avec la nourriture ? Ajouta-t-elle en se dirigeant vers l'issue qu'elle venait de repérer.