Why life's so hard?

Chapitre 7.

Shawn vient de se réveiller et il me regarde sans parler. Il est si beau, je me considère si chanceuse de l'avoir et j'ai l'impression de le prendre pour acquis. C'est lui qui m'a sauvé de mon enfer sans même savoir ce qui se passait réellement.
"-Que dirais-tu si on séchait les cours aujourd'hui ma chérie?
-Pourquoi pas?"
Je vais le rejoindre dans le lit et on se colle pendant une trentaine de minutes avant de se lever. Shawn ouvre la télé et on voit en grand plan ma maison et on raconte mon histoire.  En fait,  ce qu'on croit être mon histoire. Je trouve ça lamentable que les gens racontent ma vie sans savoir ce qui se passe réellement. 
"-On peut aller au poste de police, à une station télé ou peu importe. Je dois raconter ce qui se passe pour de vrai. Ce n'est que des menteries qu'ils racontent.
-C'est vraiment c'que tu veux?
-J'en suis certaine. "

Je trouve finalement la force de me lever, ce que j'aime de Shawn c'est qu'il ne me force de rien. On peut aller à mon rythme, lorsque quelque chose de mauvais se passe, ce n'est pas toujours de ma faute. Je me sens bien avec lui, je sens qu'il va m'appuyer peu importe ce que je vais décider de faire.
"-Shawn?
-Oui ma puce?
-J'aimerais que tu viennes avec moi, je veux que tu saches la vérité toi aussi.
-C'est certain que je serais avec toi."
Nous sommes rendus au poste de police, je ne réalise toujours pas que c'est comme si j'allais porter plainte contre mes propres parents. Ceux qui m'ont élevés, ceux avec qui j'ai tout vécu, les gens qui m'ont donné leur adn, j'ai peur de ce que ça pourrait amener. Ils pourraient faire de la prison par ma faute et je m'en voudrais toute ma vie. Je m'en voudrais de les faire enfermer seulement parce que je me sens enfermée dans ma vie. C'est comme si je voulais leur rendre la pareille, je me sens coupable de penser de la sorte. Nos parents essayent toujours de faire de leur meilleur pour leurs enfants et s'ils croyaient que c'est le meilleur qu'ils ont fait pour moi, alors ils devaient avoir leurs raisons.

Ils m'ont fait remplir un tas de papiers afin de m'identifier et ils m'ont fait remplir une déposition. Je n'étais pas capable d'écrire, je ne faisais que pleurer. C'était trop dur pour moi, alors Shawn s'est proposé pour tout écrire. Je crois que la meilleure façon pour moi de me libérer, ce fut de tout raconter ce que je vis depuis des années.
"Depuis mon tout jeune âge, j'ai été l'enfant qui devait tenir tout le poids de la famille sur ses épaules. À chaque fois qu'un malheur pesait sur la famille, de quelconque manière, on trouvait une manière de le mettre sur ma faute. Il y a deux ans, je dormais paisiblement tandis que j'ai senti quelqu'un entrer dans ma chambre. Sur le coup, je n'ai pas réalisé que la personne était rentrée sous les couvertures. C'était mon frère, il était encore sous l'effet de la boisson, ça fait longtemps que ça dure. Je crois qu'on peut le considérer comme alcoolique. Je n'ai pas réagi lorsqu'il s'est collé contre moi, car nous avions souvent l'habitude de se coucher ensemble et de se coller durant notre enfance. Mais là, il a fait un geste qu'il n'avait jamais fait auparavant. Il a rentré sa main dans mes sous-vêtements, je l'ai retiré en lui demandant ce qu'il faisait. Il n'a pas répondu et m'a seulement demandé de me laisser faire. Il m'a tellement fait mal cette nuit-là, je ne pourrais pas raconter tout ce qui s'est passé car j'ai fermé les yeux tout le long, j'essaye de tout oublier. Le lendemain matin, il n'était plus là, j'étais couchée dans mon lit, il y avait du sang partout dans mon lit, je tremblais à un tel point. Quelques semaines plus tard, j'ai été passer des tests pour finalement me faire dire que j'étais enceinte. Enceinte de mon frère. Ce soir-là je m'étais fait violée. Mais encore une fois, c'était de ma faute. Il n'était pas question selon mes parents que je garde cet enfant de malheur. "Malheur" parce que je ne serais pas capable de m'en occuper, je m'étais laisser faire par mon frère. C'est comme si c'est moi qui l'avait violé parce que c'est lui qui était saoul. C'était leur raisonnement. J'ai donc fini par y croire."