Chapitre 1 (Réécriture - Née de l'eau)

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_ Mila, t'es prête ?

Ma mère est toujours aux petits soins avec moi. Elle souhaite plus que tout au monde mon bonheur. Malgré mon jeune âge, elle a confiance en moi, elle ne me laisse jamais dans le pétrin.

_ Oui, j'arrive ! 

Dans la salle de bains, je bataille avec mon lisseur pour avoir une coiffure présentable. Mon premier jour à la fac doit être inoubliable, dire au revoir à mes parents et débuter ma vie librement. Mes cheveux lissés, je me maquille : un peu de fond de teint, de gloss et le tour est joué. Il ne me reste plus qu'à enfiler ma tenue achetée pour l'occasion, un jean noir et un tee-shirt blanc souple, un cardigan gris et des bottines noir, un look très à la mode en ce moment.

Je dévale l'escalier qui mène directement à la cuisine. Je m'arrête quelques marches avant d'entrer dans la pièce et surprends une conversation entre mes parents, je ne fais pas de bruit et me colle contre le mur. 

_Il faut lui dire Joseph, elle ne doit pas rester dans l'ignorance.

_On ne peut pas lui dire Claire ! 

Cette conversation me paraît trop étrange. Mes parents ne me cachent rien, on se dit tout. Ils ont confiance en moi et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour qu'ils me laissent étudier à l'université. Je repense au moment où j'ai entendu ma mère mentionner le mot "ignorance". Quelle ignorance ? Il n'y a jamais eu de secret entre nous ! Enfin je crois...

_Hey ! Lançé-je enjouée de mon accent corse, descendant les dernières marches.

_Le petit déjeuner est prêt, me dit ma mère sur un ton plus froid. 

_Super ! Réponds-je, je meurs de faim. 

Même si sa mère ne veut pas l'admettre, je sais qu'elle n'est pas bien à l'idée de me voir quitter le cocon familial. Ses yeux sont rouges et ses pommettes toutes roses, elle est triste. 

C'est mon père qui brise ce semblant de bonheur.

_Tu as hâte ? Me demande-t-il.

_Oh oui ! Plus que jamais, j'attends ça depuis des années !

Ma mère a l'air nostalgique et nerveuse. Joseph, lui, est détendu comme à son habitude. Il est difficile de savoir ce qu'il pense. Je ne sais pas grand chose de la jeunesse de mes parents mais surtout sur celle de mon père. Lui et moi, on se parle occasionnellement, j'en suis même à oublier le métier qu'il avait avant de prendre sa retraire. En fait quand je le regarde, je vois un inconnu qui vit avec ma mère et moi. Je n'ai pas l'impression d'avoir l'amour nécessaire d'un père à sa fille, ni qu'il soit présent dans ma vie.

_Peut être que tu vas rencontrer des garçons, me dit ma mère avec un grand sourire. 

_Maman ! M'indigné-je. 

Claire a beau être surprotectrice, elle veut simplement que je rencontre quelqu'un de bien. À vrai dire, elle pense que je n'ai jamais eu de petit ami... Dans un sens elle n'a pas tord, en ce qui concerne le grand amour, je n'y crois plus depuis un certain temps. Ma dernière relation a duré trois semaines et s'est très mal terminé. Martin, je ne l'oublierait jamais, il est gravé dans ma mémoire à perpétuité. Il m'as tellement fait souffrir.

_Je t'ai déjà dit que je n'en voulais pas ! Enfin pas maintenant...

_Mais tu as bientôt dix-huit ans ! Je ne t'ai jamais vu dans les bras d'un beau Corse ! Comprends-nous, avec ton père on se fait de sérieux soucis.

Ma mère veut vraiment que je rencontre quelqu'un ? Et pourquoi forcément un Corse ?! C'est quoi ces idéologies narcissiques ?

_Vous ne pensez quand même pas que je suis lesbienne ?!

Après une minute d'hésitation et de regard amusé échangé, elle rectifie.

_Je plaisante ! Sérieusement tu aurais dû voir ta tête. 

_Ah ah, très drôle...

Claire me fait rire jaune et ça ne m'aide pas du tout à déstresser, je suis beaucoup trop nerveuse, nostalgique, heureuse, excitée en même temps... Je n'arrive plus à penser et à m'exprimer correctement, c'est affreux !

_Détends-toi, tu a l'air toute coincée, me signal-t-elle. 

Elle sait toujours quand je ne vais pas bien, ça paraît "normale" mais pour moi ce sentiment est spécial. C'est ma maman, celle que tout le monde rêve d'avoir et je vais la quitter dans quelques heures à peine.

_J'ai un peu peur... Au faite vous savez que dans trois heures je dois être sur le campus ?

Elle regarde sa montre et relève  la tête d'un coup sec tout en criant :

_Joseph, en voiture !


Le trajet est long et interminable. J'ai presque hurlé HALLELUJAH quand j'ai entre aperçus le panneau sur l'autoroute indiquant "Université de Corse-Pasquale-Paoli". Arrivés sur le campus Grimaldi, mes parents se dirigent tout de suite vers le bâtiment de l'administration. Une fois que la secrétaire nous a transmis toutes les consignes, Nous allons tous les trois vers le bâtiment des dortoirs. Je suis à la cité Grossetti 25, dans une chambre double. 

_J'espère que ma coloc sera sympa.

J'appréhende beaucoup la rencontre avec ma colocataire, j'espère secrètement qu'on devienne amis. Je met la clé dans la serrure et tourne la poignée. La chambre est vide. Deux lits, deux bureaux, deux armoires, une salle de bains, le tout complètement désert.

_Elle n'est pas encore arrivée, dis-je déçu.

Ma mère a un regard plein de compassion, elle ne doit pas supporter l'idée de me laisser seule. Ne plus me voir avant les prochaines vacances doit être vraiment pénible pour elle et pour moi aussi d'ailleurs. Je veux prendre mon envole même si le passage par la case émotion est obligatoire pour toutes les deux.

_Ne t'inquiète pas... Me rassure Claire. Vous apprendrez à vous connaître, tu te feras sûrement une nouvelle amie.

_Oui tu as peut être raison.

_Mila, me dit mon père l'air agacé, on va te laisser t'installer.

_Au revoir ma chérie, tu vas nous manquer.

Ma mère me serre très fort dans ses bras, je ne veux surtout pas la voir pleurer mais c'est peine perdu je sens déjà mes larmes ainsi que celle de ma mère couler sur nos joues rosie, elle va me manquer. Mon père me prend rapidement dans ses bras, il est froid dans ses sentiments et ça me met mal à l'aise.

_Vous aussi vous allez me manquer. Faites attention sur la route.

Elle hoche la tête. Je regarde mes parents s'éloigner de moi et je réalise seulement à ce moment précis que je serais seule pendant quatre ans. Vais-je réussir ? Sortirais-je de l'université mon diplôme en main ? Plus tard je me vois travailler dans le monde de la littérature ou pourquoi pas devenir Directrice d'une maison d'édition ou carrément être écrivain !

Je prend ma valise et la pose sur le lit de gauche, je sors mes vêtements et décide de les ranger par catégorie dans mon armoire : les pulls avec les pulls, ses tee-shirts universitaire ainsi que mes jeans, mes robes et mes chaussures (une paire de Doc Marteen's rouge cerise et mes vieilles converses basse noir). J'ai cette façon étrange d'être ordonné, je ne suis pas maniaque mais du point de vue de quelqu'un de bordélique, je peux facilement faire paraître ce côté "Tic-Toc". Tout en terminant de ranger mes bijoux sur la commode,j'entends la porte grincer, ma colocataire est enfin arrivé.


Blue Moon Tome 1 (Auto-édité sur Amazon) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant