Des mots pour des maux, c'est un recueil de nouvelles, sur des histoires qui sont loin d'être roses...
Sur des émotions, des sentiments, sur ce qui nous touche, tout simplement.
Âmes sensibles, s'abstenir.
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Une fois encore, c'est l'autre qui est passée en premier. Une fois encore, c'est à l'autre qu'on a sourit, qu'on a pardonné. Une fois encore, c'est l'autre à qui on a donné le plus d'amour. La plus âgée des deux sœurs est recroquevillée sur le canapé, elle observe la scène et personne ne semble la voir. La petite à fait une bêtise, encore. La mère, pourtant ne la gronde pas, car la plus jeune est sa petite princesse. Elle ne dit rien, ne la puni pas. L'aînée, sur le canapé, elle, se souvient.
Elle a déjà fait une bêtise semblable. Mais à elle, on ne lui avait pas sourit. Non. Elle, on l'avait puni. On lui avait hurlé dessus. On lui avait mit une gifle. Elle était l'aînée. Elle avait toujours obtenu les choses plus tard que sa cadette. Un téléphone ? La plus jeune en avait eu un en même temps que l'aînée. La première soirée ? L'aînée l'avait connu pour ses seize ans. La cadette y avait eu le droit à quatorze. Fumer ? La plus jeune avait commencé à douze ans, et on ne lui avait jamais rien dit. L'aîné avait commencé à seize, et on l'avait engueulé. La plus jeune était intouchable. Chouchoute de la mère, celle-ci n'osait pas l'engueuler. Jamais puni. Jamais grondé.
L'aînée essuyait toutes les colères. Pourquoi engueuler la plus jeune ? Ce n'est pas de sa faute, voyons.
La petite princesse. Soit disant que la plus jeune était la plus parfaite. Celle qui faisait le moins de conneries. La mère se plaisait à dire que sa première était exécrable, et que la seconde était un ange. L'aînée riait, quand elle songeait à tous les petits secrets de sa cadette. Ô, bien sûr elle-même avait fait des conneries. Des grosses parfois, mais sa sœur la surpassait. L'aînée ne s'était jamais retrouvée bourrée, la cadette buvait et buvait encore lorsqu'elle était en soirée. L'aînée avait essayé le joint, la plus jeune passait ses journées à en fumer. L'aînée n'avait jamais séché les cours, la cadette passait son temps à ça. La plus âgée s'en sortait bien en cours, la seconde avait choisit la facilité, pour ne pas avoir à trop travailler. La première passait son temps à lire ou écrire, la deuxième préférait sortir, fumer et boire. L'aînée était calme et silencieuse, la plus jeune était exubérante. Ce ne sont pas en soi des défauts ou des qualités, mais l'exubérance de la plus jeune avait tendance à écraser tout le monde autour d'elle alors que le calme et le silence de la plus jeune était apprécié, une fois la tempête de la plus jeune passée.
L'aînée bien sûr n'était pas toute rose, elle avait un sale caractère, mais au moins, elle le montrait vraiment, elle faisait voir au monde ce qu'elle était réellement. La petite dernière, la princesse... Elle cachait tous ses mauvais côtés. Elle ne montrait que sa meilleure face. Et les parents ne voyaient rien. Pour eux l'aînée était le démon et la cadette l'ange. Ah, s'ils avaient sût.
Parfois, l'aînée riait. Le jour ou ils comprendraient, ils tomberaient de haut.
