Chapitre 2: Soana

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« Lorsque le ciel deviendra sombre

Et que tous les espoirs viendront de fondre

Regarde le ciel et vois les étoiles

Tu y trouveras comme un voile

Lentement, doucement les rêves apparaîtront

De ces paroles ainsi prononcées

Tu obtiendras une réponse inespérée »

Soana se réveilla en sursaut. Elle s'était endormie sur la table après avoir pleuré toutes les larmes de son corps suite au départ de son père. Dans son rêve, elle se trouvait dans une salle blanche et elle entendait ces paroles, des paroles qu'elle avait déjà entendues mais elle ne savait plus où ni pourquoi. La jeune fille voulait fouiller la maison. Peut-être que son père était revenu, peut-être qu'il l'attendrait quelque part dans la maison ! Elle courut dans la cuisine, personne. Elle partit vers le salon, la salle à manger, la salle des bains, sa chambre ; personne, personne, toujours personne. Mais, une fois arrivée dans la chambre de son père elle se rendit compte que quelque chose avait changé. Habituellement, le lit situé au centre de la pièce était blanc. A présent, il était noir. Elle se frotta les yeux et le lit reprit sa couleur habituelle. La jeune fille entra dans la pièce. Elle découvrit sur la table de chevet, une lettre. En la prenant, elle remarqua que cette lettre avait été écrite par sa mère elle-même ! Il était vrai que Soana ne l'avait jamais vraiment connue, mais en prenant ce morceau de papier soigneusement plié et en regardant l'écriture elle devina sans mal qu'il s'agissait de sa défunte mère, Anna. Elle-même ne pouvait l'expliquer mais c'était ainsi, elle le ressentait au plus profond d'elle. Chose étrange, Anna était morte selon son père le jour de sa naissance or la lettre datait d'il y a deux ans. En l'ouvrant, Soana ne put retenir quelques larmes. Sa mère s'adressait à elle. La jeune fille s'assit sur le lit et commença sa lecture.

« Chère Soana

Tu es la seule chance qu'il me reste. Tu es... comment dire mon héroïne, Mon seul espoir ? Tout ce que je peux t'affirmer, c'est que tu dois nous sauver. Ton père, moi, et notre monde à toute les deux. Car que tu le veuilles ou non, tu fais partie du monde que j'ai détruit, du monde qui m'en veut plus que tout, du monde qui t'en veut aussi car tu es ma fille, du monde des morts, bref, du Monde de Kworg.

Je sais que ça peut te paraître étrange mais c'est bien un mort qui t'envoie cette lettre. Pour tout te dire, je suis morte depuis au moins 100 ans. Tu vas te dire que je me moque de toi, que c'est une blague, mais non. Je pourrais tout te raconter depuis le début mais ce serait trop long. Je n'ai pas le temps. Si tu veux comprendre, tu devras suivre les rêves et les pensées qui te guideront jusqu'à Kworg. Sache qu'une fois là-bas, tu ne devras jamais abandonner. Je sais que ce sera dur mais n'oublie pas que les contes se terminent toujours bien. Demain aura lieu mon jugement, je ne serai plus la même après cela. Ne l'oublie pas.

Ta maman qui t'aime et qui t'aimera toujours, Anna

P.S : Je suis sincèrement désolée... »

Soana laissa tomber la lettre. Que signifiait-elle ? Elle l'ignorait. Et, par ailleurs, ça n'avait aucun sens ! Il était impossible qu'un mort écrive. De plus, sa mère ne pouvait pas être morte deux fois : il y a 16 ans et 100 ans. Seulement, cette écriture, cette manière de parler, elle na savais dire pourquoi mais il n'y avait pas de doute : c'était Anna qui était l'auteure.

La jeune fille se leva et sortit de la chambre. Cette lettre ne signifiait rien et pourtant... pourtant une phrase lui restait dans la tête : « Que tu le veuilles ou non, tu fais partie du monde de Kworg. » Soana était sûre qu'elle connaissait ce mot... Kworg... Le Monde de Kworg... Soudain, cela lui revint à l'esprit. Elle l'avait déjà vu, c'était le titre d'un des livres qui était à l'intérieur de ses cartons.

Soana traversa le couloir, courut dans sa chambre et trébucha sur un carton qui se renversa complètement. Par chance, ce dernier ne contenait rien qui pouvait se casser ou la blesser. Cependant, en le fouillant, Soana ne découvrit qu'une photo représentant son père souriant, accompagné d'une femme, la même qui était sur l'image qu'elle avait montrée à son père. Celle-ci était sûrement sa mère, la personne qui avait soi-disant écrit l'étrange lettre. Sur la photo Anna, la maman de Soana, ne semblait pas rassurée ; on pouvait distinguer dans ses yeux le reflet d'une biche blanche. La créature était splendide mais Anna, l'air terrorisée, regardait l'animal en posant une main protectrice sur son ventre arrondi. Luck, lui, semblait ne rien voir et profitait tout simplement de ce moment partagé avec sa femme.

Les larmes aux yeux, Soana serra la photo contre elle. Elle aurait tellement voulu que son père soit là, qu'il la réconforte en lui disant qu'il l'aimait plus que tout ou qu'il la prenne dans ses bras mais... Ce n'était pas possible, il était parti en l'accusant d'avoir tué sa mère ! La jeune fille ne pouvait pas y croire. Non ! Ce n'était pas son père qui avait fait ça, pas son père qui l'avait abandonnée et surtout pas son père qui avait prononcé ces paroles. Elle le voyait encore, s'avançant vers elle de manière menaçante, puis s'enfuir comme un lâche.

C'était décidé. Elle le retrouverait e pour pouvoir continuer sa vie comme avant ! Car Luck l'avait toujours aimée pour deux jusqu'à ce qu'elle lui montre cette photo, la photo de sa mère ; c'était à cause d'elle qu'il était parti ! Contrairement à ce qu'on lui avait toujours dit, sa mère n'était pas morte. La lettre était claire : Anna se trouvait dans le Monde de Kworg. Même si Soana ne croyait pas en cette lettre, mais c'était sa seule piste pour revoir son vrai père.

Avant toutes choses, elle devait retrouver ce livre qui parlait de Kworg.

Le Monde de KworgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant