Chapitre 8: Soana

36 4 4
                                    

Il faisait noir. Elle ne voyait rien, ne ressentait rien et ne se rappelait de rien. Soana ne savait pas où elle était. Soudain, une douleur atroce lui traversa crane, comme si elle avait reçu un coup, puis elle vit une lumière blanche intense. Tout lui revint à l'esprit. Le corps sans vie de son père, les hommes en blanc, le collier et le Monde de Kworg. Elle ouvrit doucement les yeux et fut prise de nausée.

Quand elle fut calmée, Soana regarda autour d'elle. Elle était dans une petite cellule où elle pouvait juste tenir assise ou debout. Elle était adossée à un mur de pierres froides et ses jambes étendues devant elle, arrivaient face à de larges barreaux qui semblaient être fait d'acier. On pouvait distinguer une pièce semblable de l'autre côté. À sa droite se trouvait une imposante porte noire traversée en son centre par un faible faisceau lumineux. À l'opposé de cette porte, il y avait encore ce même mur de pierre froides.

La jeune fille regarda ses jambes. Elle était blessée, de nombreux hématomes et coupures la couvraient et son pantalon était en très mauvais état. Le reste de son corps n'était pas mieux et le collier n'avait toujours pas disparu. Soana était très faible. Elle menaçait de sombrer dans l'inconscience à tout instant. Tout à coup, elle entendit un bruit de l'autre côté de la porte. Soana fut aveuglée par la lumière soudaine et ne vit pas l'homme qui entrait. Elle entendit juste ses paroles : « Tiens, je t'ai apporté des vêtements neufs et de la nourriture. C'est normal que tu te sentes mal, tu as fait un long voyage. Change-toi et mange, je reviendrais bientôt te chercher. Je suis fier que la prophétie se réalise enfin. » Puis, il partit et la porte se referma, laissant Soana dans sa solitude. Elle ne savait pas qui était cet homme mais le bol qu'il avait déposé devant elle lui rappela sa faim. Elle se jeta dessus et avala d'une traite son contenu. C'était délicieux. Soana regarda ensuite les vêtements. Elle ne voyait pas très bien mais réussit finalement à les enfiler au bout de plusieurs longues minutes. Rassasiée, Soana s'endormi dans cette prison sordide.

« Hé ! Réveille-toi ! » Soana entendit une voix l'appeler doucement. Elle ouvrit les yeux mais ne vit personne. « Je suis là, en face ! » chuchota la voix. La jeune fille réussit à distinguer une silhouette de l'autre côté des barreaux.

« Que ce passe-t-il ? demanda-t-elle.

-C'est toi la créature de l'autre monde dont on m'a tant parlé ? murmura-t-il.

-De quoi tu parles ? Qui es-tu d'abord ?

-Moi ? J'ai pas envie de dévoiler mon identité à une créature du 1er monde.

- Pardon ? Mais puisque je te dis que je ne sais pas ce que c'est le premier monde. Tu le fais exprès ? »

Soana était énervée. Cet homme se moquait d'elle, il n'y avait aucun doute. D'un autre côté, c'était le seul potentiellement capable de lui dire où elle était tombée. Elle respira longuement pour se calmer puis repris :

« - Ce n'est pas grave, oublie ce que j'ai dit. Tu pourrais me dire où nous nous trouvons ?

-Si seulement je le savais... Il me semble que nous sommes quelque part dans le palais des Anges.

-Le palais des Anges ? Tu peux préciser ?

- L'endroit où les Anges dirigent leur royaume, Gamma.

-Je ne comprend rien ! Arrête de te moquer de moi ! Je n'ai jamais entendu parler de Gamma ou je ne sais quoi d'autre et, pour ton information, les Anges c'est dans les contes, ça n'existe pas. »

Soana se tortilla dans sa cellule afin de tourner le dos à cet étrange inconnu. Cependant, il reprit :

« Vous êtes vraiment étranges dans le premier Monde... Dire qu'a une époque j'en ai fait partit... Enfin, pour faire simple, tu es dans le Monde de Kworg. Le Monde d'après la mort. »

La jeune fille sursauta. Elle connaissait ce monde, c'était celui de la lettre. Soudain elle se rappela : la lettre était dans la poche de son ancien pantalon, qui n'était plus dans la cellule ! Elle ne pouvait pas l'avoir perdu... Ce n'était pas possible ! Elle entendit le garçon d'à côté lui murmurer :

« Tu sais comment je sais que tu es du premier monde ? J'ai trouvé ça dans tes vêtements. » Il lui montra le papier. « Soana... c'est ton nom ? J'aime bien, c'est joli. Par contre, je te conseil de garder ça avec toi et de ne la montrer à personne. Celle qui t'a écrit n'est pas appréciée ici. » Soana pris la lettre et répondit :

« - Celle qui m'a écrit comme tu l'appelle, est ma mère je ne vois pas comment elle pourrait connaître ce monde. Je veux savoir pourquoi elle m'a écrit je vais donc demander à toutes les personnes que je croiserai.

-Surtout pas ! l'homme avait hausser le ton. On te tuera pour ça. Ta mère a presque détruit ce monde.

- Comment ça ?

- C'est trop long à expliquer et je n'en ai pas envie. Sache juste que tu ne dois pas montrer cette lettre. A personne. »

Soana s'étonna :

« Tu dis qu'on me tuera mais toi, tu n'as rien fait et tu réponds même à mes questions. J'ai du mal à te croire.

-c'est par ce que je l'aimais bien. Quand elle vivait encore ici, avant qu'elle ne trahisse le royaume, on était très amis. J'étais avec elle quand elle a pris le contrôle de ce Monde et ça m'a valu l'agréable séjour que je passe entre ces murs.

-Je vois... Mais tu ne veux vraiment pas m'expliquer ce qu'elle a fait ?

-Non !

-Silence ! » Une voix se fit entendre à l'extérieur de la cellule. La porte voisine s'ouvrit éclairant le visage de l'homme face à elle. Il paraissait très jeune. Sa peau était mate, ses yeux perçant étaient bruns avec de nombreux reflets orangés et ses cheveux châtains, presque blonds lui effleuraient la nuque. Un détail retint l'attention de Soana : de grandes oreilles pointues partaient de chaque côté de sa tête. Il était si beau que n'importe qui, homme ou femme pouvait en tomber amoureux au premier regard. On aurait dit un elfe.

La porte ouverte laissa apparaître la tête d'une femme qui leur ordonna de se taire. Soudain, avec une rapidité inhumaine, l'homme attrapa la main de la gardienne avant de l'assommer d'un violent coup de poing à l'arrière du crâne. Il la porta, inconsciente à l'intérieur de la cellule puis lui subtilisa le trousseau de clef qui se trouvait accroché à sa taille. Il sortit tranquillement de la cellule en prenant soin de refermer la porte laissant ainsi Soana seule, dans le noir.

Tout c'était passé si vite que la jeune fille resta sans bouger et sans comprendre pendant de longues minutes. Elle entendait de temps en temps des cris et des bruits d'épées qui s'entrechoquais. Après un long silence, un bruit de serrure résonna et Soana vit apparaître le visage du fugitif qui lui dit d'un ton calme et posé :

« Mon nom est Kayan. Soana, fille d'Anna, je te souhaite la bienvenue à Kworg. »

Le Monde de KworgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant