Chapitre 11: Soana

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Soana contemplait les restes du feu de la veille. Elle était assise sur le sol, le dos exposé à la douce chaleur du soleil d'or. Une légère brise lui caressait la nuque. Depuis qu'elle était arrivée dans ce monde, tout allait très vite et elle n'avait même pas eu le temps de vraiment regarder autour d'elle. Le camp qu'ils avaient rapidement installé la veille se trouvait encore plus au cœur de l'immense forêt marquant la frontière entre les deux royaumes. Les trois compagnons changeaient de camps tous les deux jours, se rapprochant de plus en plus de leur objectif, Sigma.

La forêt était magnifique. Les arbres étaient si haut que Soana n'en voyait pas la cime. Partout autour d'elle se trouvait des branches, des buissons et des pierres. Cette forêt ressemblait beaucoup à celles que Soana connaissait à une exception près : Il n'y avait aucun bruit, ni gazouillement d'oiseau, ni feuille qui craque. Le moindre bruissement semblait défendu, il régnait un silence de mort.

La jeune fille repensa à cet étrange endroit. Après leur fuite, ils avaient traversé en très peu de temps une des rares villes mixtes de Gamma, celle qui entourait le château des Anges. Kayan lui avait expliqué que le peuple de chaque royaume était composé de plusieurs dizaines de races, chacune séparée dans des lieux différents comme des marais, des forêts, des plaines ou encore des grottes. Les villes étaient les seuls endroits où tous les habitants, quel que soit leur race, pouvaient se retrouver en paix. Il y en avait 3 dans chaque Royaume. En dehors de ces places, les différentes races, à l'exception des races dirigeantes ne pouvaient théoriquement ni se voir ni communiquer entre elles.

Soana avait traversé la ville de Myga, elle voyait encore les rues faites de sable fin, slalomant entre les énormes bâtiments de marbre. Les rues étaient bondées. Kayan et Etanos lui avaient demander d'enfiler une cape avec une capuche ample pour qu'elle passe inaperçu, en tant qu'humaine.

En sortant de cette immense foule, ils avaient emprunté une vielle route abandonnée reliant la ville à l'immense forêt servant de frontière. Ce passage de leur petit périple s'était plutôt bien passé : ils n'avaient croisé presque personne et les deux garçons ne s'étaient pas battus ni même disputés. Une seule chose avait retenu l'attention de la jeune fille, Etanos partait souvent seul puis revenait quelques minutes plus tard, tremblant, apeuré et surtout épuisé. Il essayait de le cacher du mieux possible mais elle n'était pas dupe et commençait sérieusement à s'inquiéter pour l'Elfe aux cheveux blanc.

Donnant libre cours à ses pensées, Soana avait complètement oublié que ses amis était partis discuter « de choses sérieuses » comme ils le disaient. Leur discussion commençait à être longue et Soana perdit patience. Elle décida d'aller voir où ils en étaient.

Quand elle arriva à proximité, elle commença à entendre des cris. Inquiète, elle pressa le pas pour entendre plus distinctement ce qu'ils disaient :

« Depuis le premier jour où l'on s'est vus tu me gâche la vie, tu ne peux pas me reprocher ce que j'ai fait, annonça une voix grave mais tremblante.

-Ouvres les yeux ! Tu m'as fait enfermé pendant 90 ans, tu te rends compte de ce que c'est ? J'ai passé tout ce temps dans une cellule à étudier ton cas. Je sais tout ce que tu as fait. Tu as trahi notre monde et je ne peux pas te laisser celle qui le sauveras, rétorqua l'autre.

- Je t'en prie, je dois l'emmener. On me surveille constamment et je suis certain qu'Aléna est déjà au courant de notre discussion. Je n'ai plus beaucoup de temps... »

Soana arrêta d'écouter. C'en était trop, elle ne savait pas comment expliquer ce qu'elle ressentait, en cet instant, après avoir entendu ses paroles. Elle avait fait la connaissance d'Etanos il y avait environ un mois. Ils étaient ensemble tous les jours et elle pensait qu'elle avait appris à le connaître. Elle était au courant qu'il gardait des secrets mais pas de cette taille, Kayan venait de parler de trahison et de fausses accusations.

Elle ne savait pas pourquoi elle se sentait autant atteinte, peut-être aurai-t-elle aimé qu'il se confie à elle, qu'il ne lui cache pas tout ça...

Elle secoua la tête, cette pensée n'avait aucun sens.

Kayan sorti des buissons et s'arrêta devant Soana :

« -Tu es là depuis longtemps ? demanda t'il

-Je...

-Ce n'est pas important, j'espère que tu as compris qui était réellement ton cher Etanos. Méfie-toi de lui, c'est le seul conseil que je puisse te donner. » Il ne laissa pas à Soana le temps de répondre et parti aussi vite qu'il était arrivé, la laissant à nouveau seule.

Elle ne voulait pas y croire, dans sa tête fusaient les nombreuses excuses qu'elle essayait de trouver à Etanos. Il avait probablement prononcé ces mots dans un contexte particulier, après tout, elle était arrivée au milieu de la conversation et n'avait pas entendu le début.

Non, c'était impossible. Il y avait forcément une explication. Elle devait la lui demander.

Décidée, Soana s'avança dans les épais buissons à la recherche de son ami. En arrivant, elle entendit une voix féminine se mêler à celle d'Etanos. Elle se cacha derrière un arbre pour épier la scène. Etanos était là, ses courts cheveux blancs dansaient autour de son visage, bercés par le vent. Ses longues et fines oreilles lui donnaient un air enfantin. Il ne portait, comme à son habitude, qu'un gilet en peau ouvert, qui laissait paraître son torse nu. A la taille, il avait une ceinture à laquelle était accroché sa dague, à l'abris de son fourreau. Soana n'avait jamais eu l'occasion de voir sa lame mais elle savait que l'elfe y tenait plus que tout. Son pantalon blanc était, souple et ample afin de ne pas entraver ses mouvements. Il souriait et ses yeux jaunes regardaient la femme face à lui.

Elle était grande, fine et magnifique. La femme était de dos donc Soana ne put voir son visage. La jeune fille remarque juste les deux oreilles de chat qui lui surmontaient le crâne.

Là, derrière son arbre, Soana les regardait avec un pincement au cœur, elle ne comprenait pas pourquoi elle était dans cet état là mais elle ne supportait plus cette vision. Elle recula et marcha une petite branche morte qui craqua bruyamment. Elle releva la tête pour regarder autour d'elle et vit la femme s'approcher d'Etanos comme pour l'embrasser. S'en fut trop pour elle et ses yeux commencèrent à se remplir de larme. Elle fit demi-tour et couru vers le coin obscur de la forêt, à l'opposé de son camp.

« Je te hais » pensa-t-elle.


***

Hello tout le monde j'espère que ce chapitre vous  plu, comme d'habitude, n'hésitez pas à voter et à me donner votre avis!

 A la semaine prochaine :)

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