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Je rentre chez moi au pas de course car je suis en retard. A cause de la Moisson, nous n'avons pas cours cet après-midi mais j'ai trop traîné pendant les trente minutes de trajet qui me séparent de la maison et j'ai peur de devoir sauter le repas si j'arrive trop tard. J'habite dans le quartier aisé du district 4 qu l'on appelle "les toits verts" à cause de la couleurs des toits des maisons. Le district 4 est l'un des plus riche de tout Panem, car le Capitole raffole du poisson. Je sais que j'ai de la chance de vivre dans ce district car même les plus pauvres ne sont pas malheureux : il y aura toujours du travail dans la pêche. Beaucoup d'enfants des familles les moins riches travaillent, certes, mais gagnent en échange une généreuse somme d'argent en échange. Plus un dixième de leur pêche quotidienne. Mon père est plus que généreux avec ses employés. L'ancien patron de la pêche fouettait ceux qui ne rapportaient pas assez de poisson à son goût, ou tout simplement ceux dont les têtes ne lui revenaient pas.

Notre district est également celui qui gère le mieux l'éducation des enfants. L'école est la même pour tous et est publique et gratuite. A la fin de notre scolarité ( dix-huit ans !) les plus pauvres reçoivent directement une place comme pêcheur, ou comme employé à l'usine de préparation du poisson et les plus riches continuent leurs études. C'est là que je me rends compte de la chance que j'ai de ne pas être pauvre et en plus fille unique, car les études (Suivantes comme on les appelle) coûtent horriblement cher et les riches familles nombreuses n'envoient en général qu'un ou deux de leurs enfants en Suivantes. Mes parents m'y ont déjà inscrite pour l'année prochaine car je fête mes dix-huit ans dans deux semaines.

Je pousse doucement la porte de la maison pour ne pas attirer l'attention de ma mère : elle est toujours d'une humeur de chien le jour de la Moisson ! Pas de chance, car elle se trouve justement dans le vestibule...

- Annie mon dieu qu'est-ce que tu fabriquais ?! Tu veux être en retard pour la Moisson? Dépêche toi de te préparer ou tu devras sauter le déjeuner ! 

Je suis habituée aux sauts d'humeurs incessants de ma mère à chaque Moisson. Pourtant nous n'avons pas vraiment à nous inquiéter : nous ne prenons aucune tesserae et cette année, mon nom n'est présent que six fois parmi des millier d'autres.  Je monte me déshabiller dans ma chambre. Ma chambre, c'est l'endroit que je préfère le plus au monde avec la Grande Plage. J'aime me retrouver seule ici, allongée sur mon lit à contempler le plafond recouvert d'étoiles en plastique phosphorescent. C'est une pièce plutôt petite et exiguë mais je m'y sens bien. 

Je retire mon uniforme d'école qui se trouve être une chemise bordeaux et un pantalon noir pour passer ma tenue de la Moisson de cette année : une robe à bretelle en dentelle blanche avec de nombreux volants tout autour qui m'arrive jusqu'au genoux accompagnée d'une paire de sandales plates en cuir simple. C'est une tradition chez nous : tous les ans, à la période de la Moisson qui est aussi celle de mon anniversaire, ma mère m'emmène la veille choisir une robe pour l'occasion. Et c'est cette robe que j'ai choisi cette année. Je l'avais déjà repérée l'année précédente, mais ma mère avait catégoriquement refusé en disant que j'allais ressembler à une vielle pie du Capitole avec. J'ai tellement insisté cette année qu'elle cédé en disant "C'est bien parce que tu va avoir dix-huit ans". J'attache mes cheveux en un chignon simple que j'orne d'une simple fleur de cerisier trouvée sur le trajet de l'école. Je ne sais pas pourquoi, mais on trouve énormément de cerisiers dans le district 4.

Lorsque je descends pour passer à table, ma mère se jette dans mes bras (encore un saut d'humeur ) les larmes aux yeux.

- Comme tu as l'air grande avec ta robe ma chérie ! J'ai l'impression qu'hier encore, tu n'étais qu'un petit bout de chou potelé à qui il fallait apprendre à manger proprement !

J'ai beau être timide, je déteste quand ma mère nostalgique évoque des moments de mon enfance que je trouve gênant :

- Maman s'il-te-plaît...Je croyais que tu détestais cette robe en plus...

Ma mère ignorant ma remarque :

- Comment s'est passé l'école ce matin?

M'asseyant et saisissant ma fourchette, je retrouve ma timidité habituelle et ne répond pas. Ma mère sachant que ce silence signifie "comme d'habitude" n'insiste pas et un blanc se forme entre nous. Pour une fois, c'est moi qui le brise :

- Où est papa?

-Il n'arrivera que pour le tirage au sort, un problème avec un filet de pêche.

Je hoche simplement la tête et repose mon attention sur ma part de gratin de sardine. Je ne sais pas pourquoi, mais plus l'heure tourne, plus la Moisson de cette année m'angoisse.


J'espère que cette fanfiction vous plaît :D   N'hésitez pas à y laisser des commentaires et à voter! La suite arrive tout-à l'heure si j'ai un bon timing ! Bonne soirée !

Annie Cresta | les 70e Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant