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Je sens de nouveaux mes jambes se dérober. Je flanche et me rattrape de justesse sur le lit. Je me remets à pleurer et je réalise à quel point je suis faible. A ce moment là, on ouvre doucement ma porte : c'est Athenais. Elle a changé de robe et a bouclé ses cheveux maintenant roses (comment le fait-elle en une journée?)

-Ah tu es réveillée ! Quelle joie! me dit-elle faisant mine d'ignorer mes larmes. Tu veux te joindre à nous pour  regarder la Moisson des autres tributs à la télévision ! me propose-t-elle comme si on se connaissait depuis des année.

Pourquoi hurle-t-elle pratiquement à chaque phrase? Et pourquoi articule-t-elle à peine? Les gens du Capitole m'exaspère et je n'ai aucune envie de rejoindre les autres avec mes yeux rougis et bouffis par les larmes.

-Pardon, je réponds en me concentrant pour ne pas trembler (cette fichue timidité qui revient), mais je ne suis pas d'humeur à rejoindre les autres et en plus je ne tiens pas à me présenter comme ça. Allez-y sans moi.

-Mon amour, je vais t'arranger ça, s'exclame-t-elle en parlant de ma figure barbouillée, et j'insiste viens regarder la Moisson avec nous, tu verras, cela te sauvera peut-être la vie dans l'arène !

Elle a la finesse de me rappeler de nouveau que dans une semaine, je serais dans l'arène en train de me faire massacrer. Elle commence à m'exaspérer.

-Non je regrette, je réplique plus durement que je ne voulais, ma tristesse a complètement disparue à présent et laisse place à de la colère.

-Annie mon amour (elle m'énerve aussi avec ses stupides surnoms) fais-le pour moi ! dit-elle en sortant un mouchoir d'un des tiroirs de ma commode et en nettoyant délicatement mon visage de façon presque maternelle.

Je ne suis pas l'amie d'Athenais donc je n'ai pas vraiment à faire quelque chose pour elle, mais devant sa détermination à venir me chercher et sa gentillesse en me nettoyant le visage j'accepte finalement - à contrecoeur -  de la suivre jusqu'à un immense wagon-salon. Il est situé au bout du train si bien que l'on peut voir le paysage rapetisser à travers une immense baie-vitrée. Je distingue de nombreuses usines desquelles s'échappe une épaisse fumée. Nous sommes sûrement dans le district trois, celui spécialisé dans le matériel électrique. Je fais un rapide calcul et en déduis que cela fais deux heures environ que nous sommes partis.

Confortablement installés dans un large canapé en cuir (au moins trois fois plus grand que le miens ) la vieille Mags, Finnick, les pieds posés avec nonchalance sur la table et enfin, l'autre tribut qui s'avère être...un gamin de douze ans ! J'en reste bouche bée : un tribut de douze ans venant district quatre pourtant connu pour ses carrière volontaires, on en a jamais vu depuis les trentièmes Hunger Games au moins. Cela explique les grondement de la foule quand il a été tiré au sort. Puis je réalise que cette année, il n'y aura aucun tribut de carrière pour représenter notre district, chose assez rare dans le quatre. J'observe mon nouveau coéquipier : les cheveux brun chocolat et bouclés, le teint hâlé. C'est le portrait typique des enfants de pêcheurs, la peau tannée par le soleil à cause des longues heures de travail en mer. Par contre ce sont ses yeux qui attirent le regard : d'un bleu profond et clair, qui contraste avec sa peau sombre. Je ne comprends toujours pas pourquoi personne de plus âgé ne s'est porté volontaire pour lui, pourtant, j'était sûre d'avoir entendu quelqu'un se porter volontaire tout-à l'heure, mais bon.

-Tiens, la belle au bois dormant s'est réveillée? ironise Finnick en me voyant. 

Je n'ai jamais apprécié Finnick Odair, que ce soit à la télévision en en vrai. Je le trouve prétentieux, arrogant et ...c'est vrai, incroyablement beau. Et c'est justement ce qui me gêne : les garçons que je trouve mignons me mettent encore plus mal à l'aise que d'habitude. J'ignore sa remarque m'installe sur le canapé entre Athenais et le "petit garçon" (car c'est tristement ce qui le décrit le mieux). Finnick reprend :

-Eh bien, on est pas gâtés cette année : une hystérique pleurnicharde et une demi, voir un quart de portion. Que voulez-vous que je fasse de ça...

-Finnick...l'interrompt Mags ( Merci ! ) en posant un doigt sur ses lèvres, lui intimant l'ordre de se taire.

Je me tourne vers le petit garçon et affiche mon plus beau sourire (je ne suis pas trop timide avec les enfants plus jeunes que moi).

-Bonjour, le m'appelle Annie Cresta et toi? dis-je en lui tendant ma main.

Le garçon me regarde comme si je lui gâchait le paysage, affiche une moue maussade et observe un bref moment de silence avant de grommeler en tournant la tête vers l'écran de télévision encore éteint :

-Ouais je sais comment tu t'appelles, j'étais à la Moisson au cas ou tu ne le saurais pas.

Il s'arrête et reprend :

-Je m'appelle Nullah.


Annie Cresta | les 70e Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant