Depuis deux jours, Alexandre Valérand réside dans un appartement du palais de l'Elysée. De sa fenêtre, il observe le ballet incessant de la garde républicaine, les formations se succèdent, l'ennui le guette, la vie semble ralentir, ce n'est pas l'idée qu'il s'était fait de ses premiers jours hors de sa cellule.
Une seule chose marque une réelle différence avec sa cellule, ici, il vit avec Arthur et Marcus, et c'est une expérience complexe et étonnante. Marcus passe son temps à démonter et remonter son arme, lustrer son fusil d'assaut, compter ses munitions, il inspecte la chambre toutes les 30 minutes et passe parfois la tête par la porte d'entrée pour vérifier que personne n'espionne son nouveau client. Arthur de son coté, commence enfin à tirer quelques vers du nez de l'immortel. Au détour d'une conversation sur la météo, Valérand a avoué hier soir avoir vécu le passage de la comète de Halley en 1910 comme un intense moment d'émotion. Faible élément pour reconstruire une existence commencée il y a 3 siècles, mais amorce prometteuse pour un homme qui n'avait plus parlé depuis des dizaines d'années.Les douze coups de midi retentissent dans l'appartement, au loin on entend le clocher de l'église de la Madeleine, et hormis quelques coups de klaxon éparses, rien d'autre ne vient troubler le silence assourdissant qui règne dans la pièce. Néanmoins, et pour la première fois en deux jours, Valérand va avoir un entretien privé avec le Président, dans le salon d'argent, sans ses accompagnateurs.
Une fois le repas terminé, l'immortel traverse le palais accompagné de Marcus, ils passent devant de grandes tentures dressées ici et là, les rideaux pourpres jalonnent les interminables couloirs du palais, et enfin, une grande porte se dresse face à eux. Ici, Marcus ne pourra pas rentrer, et c'est donc seul que Valérand pénètre dans la pièce. Le Président est déjà assis au milieu de la pièce, face aux fenêtres, le thé brûlant fraîchement servi parfume la pièce, l'immortel prend place au coté du Président, et dans son élan, entame lui-même la conversation.
"Bonjour Monsieur le Président, comment allez-vous ?" Le Président hoche la tête et boit une gorgée de thé en fixant la fenêtre. Il semble inquiet, tendu. Et pour cause, il en a appris un peu plus sur cet homme qui a attaqué Valérand dans les anciennes archives de la Police. Selon les premières investigations, l'homme serait un italien, domicilié dans un appartement au nom de Renato Montegiorno, un illustre inconnu, aucun casier, aucune fiche de renseignement indiquant une possible affiliation terroriste, aucun antécédent dans son pays d'origine. Renato était totalement "clean" comme disent les policiers, et pour autant, il a voulu assassiner froidement l'homme le plus important de France à l'heure actuelle. Après quelques secondes de silence, le Président détaille la situation à l'immortel, et rajoute :
"Ce qui est sur, c'est que c'est la première fois que l'on entend cette phrase en latin, aucune faction connue n'a fait usage d'une phrase rituel en latin ces dernières années, cette phrase qu'il vous à énoncé reste plus ou moins mystérieuse. Néanmoins nous avons trouvé de possibles liens avec une secte italienne qui semblait en sommeil depuis des années, la piste reste à explorer." Valérand semble soucieux de ce que vient de lui dire le chef de l'Etat, soucieux mais pas convaincu..
"Je crois que vous faites fausse route.. Dans les années 50, quelques mois avant de me faire incarcérer, j'ai été approché par un homme sombre à la sortie d'un bar, j'étais là pour me détendre après une journée de travail, et cet homme est venu vers moi, il m'a dit quelques mots concernant l'humanité, la lune, les premiers hommes et d'autres mots incompréhensibles. Au premier abord, j'ai cru qu'il était saoul, et puis il est reparti en marchant parfaitement droit, sans claudiquer..". Les propos de Valérand laisse le président dubitatif, les mots de cet homme pourraient ramener l'enquête sur un terrain de science-fiction que les enquêteurs ne prendraient certainement pas au sérieux. Voyant la réaction du Président, l'immortel cesse de se confier, comme vexé par le manque de confiance de son interlocuteur.De l'autre coté de la porte, Marcus attend, il se tient toujours prêt, comme à son habitude. Une main sur son arme, il scrute les longs couloirs du palais, tout en ne quittant jamais la porte.
Enfin, au bout d'une dizaine de minutes, la porte s'ouvre, et c'est Valérand qui sort, il referme immédiatement la porte derrière lui et presse alors Marcus de le suivre, direction l'appartement.Les deux hommes marchent côte à côte, et arrivent face à la porte de leur chambre, Valérand ouvre la porte, pénètre dans la pièce, et lorsqu'il referme la porte, une alarme puissante retentit dans le Palais. Par la fenêtre, les trois hommes voient la garde républicaine s'agiter, de nombreux policiers armés accourent vers l'entrée du palais, dans les couloirs, tout le monde crie, tout le monde court, c'est la panique. Marcus lui aussi n'est pas serein, il craint une attaque contre Valérand ou une attaque terroriste, mais il ne panique pas, il réunit ses armes, et ordonne aux deux autres de faire leurs bagages. Calmement, les trois hommes sortent de l'appartement. Marcus avait bien entendu déjà prévu une issue de secours en cas d'attaque, il n'avait plus qu'à appliquer son plan. Le petit groupe marche le long du couloir de l'aile droite, et arrivé face à une grande tenture, disparaissent derrière celle ci. Les vieux palais sont remplis de passages secrets, de pièces cachées et autre trappes dissimulées. Ici ils ne sont pas encore totalement en sécurité, si Marcus a pu découvrir en deux jours ce passage, la Police et les services de sécurité du palais doivent également le connaitre. Heureusement pour eux, cette pièce mène directement au souterrain de l'Elysée qui dispose comme tout bon palais présidentiel, d'un tunnel d'exfiltration. Alors, Marcus ouvrant la marche, ils parcourent ce tunnel jusqu'à arriver dans le petit cabanon de jardin, tout au bout du domaine. Ils en sortent discrètement, la nuit commence à tomber et la lumière faiblit. Se faufilant entre buissons et arbres, ils atteignent enfin une sortie, un seul homme la garde à cause de l'alerte qui retentit toujours.
"Restez là, je vais le neutraliser .." ordonne Marcus. Le colosse s'exécute et assène un gros coup de crosse sur le crane du policier, le laissant inconscient dans sa petite guérite.
"Maintenant suivez-moi !" Un nouvel ordre parfaitement suivi par Alexandre et Arthur. Marcus marche d'un pas pressé sur l'Avenue Gabriel, cette artère qui passe derrière les jardins de l'Elysée. Il s'arrête à coté d'une Mercedes, sort son arme et frappe la vitre. Il s'engouffre dans le véhicule, les deux autres font de même et voilà la voiture qui démarre en trombe. Personne ne sait ce qu'il a bien pu se passer à l'Elysée, la panique était totale, et il était bien plus sur de fuir le Palais que de s'y retrancher. Tout en conduisant à toute vitesse sur le périphérique parisien, Marcus entreprend de téléphoner au Président sur sa ligne directe. Le téléphone sonne, quelqu'un décroche :
"Quoi ?!" s'écrit la voix inconnue.
"Monsieur le Président, nous avons du fuir le palais, c'était plus sur pour Valérand" déclara Marcus.
"Ici le Premier Ministre, je vous ordonne d'arrêter immédiatement votre cavale, vous ne pourrez aller nulle part, la France est à vos trousses !" Personne ne comprend les menaces du Premier Ministre, Valérand reste bouche bée, pourquoi les intimer de se rendre, alors qu'ils ont fuis pour leurs vies ?
"Si vous ne vous rendez pas, nous serons dans l'obligation de faire usage de la force ! Le Président vous avait hébergé dans ses appartements pour vous protéger, vous en avez profité, vous êtes les traîtres de la nation !". L'incompréhension augmente à chaque mot du ministre, Arthur est prostré dans son siège, ne sachant plus quoi penser. Marcus lui, commence à ralentir la voiture, et s'adresse au Premier Ministre :
"Monsieur le Premier Ministre, que nous reprochez vous ? Nous avons fuis car nous craignons une attaque terroriste ou une tentative d'assassinat contre Valérand"
"Ce que nous vous reprochons ?! Sans doute la lame de poignard enfoncé dans le cou du Président retrouvé après l'entrevue entre ce dernier et votre cher Monsieur Valérand" déclara, furibond, le Premier Ministre. Le choc est total, Marcus bafouille quelques mots, se retourne vers Valérand, qui d'un geste de la tête indique bien évidemment que ce n'est pas lui qui a tué le Président. Le policier n'est plus sur de rien, il n'était pas dans le salon, par contre il sait que dans ce salon il n'y avait que l'immortel et le Président. Son incertitude le pousse à raccrocher brusquement le téléphone, il appuie fermement sur l'accélérateur et sort enfin de Paris, dans l'espoir de trouver une planque où les trois hommes pourront démêler le vrai du faux de cette histoire..
VOUS LISEZ
Le fil rouge
AdventureAlexandre Valérand est prisonnier depuis 53 ans, au coeur de Paris, quel horrible crime a t'il pu commettre pour mériter une telle peine d'emprisonnement, et ce dans le plus grand secret ?