Chapitre 6 : De rire et de soleil

13 0 2
                                    

Le doux chant des oiseaux me tira de mon sommeil de plomb. Nan je déconne, c'est mon réveil qui s'en est chargé... Je le désactivais en grognant et, dans un effort monumental, ouvrit les yeux. Oh. On était vendredi. Cette perspective me fit bondir de mon lit. Parce qu'après le vendredi, c'est le samedi ( oui Juliette, sans blagues !), et que ce samedi, j'avais décidé qu'on irait faire du shopping, Lauren et moi. Ca nous fera du bien à l'une comme à l'autre. Moi, parce que mes parents et ma sœur n'arrêtent pas de s'engueuler tout le temps et que l'ambiance est franchement pesante, à la maison. Et Lauren, parce que sa mère est encore dans le coma, son père un gros abruti et elle une véritable bombe surnaturelle. Hum... En fait, elle en a bien plus besoin que moi. Je me dépêchais de m'habiller ( enfin façon de parler, vu que je passe environ un quart d'heure à choisir ma tenue chaque matin...) et descendit prendre mon petit déjeuner.
" Bonjour, ma puce, me fit mon père.
- Bonjour papa !
- Tu veux du chocolat chaud ?
- T'inquiète je vais me débrouiller..."
Je me préparait un chocolat chaud et beurrait généreusement mes tartines. Mon père lui, buvait son café en lisant son journal. Honnêtement, je ne sais pas comment il faisait pour être déjà opérationnel à peine sorti du lit. Moi la seule chose que j'étais capable de lire le matin, c'était les écritures sur le paquet de céréales. Je commençais à manger. Mon père sifflotait gaiement. Ca me fit plaisir de le voir de si bonne humeur...
Évidemment, c'est pile poil ce moment là que choisit Amandine pour débarquer en trombe dans la cuisine, Maman sur le dos.
" Bonjour, Amandine !" lança gaiment mon père.
Ma sœur ne se donna même pas la peine de répondre. Ma mère prit un air outré.
" Amandine, tu as le droit d'être polie ! s'énerva-t-elle
- Oui, mais le principe d'un droit, c'est justement qu'on peut mais qu'on est pas obligé de faire quelque chose." rétorqua Amandine.
Ouch. Méchant. Ma mère vira au rouge pivoine, et avant qu'elle ne commence à vraiment s'énerver, j'avalai ma dernière tartine tout rond et filait hors de la cuisine. J'avais à peine franchi le seuil qu'elle commença à hurler, suivie de ma sœur qui lui hurlait dessus encore plus fort.

Il faisait très beau, aujourd'hui. Quand j'arrivais devant le collège, je vis Lauren qui m'attendait devant la grille, un grand sourire aux lèvres. Je crois que je commençais à comprendre pourquoi il faisait beau...
" Hey ! Devine quoi ?
- Heu... Quoi ? fis-je
- Stéphan va venir chez moi ce week-end !!
- C'est super !!
- Oui, on s'est pas vu depuis longtemps..."
Stéphan, c'était son cousin ( du côté de sa mère ) qui habitait à Marseille. Ils s'entendaient vraiment très bien, ça allait lui changer les idées. Il avait un petit frère, Bastian. Je les avais vus, une fois, le jour de la fête des quarante ans de Kate, la mère de Lauren. C'était il y a deux ans, environ...
" Et du coup, on reporte le shopping à la semaine prochaine ? demandais-je.
- Juliette... fit-elle d'un ton grave.
- Oui ?
- On ne s'est pas revu depuis les quarante ans de ma mère... Enfin juste le jour de l'enterrement. C'est la première fois qu'on se retrouvera tous les deux depuis l'incendie. "
Merde ! Je n'avais pas fait le rapprochement... Maura ( la cousine de Lauren), sa sœur et ses parents, ainsi que Jack, un des oncles de Lauren et sa femme Marie avaient péri durant l'incendie. Tout le reste de la famille était effondré... Comme le dit souvent Ashley, l'enterrement de la moitié de la famille Hale fut sûrement la pire chose qu'ils aient jamais dû affronter. Du coup, il ne restait que deux cousins à Lauren du côté de sa mère. Et ils ne s'étaient pas revus depuis l'enterrement , d'abord parce que Stéphan et sa famille avaient déménagé à Marseille et ensuite parce qu'ils avaient tous eu besoin de prendre du recul.
" Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Oui... En fait, j'aimerai que tu sois là. Que tu vienne chez moi tout le week-end. Comme ça on pourrait se faire un ciné avec Stéphan ou...
- T'es sûre ?
- S'il te plaît... Accepte ! Je... Je sais pas du tout ce que je vais bien pouvoir lui dire... Je suis super heureuse de le voir mais j'ai le trac à cause de tout ça...
- Je négocierai avec ma mère. promis-je.
- Merci beaucoup, Juliette. Tu es vraiment la meilleure des meilleures amies...
- Il paraît... dis-je.
Elle éclata de rire. Je me la rejoignis aussitôt, contente d'avoir pu la soulager du poids du chagrin. Josiane, la pionne, nous cria alors de nous dépêcher de rentrer et d'aller nous ranger.

" On est songeuse à ce que je vois ! "
La voix de la prof de français me tira de mes pensées.
" Est-ce que tu voudrais bien redescendre un peu sur terre et poursuivre la lecture ? continua-t-elle.
Hein ? Quelle lecture ?
" Ici... me fit Theo en me montrant la bonne ligne dans le livre.
Je commençais à lire d'une voix claire, histoire de le faire pardonner.
" Merci. dis-je à Théo après avoir fini.
- T'inquiète, c'est normal. Au fait, je peux savoir à quoi tu pensais ?
- Non.
- Non ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Secret d'état. Ça ne te regarde pas. répliquais-je.
- T'es pas très reconnaissante ! Je viens de te sauver la vie ! me sourit-il.
- Et donc ? Tu voudrais que je t'appelle Ô mon beau chevalier servant ? Je t'ai remercié je vois pas vraiment ce que je veux faire de plus."
Un sourire malicieux fendit son visage.
" Quoi ?
- Tu me trouve vraiment beau ?"
Je rougis comme une pivoine. J'avais quand même pas dit ça ! Et bah il faut croire que si... Je me lançais dans une explication bafouillante, ce qui eut pour seul effet de le faire sourire encore plus.
" Arrête ça !! grognais-je.
- Ben quoi ?
- Arrête.
- Avec plaisir, ma belle aimée... se moqua-t-il.
- Je..."
Je rougis de nouveau. Il venait de m'appeler ma belle aimée ??
" Eh, t'es toute rouge. me fit Théo.
- Ben quoi, t'as jamais vu une tomate ?" rétorquais-je.
Il éclata de rire et je pris une moue vexée en me tournant vers la fenêtre.
" Tu fais la tête ?
- ...
- C'est pas gentil de mettre des vents, Juliette.
- ...
- Vraiment pas gentil.
- Je...
- Juliette ! hurla la prof. Tu veux un mot ou quoi ??
- Non..." fis-je en baissant la tête.
Je jetais un regard noir à Théo. Toute la classe s'était retournée et nous regardait.  Lauren me fixait elle aussi d'une oeil moqueur, l'air de dire : t'as pas deux trois petites choses à me révéler ? Mais non ! Ce n'était pas du tout ce qu'elle croyait !! Je lui dis non de la tête. Elle sourit de plus belle. Mais non enfin ! Je n'avais pas du tout craqué pour Théo !

Héritage - La tempête de son cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant