Il pleuvait encore aujourd'hui. Franchement, je me demandais si l'humeur désastreuse de Lauren n'avait rien à voir avec ça... Deux semaines avaient passé depuis son overdose. Sa mère, elle, était toujours dans le coma, mais les médecins la disaient en voie de guérison. Lauren était revenue au collège il y a une semaine, et je crois que je ne l'avais jamais vue aussi passablement déprimée. Elle était tellement morne et sans vie que cela commençait à déteindre sur moi. En même temps... Si j'étais à sa place, je pense que je serai encore pire.
C'est donc en grognant que je me mis en route pour le collège, fermement agrippée à mon parapluie. En attendant, la pluie avait au moins un mérite : je crois que je n'avais jamais vu les pelouses du quartier aussi vertes et en bonne santé. Topaze s'en donnait chaque jour à cœur joie dans notre jardin, et revenait toujours trempée et couverte de boue. Et comme d'habitude, c'était moi qui m'occupais de la laver ( Amandine n'avait certainement pas l'intention de prendre le risque de ruiner sa manucure pour notre chien ).
Enfin bon, comme vous l'aurez compris, j'étais aujourd'hui d'une humeur massacrante. En arrivant devant le collège, je tentais d'extirper mon carnet de correspondance de mon sac afin de le présenter à la surveillante postée à la porte qui vérifiait que chaque élève avait bien son carnet - et qui par la même occasion se trouvait être l'horrible Josiane. Je m'emmêlais les pinceaux, rattrapais in extremis mon parapluie, mais mon carnet n'eut pas cette chance, et tomba en beauté en plein dans une flaque d'eau.
" Merde, merde, merde ! jurais-je avec colère, en me baissant pour le ramasser.
- Ben dites donc, c'est pas très classe, tout ça !" s'écria une voix que je ne connaissais pas.
Je ramassais mon carnet à la vitesse de l'éclair et me retournait afin de voir qui était l'abruti qui m'avait fait la remarque pour lui faire regretter d'avoir ouvert la bouche. Mais en fait... Je ne le connaissais pas.
" T'es qui, toi ? grognais-je
- Je m'appelle Théo, je suis nouveau. me répondit-il sans se démonter.
- Mais encore ?
- C'est mon premier jour. Je stresse un peu.
- Ah... Passionnant.
- Tu veux un mouchoir ?
- Pardon ? T'as cas me dire que j'ai la morve au nez pendant que t'y es ! m'énervais-je. Non mais la subtilité, ça te dit quelque chose ??
- Je disais ça pour ton carnet. Il est sale. précisa-t-il
- Ah euh... "
Je rougis comme une tomate. Je m'étais légèrement emballée. Il me tendit un mouchoir, je le pris à contre-cœur et tentais d'essuyer mon carnet dégoûtant. Je frottais plus fort. Mais je ne réussis qu'à étaler la boue un peu plus... Je levais les yeux sur lui. Il me regardait tranquillement m'énerver sur mon carnet, un sourire moqueur aux lèvres. J'allai sèchement le rembarrer quand Josiane s'en mêla.
" Dépêchez-vous nom d'un petit bonhomme ! Je prends la pluie, moi ! cria-t-elle avec mauvaise humeur. Vous irez papoter plus tard."
Je tournais le dos à Théo et rentrais dans le collège sans me retourner. Lauren m'attendait à notre endroit habituel, son téléphone en main, pianotant à toute vitesse. Je la rejoignais, lui fis la bise, puis la cloche sonna, et nous allâmes en cours.Le cours d'anglais avait à peine commencé que le CPE frappa. Il entra, et je ne pus m'empêcher de regarder Lauren. Et si ça concernait encore sa mère ? Elle me fis non avec la tête, et fis un signe en direction du CPE. Il n'était pas seul. Il était accompagné... de Théo. Je me figeais. Son regard se posa sur moi et il me sourit. La moitié de la classe se retourna pour me dévisager, et encore une fois, je rougis jusqu'à la racine des cheveux.
" Bonjour, dis le CPE. Je vous présente Théo Martin, qui a récemment emménagé en ville. Il sera scolarisé ici. Je compte sur vous pour l'accueillir comme il se doit."
Et il sortit. La prof d'anglais se leva, souhaita la bienvenue à Théo, et lui dit d'aller s'asseoir au fond. Attendez... La seule place libre au fond était celle à côté de moi ! Je me maudis intérieurement et enlevais mon sac de la chaise à côté de moi. Il s'assit avec un petit sourire et sortit ses affaires.
" Comme on se retrouve... me dit-il.
- Ouais, c'est légèrement cliché, quand même. rétorquais-je. Ça fait un peu début de film de vampire.
- Hum... C'est vrai, oui. On se rencontre sous la pluie a l'entrée du collège, puis il se trouve qu'on est dans la même classe et la seule place libre est à côté de toi... Oui ça fait très film de vampire. Le seul truc, c'est que la fille est brune, d'habitude.
- Oui, et elle est belle, aussi.
- T'as pas de souci à te faire de ce côté là."
Je mis un temps à réagir. Il venait de me dire que j'étais belle ? Il me fixait en souriant malicieusement. Ses yeux bruns brillaient d'une lueur espiègle. Je me rendis alors compte qu'il était vraiment canon. Il avait la peau café au lait, les cheveux rasés sur les côtés et coiffés au gel, comme la plupart des garçons. Il avait deux fossettes au creux des jours quand il souriait. Et son sourire... Il était à tomber par terre.
" Alors ? Tu vérifies si mes yeux ne changent pas de couleur ? me lança-t-il en riant.
- N'importe quoi !
- Ne t'inquiète pas, continua-t-il sur le ton de la confidence, je ne risque pas de me jeter sur toi pour te vider de ton sang.
- Tu m'en voie rassurée, alors !"
Il rit. Cela m'arracha un minuscule sourire. Que je réfrénais aussitôt.
" Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Est-ce que j'ai besoin d'une raison pour rire ?
- Avec moi, tout à une raison d'être. Et t'as pas intérêt à te foutre de ma gueule, ok ?
- T'es pas commode, toi.
- Et encore, la je suis de bonne humeur."
Le sourire qu'il m'adressa avant de retourner à son cahier aurait fait fondre n'importe quel iceberg. Mais moi, il faut croire que j'étais bien pire qu'un iceberg. Vexée qu'il ait pu se moquer de moi, gênée de passer pour une courge, je préférais me tourner vers la fenêtre. C'est fou ce que les arbres de la cour du collège pouvaient être passionnants... Il y en avait des grands, des petits, des avec des petites feuilles ciselées, des avec des grosses feuilles rondes, des vert pâle, des vert bouteille... Bref, j'étais partie un peu trop loin, là.
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Héritage - La tempête de son cœur
FantasiaHéritage Tome 1 : La tempête de son cœur Je m'appelle Juliette, j'ai quatorze ans. Mis à part le fait que ma meilleure amie soit une véritable bombe surnaturelle, que ma sœur cache des choses pas très nettes et que je ne trouve rien de mieux à fai...