Fragment 2

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La nuit tombait sur Versailles et le froid était rude. Une petite foule de courtisans, solliciteurs ou simples curieux comme moi s'était assemblée sous le passage couvert qui relie la cour royale au parterre nord. Après une heure d'attente à la lueur de porte-flambeaux encadrant un carrosse vide, une cloche sonna et le monarque apparu. Grand, plutôt bel homme, le visage portait une quarantaine subtilement équilibrée entre viandes trop riches et chasse quotidienne. Impossible de juger plus précisément de la fermeté du fessier et du jarret, tant il était emmitouflé de velours et fourrures. C'était donc ça, le Bourbon si peu informé du sort de ses gens? Le jouisseur du Parc-aux-cerfs, la marionette de la Pompadour, l'ennemi des Parlements?

Soudain, on me poussa violemment sur la droite. Un homme surgit de la foule, traversa la rangée de gardes et, dans l'incrédulité générale, se jeta sur le roi. Il lui porta un coup sec au torse, et fit immédiatement demi-tour.

Portant sa main au côté, Louis cria "On m'a donné un coup de poing!", avant de brandir une paume ensanglantée.

Des hurlements parcoururent la foule, qui se mit à courir dans tous les sens. L'inconnu avait fait volte-face et, profitant de la cohue, louvoyait dans ma direction. Sa lame renvoya un instant l'éclair d'une flamme. Elle était étonnamment petite, mais dégoulinait de sang. L'épée qui pendait à son côté n'avait pas quitté son fourreau.

Enfin remis de leur stupeur, les gardes se ruèrent vers le sicaire qui arrivait maintenant à ma hauteur.

- Voulant leur faciliter la tâche, je me jetai sur l'inconnu.  [Fragment 4]

- Sentant la menace imminente, je fis également demi-tour et couru en direction des jardins enneigés.  [Fragment 5]

Secret d'une Rouée [En Pause]Where stories live. Discover now