La groupie du pianiste

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Écrit le 2 décembre 2015, que l'on peut également retrouver sur Amour Sucré. J'ai été inspirée par la chanson éponyme de Michel Berger dont j'ai repris les paroles, elles sont en italique.



Elle n'a jamais su jouer convenablement cette sonate. Du moins, pas le troisième mouvement. Il essayait de lui apprendre, mais elle n'y arrivait pas. Il retournait alors vaquer à ses occupations. Il chantait de sa voix rauque. Une voix grave et caverneuse qui était si belle. Rauque. Une musique en particulier, dont les paroles étaient tellement blessantes qu'elle se demandait s'il ne l'interprétait pas exprès. La fan de Michel Berger n'aimait pas cette musique.

La musique s'est déclenchée toute seule dans sa tête. Elle hait ces paroles dans lesquelles elle se retrouve si bien et cet air qu'elle aime tant. L'instrument noir est devant elle. Elle ne veut pas de cette musique.




Elle passe ses nuits sans dormir


Elle s'approche silencieusement du piano, l'effleure du bout des doigts. Doucement, le regard lourd de sens, elle commence à jouer.


A gâcher son bel avenir


Il est une heure du matin, elle n'a pas eu un sommeil reposant depuis des jours. Mélancolique, elle joue doucement le Premier mouvement de la sonate au clair de lune. Elle est toujours debout.


La groupie du pianiste


Elle s'installe silencieusement, elle effleure à peine les touches du bout de ses doigts, si délicatement qu'on dirait qu'elle ne joue pas.


Dieu, que cette fille a l'air triste, amoureuse d'un égoïste


Elle pense, elle n'a pas le temps de pleurer. Ses mains dansent au-dessus des touches, elle joue comme un automate. Elle est concentrée, elle sait où placer ses mains. Elle s'applique, comme si elle ne voulait pas l'abîmer. Comme si c'était l'âme de cet homme dans son instrument.


La groupie du pianiste


Elle joue sa sonate doucement.


Elle fout toute sa vie en l'air


Elle achève la première partie. Elle l'a entièrement jouée mécaniquement, comme si les notes la berçaient, l'habitaient. Pourtant, Dieu seul sait si elle les entendait.



Et toute sa vie, c'est pas grand-chose



Elle commence la deuxième partie. Elle l'a aimé si fort. Elle se rappelle des moments qu'elle a passé à essayer d'attirer son attention. Elle se souvient des situations cocasses dans lesquelles elle s'est retrouvée pour l'impressionner.

Gainsbourg et cæteraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant