Écrit le 10 mai 2016. J'ai été inspirée par l'album L'histoire de Melody Nelson, écrit par Serge Gainsbourg, plus particulièrement par la Ballade de Melody dont j'ai repris les paroles, elles sont en italique.
Ça, c'est l'histoire de Melody Nelson
Qu'à part moi-même personne
N'a jamais pris dans ses bras
Ça vous étonne
Mais c'est comme ça
Ça, c'était faux. Oh, bien sûr, j'aurais rêvé la toucher, la Melody. J'en rêvais toujours, d'ailleurs. Mais, douce ironie de la ballade, le destin est joueur et les mains de l'écrivain se baladent bien souvent loin de ce que l'on aurait souhaité. Je n'ai jamais pu la toucher. Je ne la toucherais pas.
Elle avait de l'amour
Pauvre Melody Nelson
Ouais, elle en avait des tonnes
Mais ses jours étaient comptés
Quatorze automnes
Et quinze étés
Et seize balais après ça. Seize balais, et un cœur gros comme ça. De l'amour, elle en avait, du haut de son mètre soixante. Oh ça, oui, elle en avait de l'amour. Un mètre soixante, c'est petit, ça peut pas contenir beaucoup d'amour. Sinon, ça explose. Elle le dit bien, la mélodie, elle était bien naïve, la Melody.
Un petit animal
Que cette Melody Nelson
Une adorable garçonne
Et si délicieuse enfant
Que je n'ai con-
Nue qu'un instant.
Pourtant, elle était attachante, la Melody. Et puis elle était belle. On est jolie, ou à la rigueur mignonne à cet âge-là. Mais elle, elle était belle. Des cheveux roux et des yeux bleus, elle était naturelle, elle le dit, la mélodie. Et la nature, comme tout ce qui est beau, c'est éphémère.
Oh ! Ma Melody
Ma Melody Nelson
Aimable petite conne
Tu étais la condition
Sine qua non
De ma raison
Une petite conne. Ça, oui, elle le dit très bien, la mélodie. Elle était conne, Melody. Et pas très futée avec ça. Mais elle était gentille, par contre. Elle pensait aux autres, elle voulait vivre sa vie. Alors, parce qu'elle voulait être libre, elle m'appartenait un peu. Parce qu'elle voulait vivre, elle a dû mourir. Pas très futée, la Melody. Douce ironie. Je l'aimais bien, moi, la Melody. Elle me regardait derrière ses grands yeux bleus ; elle les avait rieurs.
Personne ne l'aimait, ma Melody. Elle ne s'aimait pas non plus, alors elle avait décidé d'aimer les autres. Adorable petite conne. Moi, je l'aimais. C'est pourquoi elle était à moi, d'ailleurs, parce que je l'aimais, Melody, et personne d'autre ne l'aimait. Elle m'aimait sans doute, elle aimait tout le monde, Melody. Elle n'avait pas le droit, d'ailleurs, d'en aimer plus qu'elle ne m'aimait. Si elle m'aimait, bien entendu. Et elle m'aimait forcément, ma Melody. Je l'aimais. Alors je l'ai gardée près de moi, elle était à moi. J'étais bien avec ma Melody. Elle était bien avec elle-même aussi. Puis, elle a commencé à me fuir, ma Melody. Oh, pas consciemment, non. Elle est trop gentille et naïve pour ça.
Elle s'est libérée, ma garçonne. Elle veut vivre, cette conne. Pauvre petite personne.
Elle rencontre d'autres gens, et puis elle s'en va. Chaînes oppressantes qui déchainez ma Melody et qui enchainez l'oppresseur. Oh, elle voulait être heureuse, pour sûr. Elle est bien naïve, ma Melody. Mais elle l'a cherché, le bonheur, parce qu'en plus d'être naïve, elle est conne. Moi je le lui ai dit, le bonheur, elle l'aura si elle reste avec moi. Elle n'a pas écouté. Elle m'abandonne. Elle a commencé à fêter son anniversaire, ma Melody, en pensant qu'un jour elle atteindrait le centenaire. Un seizième automne. Moi, je n'étais pas là. Elle ne l'atteindra pas, le centenaire, ma Melody. Demain, il pleuvra. Elle sera sous terre, et ce pour des millénaires, Melody.
Je l'aime encore, je l'affectionne. Mais jamais je ne pourrais lui reparler, elle m'empoisonne plus qu'elle ne me raisonne. Ça l'ennuie que je sois triste, je le vois bien, cette conne. Elle a du cœur, la garçonne. Et elle est conne. Si conne, si naïve, qu'elle pensait survivre en courant au crépuscule sur le bitume de Narbonne. Melody, elle n'a pas entendu le klaxon. Le sang a tâché l'herbe qui gazonne. Plus jamais on n'entendit la polissonne. Elle a voulu se libérer, ma garçonne. Elle a voulu vivre, cette conne. Pauvre Melody Nelson.
Je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette. La journée sera longue, demain.
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Gainsbourg et cætera
RandomPlutôt que pour publier des nouvelles, je me sers de ceci comme d'un recueil. J'y publierai quelques textes écrits par mes soins. Des OS et des écrits en tout genre. Je n'ai pas de style particulier. J'apprécierais, bien entendu, quelques commentair...