Résurrection

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J'entendis des sons autour de moi. Mais j'étais incapable de définir leur provenance. J'étais là, mais c'est comme si je n'y étais pas en même temps. L'ensemble de mon corps refusait de réagir. Impossible d'ouvrir les yeux - ne serait-ce que de quelques millimètres - et je ne pouvais non plus bouger mes membres. Mes pensées me semblaient alors anormalement calmes. Trop calmes. Un silence auquel je n'étais pas habituée jusqu'à présent. Ce qu'il s'était passé me revint alors en mémoire. Je suis au paradis ? Ou un truc dans le genre ? C'est obligé, je ne peux pas être en vie après une telle chute. J'avais tout préparé, tout calculé. En plus, tout est calme. C'est bien la preuve que ça a fonctionné ! N'arrivant toujours pas à me mouvoir je décidais donc de me laisser aller et de profiter de ce calme apparent - quelque peu suspect tout de même - pour m'enfoncer dans les bras de ce cher Morphée. Ce ne fût pas bien  dur puis-qu'à peine cette pensée m'effleura-t'elle que je me sentie déjà partir.





Le "bip-bip" retentissant qui provenait de ma gauche me fit me réveiller en sursaut. Cette fois , pas de soucis pour bouger. Je voyais d'ailleurs à présent tout clairement. Les murs blancs et immaculés. Les infirmières accourant vers moi. Mes parents affolés à côté de mon lit.  Mais cette fois il y avait encore un problème. La douleur aiguë envahissant mon cœur. J'avais l'impression qu'il allait imploser mais en se ratatinant sur lui même. S'en suivit un choc intense au moment où je vis un médecin se pencher au dessus de ma poitrine. Puis vinrent de nouveau les ténèbres.


                                                                                                      ⁂  


J'ouvris les yeux. J'avais toujours un sacré mal de crâne et une légère brûlure au niveau de la poitrine. Je n'avais pas envie de me réveiller. Je voulais continuer à sombrer. Mais j'avais soif. Si soif. Et cette envie prit le dessus, allez savoir pourquoi... Cela étant dit ma bouche ressemblait actuellement à un désert aride, et supporter ça le temps de finir de sombrer ça n'est pas vraiment l'idéal. Alors je fini d'ouvrir les yeux et tentais avec difficulté de me relever. Une main puissante mais protectrice se posa sur mon épaule et m'aida. Je tournais la tête et reconnu mon père. Il avait l'air épuisé mais arborait un sourire bienveillant.
"- Ta mère n'a pas dormi depuis des heures, me chuchota-t-il, tant que tu vas bien je préfère la laisser se reposer.
- Ça fait combien de temps que je suis là ? lui demandais-je en retour d'une voix faible et roque."
Je vis un verre d'eau posé sur une tablette à ma droite. Je l'attrapa d'une main mal assurée, mais avide et le vida goulûment. Mon père m'en resservi alors un deuxième que je pris plus de temps à avaler pour réellement me réhydrater.
"- Ça fait trois jours. Les médecins disent que tu as vraiment eu de la chance. Juste une cheville foulée et quelques côtes fissurées. Rien de grave. Mise à part la crise cardiaque que tu as eu quand...
- Oui je m'en souviens. Pas mon meilleur moment en somme.
- Comme le fait que tu t'en sois tirée à si bon compte, ils ne comprennent pas la provenance de cette attaque. J'ai cru te perdre une deuxième fois à ce moment...
- Je suis désolée ... , dis-je d'une voix emplie de larmes.
- Chuuut... profitons pour le moment. Nous en rediscuterons plus tard. Pour l'instant repose toi et continu de boire, je vais appeler un médecin pour qu'il s'assure que tout va bien. Et... bon retour parmi nous, me lança-t-il avec un regard et un sourire que je ne lui connaissais pas.

J'entendis un frottement de tissu sur ma gauche.

- Aerin ? Tu es réveillée ?
- Bonjour maman.
Elle se jeta sur mon lit et m'enlaça tendrement.
- Oh Aerin..j'ai eu si peur !! Oh mon dieu je suis si contente que tu ailles bien ! Ne me refais plus jamais peur comme ça.
Je sentais une de ses larmes couler sur mon épaule nue.  Un malaise m'envahissait soudainement.
- Ma chérie laisse la tranquille, elle se remet tout juste !
- Oui désolée, réponds dit-elle à mon père avant de s'écarter pour déposer un baiser sur ma joue.
Je lançais donc un "merci" silencieux à mon sauveur.

Après quelques minutes de discutions et une vérification de l'interne en charge de mon cas, je me rendormis sans trop de difficultés.

Le voile de la folie //PAUSE\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant